La commémoration du 16ème anniversaire du drame de Sapouy a été marquée par un dépôt de gerbe de fleurs sur les tombes de Norbert Zongo, de ses compagnons et aussi des martyrs des 30 et 31 octobre derniers au cimetière de Gounghin. Et aussi une marche à travers quelques artères de la capitale suivie d'un meeting à la place de la Révolution. Elle a été organisée par le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) et la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l'impunité et pour les libertés (CCVC). La 16ème célébration s'est tenue dans un contexte particulier. A la place de la Révolution, le meeting a été rehaussé par la présence du Premier ministre, le Lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida, quatre membres du gouvernement et le président du Conseil national de la transition, Chérif Sy. Les 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabè, à travers toutes ses composantes sociales s'est insurgé contre le pouvoir de la IVème République, a contraint le président Blaise Compaoré à démissionner et à l'exil. Pour le président du Collectif, Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP, ce mouvement insurrectionnel, qui résonne comme un résultat du sursaut patriotique salvateur consécutif au drame de Sapouy, fait renaître au sein des démocrates d'ici et d'ailleurs, l'espoir d'un changement en matière de gouvernance et de démocratie. Pour les militants et sympathisants du pays réel, c'est l'espoir enfin, de voir étanchée, cette insatiable soif de justice, une soif immense qui les a conduit dans la rue au cours de ces 15 dernières années.
Plate-forme pour un outil de veille citoyenne
Le Collectif et la Coalition contre la vie chère ont jugé nécessaire et pertinent d'actualiser la plate-forme d'actions du Collectif pour en faire un outil de veille citoyenne et de lutte contre l'impunité et pour les démocraties. Il s'agit pour les martyrs de l'insurrection populaire, vérité et justice et accord de statut de pupilles de la Nation aux enfants des martyrs et blessés handicapés à vie. Pour les libertés et démocraties, dissolution du RSP, instauration des candidatures indépendantes, démantèlement des bases militaires étrangères installées au Burkina Faso et la reconnaissance de l'insurrection populaire comme mode de contestation et de lutte du peuple. Contre l'impunité des crimes de sang, la réouverture du dossier Norbert Zongo, l'identification et jugement des commanditaires et auteurs des insurgés des 30 et 31 octobre derniers, jugement et sanctions de tous les commanditaires et auteurs de crimes de sang. Et enfin, contre l'impunité des crimes économiques et la corruption, ouverture de procédures judiciaires sur tous les dossiers de crimes économiques, identification et saisie des biens détournés par les dignitaires de l'ancien régime et audit sur l'accaparement abusif des terres rurales. Cette plate-forme a été transmise au gouvernement de la transition afin de voir jaillir la vérité et la justice sur les crimes restés jusque-là impunis. Pour sa part, le gouvernement promet de faire de son mieux pour satisfaire ces doléances.
A Bobo-Dioulasso
C'est à travers une marche suivie d'un meeting à la Bourse de travail que le Collectif des syndicats autonomes du Burkina a commémoré le samedi 13 décembre à Bobo-Dioulasso, le 16ème anniversaire de l'assassinat de Norbert Zongo.Une foule immense avec des responsables syndicaux ont sillonné des artères de la ville avant de remettre une déclaration au gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Joseph Bakouan.
Seize ans jours pour jours, que Nobert Zongo, journaliste d'investigation et directeur de Publication du journal l'Indépendant, est assassiné sans qu'une lumière soit faite sur ce crime. A Bobo-Dioulasso en ce jour commémoratif, ce sont des centaines de manifestants qui ont une fois de plus réclamé «Vérité et justice» au travers d'une marche-meeting. A en croire Drissa Touré l'un des responsables du Collectif, l'objectif de cette marche n'est plus qu'un secret de polichinelle. Il s'agit, a-t-il dit, de réclamer justice sur l'assassinat du journaliste d'investigation et ses compagnons. Pour certains représentants syndicaux, la lutte ne doit pas être vaine. Il est vrai que, ont-ils laissé entendre, le régime Compaoré est déchu, mais il faut rester vigilant. Cette commémoration a été également une aubaine pour les manifestants d'étendre leurs revendications à tous les crimes de sang et économiques qui sont jusque-là restés impunis. Pour ce qui est des crimes de sang, les manifestants citent Thomas Sankara, Dabo Boukary, David Ouédraogo, Flavien Nebié, etc. Quant aux crimes économiques, ils concernent selon eux, les pillages opérés au niveau des sociétés d'Etat, les détournements, les lotissements... Justice, selon Drissa Touré, doit être enfin faite. De la Bourse du travail, en passant par le quartier Koko pour le gouvernorat, les manifestants ont remis la déclaration au gouverneur qui a promis de la remettre à qui de droit.
Jules TIENDREBEOGO
Bassératou KINDO