«15 jours après les attaques terroristes qui ont endeuillé la nation burkinabè et plusieurs pays amis, il était de notre devoir d’avoir une rencontre avec la presse afin de tenir l’opinion nationale informée sur le déroulé de la procédure.» C’est en ces termes que le procureur a planté le décor de cette conférence.
De la genèse des faits
Le vendredi 15 janvier 2016, autour de 19 heures 30 minutes, un commando de trois jeunes individus de sexe masculin parvenu à hauteur de l’avenue Kwame Nkrumah a pris d’assaut le café-restaurant Cappuccino. Armés de fusils automatiques d’assaut de type AKS, munis de grenades défensives et de combustibles dont la nature reste à déterminer, les trois assaillants ont ouvert le feu sur les clients du café, causant la mort de 29 personnes, provoqué des explosions à la grenade et mis le feu au restaurant ainsi qu’aux véhicules stationnés à l’extérieur.
Par la suite, les trois assaillants ont occupé le Splendid hôtel d’où ils ont poursuivi leurs actes de terreur en ôtant la vie à un citoyen, blessé par balles des clients, incendié des véhicules supplémentaires, causé des dégâts importants au sein de l’hôtel et retenu une centaine de personnes. Du Splendid, les terroristes ont migré vers l’hôtel Yibi sans faire de victimes supplémentaires.
Acculés par les tirs des Forces spéciales burkinabè et françaises, soutenues par un appui aérien des Américains, les trois terroristes ont fini par s’abriter au sein du maquis «Taxi Brousse», d’où l’Unité spéciale d’intervention de la Gendarmerie nationale du Burkina viendra à bout d’eux dans un face-à-face nourrit de tirs intenses.
Bilan
Le bilan de l’attaque terroriste se résume ainsi qu’il suit: trente (30) morts tous identifiés, trois (3) assaillants tués, soixante-onze blessés signalés et identifiés, cent soixante-seize (176) otages libérés, vingt-deux (22) véhicules consumés, vingt-quatre (24) motos consumées, dix-huit (18) véhicules endommagés par des impacts de balles, le café-restaurant Cappuccino consumé par les flammes, le hall d’entrée du Splendid partiellement détruit, des fenêtres et des portes abimées, le maquis «Taxi Brousse» criblé de balles, des portes et des fenêtres de Yibi hôtel abimées.
De l’enquête
A ce jour, l’enquête a conduit à huit (8) arrestations. Selon le procurer Maïza Sérémé, sept (7) de ces personnes interpellées ont été «élargies» tandis qu’une, de nationalité burkinabè, est toujours en garde-à-vue. Sur ce dernier cas, le Capitaine Yumandia Lompo précise que tout porte à croire qu’il y a un lien avec le commando composée de deux individus présentant des traits sahéliens et d’un de teint noir présentant des traits soudanais.
Selon le procureur du Faso, le matériel employé pour l’attaque rapproche l’enquête de la filière djihadiste auteur de l’attaque du Radison Blu à Bamako. «Toute chose qui laisse penser que le lien entre les trois assaillants et le groupe Al-Mourabitoune de Moktar BelMoktar est possible», a ajouté le procureur.
Pour ce qui est de Adal Roubheid, candidat à la présidentielle au Niger, également interpelé aux premières heures de l’enquête, Maïza Sérémé, confie qu’il a été relâché pour insuffisance de preuve.
De la gestion des corps
Pour l’heure, plusieurs corps ont été remis aux familles pour les nationaux et rapatriés dans les différents pays d’origine pour les victimes étrangères. «Nous tenons à expliquer qu’en dehors de l’humanitaire américain James Redering dont le corps a été inhumé à Yako dans le Passoré avec la permission de la famille, tous les corps ont été rapatriés. Au moment où je vous parle, il n’y a que les victimes ukrainiennes qui sont toujours en attente d’être rapatriées. Mais, on m’a confirmé que ce sera chose faite aujourd’hui même», explique Madame Sérémé.
Le procureur du Faso, Maïza Sérémé, lance un appel à témoinsAppel à témoins
Afin d’aider à l’identification d’hôtes, de complices ou de facilitateurs éventuels depuis la planification jusqu’à l’exécution de l’attaque terroriste, Maïza Sérémé a saisi l’occasion pour réitérer son appel à témoins lancé le 20 janvier dernier. Pour ce faire, elle invite tout citoyen désireux d’apporter son témoignage à se présenter dans l’une des Brigade de la gendarmerie de la ville de Ouagadougou.
W. DAVY