Débutée à 9 heures, c’est une audience à huis-clos à laquelle seuls étaient invités les familles des victimes, les ayants-droit et les parties civiles. Organisée dans le secret de l’instruction, cette audience durera plus de trois heures. Ainsi, il a fallu attendre 13 heures et quart pour voir les premiers avocats et parents de victimes quitter le tribunal militaire pour regagner leurs domiciles respectifs. Pour soulager la longue attente de la meute de journalistes ayant fait le pied de grue, les langues hésitent à se délier. Aucun parent de victime ne se prêtera aux questions de ces derniers. «Il n’y a pas grand-chose à dire pour l’instant», lancent–ils à leur sortie. Pour sa part, Me Banitou Somé, avocat de la partie civile, dira qu’il s’agissait pour le juge d’instruction de remettre le rapport à toutes les parties afin qu’elles soient au même niveau d’information sur les résultats de l’autopsie réalisée en mai dernier. «Franchement, je n’ai absolument rien à ajouter, il nous faut respecter le secret de l’instruction», a-t-il mentionné avant de s’engouffrer dans son véhicule tout en ôtant sa toge.
Me Sankara se lâche
C’est véritablement, Maître Bénéwendé Sankara, avocat de la famille de feu le capitaine Thomas Sankara, qui se mettra volontiers à la disposition de la presse. «Ce matin, nous avons reçu des mains du juge deux rapports. Il s’agit du rapport d’autopsie et celui d’expertise balistique. Ce qui manque à présent, c’est le rapport du test ADN, pour la simple raison que les résultats ne sont pas encore prêts», explique-t-il d’un air détendu.
Selon les confidences de l’avocat, pour ce qui concerne les deux rapports déjà disponibles, l’autopsie et l’expertise balistique, il s’agit d’un document volumineux dont les différentes parties ont pris connaissance avec la plus grande attention. A en croire l’avocat de la famille Sankara, les deux rapports ont conclu que les «assassinats perpétrés le 15 octobre 1987, sont d’origine criminelle, et les balistiques ont prouvé qu’il s’agissait principalement d’armes à feu.» A titre d’illustration, il ajoute que des projectiles ont été trouvés et cela prouve que les orifices qui ont été remarqués l’ont été par des balles qui ont été tirées à partir de kalachnikov, de G3, mais aussi des pistolets automatiques, sur les restes des victimes expertisées.
En attendant le rapport d’ADN
Alors que le rapport d’examen d’ADN n’est toujours pas disponible, il serait hasardeux, selon Me Sankara, de dire qu’il s’agit bien des restes du Président Thomas Sankara. L’espoir est permis pour celui qui, depuis 18 ans, tient ce dossier. «Disons qu’avec ce qui a déjà été présenté, beaucoup d’éléments concourent à dire qu’il pourrait bien s’agir des restes du Capitaine Sankara, mais il faut attendre les résultats des tests ADN pour certifier», confie-t-il.
Des personnes inculpées
Selon Me Sankara, ils sont neuf à être inculpés dans cette affaire. Tous membres de l’ex-RSP. Ce sont, entre autres, les soldats Wampasba Nacoulma, Nabonswendé Ouédraogo, Bancé, Bambara, Traoré, mais aussi le médecin Guiébré inculpé pour faux en écriture publique. D’ores et déjà, ils sont quatre à avoir été déférés à la Maison d’arrêt et de correction de l’armée. A cette audience, quelques inculpés étaient assistés de leur avocat.
La suite de la procédure donne quinze jours à toutes les parties pour faire des observations et, dans le cas échéant, de demander une contre-expertise en attendant le rapport des tests d’ADN.
W. DAVY
