Comme signifié la veille, c'est par les auditions des témoins que la première audience a été suspendue pour reprendre ce vendredi 19 juin 2015. Dès l'entame du procès, c'est Emile Somda, premier président de la Cour d'appel de Ouagadougou, qui annonce les couleurs. «Nous avons saisi l'occasion de la suspension d'hier pour examiner des pièces à conviction entrant dans le cadre de cette affaire pour ouvrir la voie à la manifestation de la vérité», a-t-il-signifié.
Des gorges chaudes
Pour ce faire, la requête du conseil de l'accusé notamment celle relative à la présentation des cantines à l'audience est jugée recevable par le parquet, et ordre est donné dans ce sens. Guiro est appelé à la barre, pour réagir aux questions qui sortiront de la découverte des enveloppes enfouies dans les cantines. Il lui est demandé d'apporter des détails sur les circonstances des enveloppes. Il faut noter que sur quelques-unes d'elles, des noms de donateurs y figurent. Les plus remarquables sont celles portant l'inscription Watam SA, OBOUF sur lesquelles il est marqué 5 millions. Le collectif des avocats s'y oppose. Rien n'oblige notre client à répondre à ces questions car cela ne figure aucunement dans le rapport d'accusation.
Pris de cours, la défense demande une suspension de 15 minutes pour se concerter. De retour au prétoire, Me Salembéré, qui avait insisté la veille pour que les cantines soient présentées à l'audience, estime que les enveloppes ne devraient pas être exhibées lors de cette audience. Il crie à une atteinte aux principes de justice et à un vice de procédure. La polémique enfle. Le ton monte entre les acteurs. Pour calmer le jeu, une nouvelle suspension est accordée. Du reste la reprise prévue pour 13 heures n'aura pas lieu.
Les avocats de la défense, attendus pour cette reprise, ne se présenteront pas. Le parquet les fait appeler. Ils marquent leur refus de reprendre l'audience et entreprennent de déposer un recours auprès du Bâtonnier.
Retour au calme
C'est finalement autour de 14 heures, soit une heure plus tard, que les choses reprendront. A cette nouvelle reprise, les choses rentrent dans l'ordre. Guiro revient à la barre, et des questions lui sont posées. Une fois de plus, l'homme, qui apparaît plus tendu qu'au premier jour, refuse de répondre aux questions. «Je ne me souviens pas. Reconnaissez que les faits remontent à plus d'une décennie. Aussi, je ne saurai vous apporter ces précisions» rétorque-t-il.
L'agent judiciaire du Trésor prend le relais. Aviez-vous l'intention de créer une banque en amassant toute cette fortune? Guiro est hors de ses gonds. «Je ne répondrai pas à cette question. Vous êtes trop petit pour me la poser», ajoute-il, amère. Il est aussitôt rappelé à l'ordre par le Procureur général de la cour.
A noter qu'au cours de cette deuxième journée, c'est un homme perturbé qui est venu à la barre pour être soumis aux questions du parquet. A en croire, le juge Somda, la dernière journée de cette audience sera consacrée à l'examen des pièces à conviction, à l'interrogatoire des parties pour leur plaidoiries, mais surtout au réquisitoire du parquet qui mettra fin à ce procès.
W. DAVY