Burkina : « Tenter une dernière intervention » pour sauver une justice « malade » (Me Kam)

| 20.02.2015
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Burkina : « Tenter une dernière intervention » pour sauver une justice « malade » (Me Kam)
© DR / Autre Presse
Burkina : « Tenter une dernière intervention » pour sauver une justice « malade » (Me Kam)
Ouagadougou, 20 fév.2015 - La justice burkinabè est «malade» et les Etats généraux de mars prochain constitueront «une dernière intervention» pour tenter de la sauver, a déclaré mardi au cours d'un panel Me. Hervé Kam, avocat et membre très actif de la société civile au Burkina Faso.


La justice burkinabè rime avec « inaccessibilité, lenteur, partialité, corruption.... », a énuméré mardi Me Hervé Kam, au cours d'un panel préparatoire des Etats généraux de la justice (24 au 27 mars 2015).

« Les magistrats (burkinabè) sont avant tout des agents publics qui veulent poursuivre leur carrière (...) et sont sous la menace de sanctions», a-t-il poursuivi, dénonçant par ailleurs que des magistrats descendent dans l'arène politique, en dépit de l'interdiction des textes.

Pour ce membre fondateur du « Balai Citoyen », un mouvement de la jeunesse, fer de lance des journées insurrectionnelles, bien que le Burkina Faso ai mis fin au dualisme juridique en supprimant le droit coutumier, il fort est de constater que le droit burkinabè est assis sur « deux sièges » : un pluralisme juridique et un droit endogène.

L'indépendance de la justice qui s'entend comme une garantie fondamentale de l'attribut du corps judicaire où le juge ne doit pas « se laisser influencer », est très controversée, a-t-il également dénoncé.

Le Burkina Faso, pays sahélien de plus de 17 millions d'habitants d'Afrique de l'Ouest a connu une insurrection populaire fin octobre qui a évincé le régime vieux de 27 années de Blaise Compaoré.

Des symboles de l'Etat, tels que l'assemblée nationale, la télévision publique et le palais de justice de Bobo-Dioulasso, deuxième plus grande ville du pays ont été vandalisés et incendiés.

Ces actes constituent « une invite à toutes les composantes de la société à procéder à une analyse critique afin d'engager un dialogue entre les acteurs pour une justice équitable » a dit la ministre de la justice, Joséphine Ouédraogo.

Pour le président du conseil national des organisations de la société civile burkinabè, Jonas Hien, « l'injustice, l'impunité et le manque de confiance entre les justiciables et la justice » ont été les raisons du soulèvement populaire au Burkina Faso.

Le président de la transition, Michel Kafando, à l'occasion de lu 54ème anniversaire de l'indépendance du pays en mi-décembre dernier avait déclaré que le gouvernement lancera des Etats généraux de la justice pour répondre aux préoccupations des citoyens.

Faiblesse du ratio magistrat/justiciable

Il avait aussi promis l'ouverture et la poursuite de certains dossiers pendants tels que l'assassinat de Norbert Zongo, journaliste d'investigation retrouvé mort calciné en 1998 alors qu'il enquêtait sur la mort suspecte du chauffeur de François Compaoré, frère cadet de l'ex-président.

Le président intérimaire avait aussi envisagé l'exhumation du corps de Thomas Sankara, mort dans un coup d'Etat qui portât Blaise Compaoré au pouvoir en octobre 1987, afin de restituer les causes exactes de sa disparition.

Selon Mme Ouédraogo, c'est dans cette optique que le gouvernement de la transition a décidé de poser la question des Etats généraux de la justice pour restituer les responsabilités.

En plus des difficultés soulevées, les spécialistes du droit ont relevé la faiblesse du ratio magistrat/justiciable.

Me Kam a dénombré un magistrat pour 42 mille à 48 mille habitants contre une moyenne recommandée d'un magistrat pour 10 mille habitants.

Il a aussi déploré qu'en plus de la faible spécialisation des magistrats, que le pays ne compte que deux cours d'appel et 26 tribunaux de grande instance sur ses 274 000 km2 de superficie.

« Le nombre de (nouveaux) magistrats au Burkina Faso est de 30 en moyenne par an. Mais ce quota n'est pas respecté chaque année » a noté Me. Halidou Ouédraogo, président d'honneur du mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples (MDHP) et l'un des doyens des avocats burkinabè avec plus de 30 années d'expérience.

Agence d'information du Burkina
ndt/taa

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