Ce mardi, le public était encore nombreux au TGI de Ouagadougou pour assister aux audiences. Seulement, ils vont vite déchanter puisque le spectre des attentats y plane toujours. Après une brève apparition, les juges ont suspendu les audiences sans autre précision. Quelques minutes plus tard, un avocat revient dans la salle et annonce à l’assistance et aux prévenus, qu’à la demande du parquet, les audiences sont temporairement suspendues pour, dit-il, renforcer la sécurité au tour du palais. « Si l’on trouve une solution d’ici là, on va reprendre, mais dans le cas contraire, on sera obligé de reporter les audiences. Mais en attendant, restez ! », précise-t-il.
A partir de cet instant, l’atmosphère change dans la salle, l’inquiétude s’empare presque tous les visages... « Qu’est-ce qu’on nous cache ? », se demande certains qui ne peuvent s’empêcher de voir défiler dans leurs têtes les événements dramatiques de ces derniers temps. Soudain, le téléphone d’un Garde de Sécurité Pénitentiaire (GSP) sonne bruyamment. Tous les regards sont tournés sur celui-ci. « Peut-être qu’il a reçu l’ordre de nous évacuer », murmure une dame. Mais ce ne pas de cela qu’il s’agit, du moins pour le moment.
L’attente est longue (...), l’inquiétude grandissante et seuls quelques-uns s’adonnent à des commentaires. Pour détendre l’atmosphère un autre GSP s’entretient avec un monsieur en ces termes : « les terroristes n’ont plus de barbe maintenant, ce sont des choco choco », ce qui ne manque pas d’arracher le sourire même chez les plus apeurés.
Après plus d’une heure et demie, les agents chargés d’assurer la sécurité évacuent la salle. Une nouvelle fouille recommence. Dans la longue file de rang, pendant que certains se plaignent, un monsieur dans un français approximatif apprécie la fouille. « C’est ce qui est bien avec nous les Burkinabè. Comment on peut voir quelqu’un prier avec une arme, sans alerter la police et attendre qu’il commette l’irréparable. C’est être têtu ». Vous l’aurez compris, notre ami est très remonté contre ceux qui ont témoigné avoir côtoyé les terroristes à la mosquée avant qu’ils n’attaquent le Café-resto Capuccino et l’Hôtel Splendid.
L’irresponsabilité des Burkinabè indexée...
Notre interlocuteur ne décolère pas contre ce qu’il appelle l’irresponsabilité de ses concitoyens. « Dans ce pays, on a interdit l’utilisation des pétards, mais des gens en ont acheté pour leurs gosses. Un homme à qui on avait demandé pourquoi il a achète des pétards pour son enfant nous a répondu qu’il n’avait pas de maison en case chez lui », raconte-t-il, et un autre d’enchainer, « justement quand des gens ont entendu les premiers tirs au Capuccino, ils se disaient que ce sont des pétards ». Et la conversation s’arrête là, puisque c’est à notre tour de se faire fouiller par les agents.
Après cette fouille, la sérénité semble revenir et les juges rejoignent la salle. Mais ce ne sera pas pour longtemps. Après avoir lu le délibéré d’un procès, le tribunal renvoient les autres dossiers à des dates ultérieures.
Max Junior