La famille de Bernadette Tiendrébéogo n'en peut plus d'attendre. Elle a exprimé son ras-le-bol, son exaspération, le 30 juillet 2013 au cours d'une rencontre qu'elle a organisée avec les hommes de médias, en présence d'amis, connaissances ainsi que des voisins du quartier. Selon le frère de la défunte, Jean François Tiendrébéogo, la famille ne dispose, à ce jour, d'aucune information pour donner à tous ceux soucieux du sort de leur dossier. Et quand elle approche les autorités, ces dernières lui disent de patienter et d'attendre leur coup de fil, un coup de fil qui risque, selon lui, de ne jamais voir le jour. Selon lui, toutes ses démarches auprès des autorités compétentes (état-major, présidence du Faso) n'ont porté aucun fruit et d'ajouter que c'est comme si ces dernières se moquaient de sa famille qui ne demande que justice soit rendue à sa fille avec le jugement de l'incriminé. Il a dit être confronté à un véritable mur de silence car, des gens à qui le dossier a été confié, refusent de décrocher ses appels.« Dès les premiers moments de l'affaire, le ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation (MATS), Jérôme Bougouma, accompagné du haut-commissaire du KadiogoHalidou Ouédraogo, se sont entretenus avec notre père et ont promis que justice sera rendue à notre soeur. Le ministre a dit de prendre le numéro de téléphone du haut-commissaire pour qu'on puisse se contacter et que c'est ce dernier qui va suivre le dossier. Au début, il décrochait mes appels mais depuis un bon bout de temps, il ne décroche plus. C'est comme s'ils étaient venus pour nous flatter et repartir », a-t-il dit.Selon toujours Jean François Tiendrébéogo, c'est le même scénario à la Justice où on lui dit d'attendre qu'on l'appelle.« Mais ils vont nous appeler quel jour ? C'est ce que nous voulons savoir. Car, au moment de l'affaire, le Procureur avait dit que cela ne dépasserait pas un mois, mais nous sommes bientôt dans le 5e mois, sans aucune information », a-t-il martelé.
De la radiation du caporal
Pour Jean FrançoisTiendrébéogo, la radiation du caporal n'est rien car, il aurait reçu des informations selon lesquelles le jugement du coupable pourrait prendre du temps, un ou 2 voire 3 ans parce qu'ayant été radié du corps. Il a aussi regretté le comportement de la ministre de la Promotion de la femme et du genre qui, bien qu'étant à quelques mètres de leur domicile (NDLR : il y a la Maison de la femme), n'a pasdaigné d'y faire un tour rien que pour leur apporter sa compassion.
Le représentant des jeunes du quartier, François Guiré, donne un ultimatum de deux semaines afin que justice soit rendue sinon, les jeunes, les femmes et les vieux sortiront pour manifester et cela même au péril de leur vie. « Nous sommes prêts à mourir, à suivre notre sœur là où elle se trouve que de rester sans justice », a-t-il dit. Selon lui, pour une affaire d'assassinat, le jugement ne devrait pas excéder trois mois et rien ne prouve que le caporal en question se trouve à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). A son avis, le plus souvent, lorsqu'on arrête et qu'on présente les criminels, ils sont menottés, en culotte. Mais, pour le cas du caporal, « il tenait non seulement une bouteille d'eau minérale, n'était pas menotté et se sentait à l'aise comme s'il était chez lui ». François Guiré et ses compagnons disent lutter pour qu'il y ait justice, rien que la justice. Même son de cloche du côté des vieux et des femmes qui demandent le dénouement rapide de cette affaire.
Joint au téléphone dans la soirée, le haut-commissaire Halidou Ouédraogo, a déclaré que le dossier étant en justice, l'administration ne peut pas s'en mêler. « Je ne peux pas aller bousculer la justice, je n'ai aucun pouvoir pour l'influencer », a-t-il dit. Il a aussi souligné avoir communiqué deux fois avec le frère de la défunte et s'il arrivait des moments où il ne décrochait pas les appels de la famille, cela peut être dû à ses occupations. Halidou Ouédraogo demande donc à la famille Tiendrébéogo de patienter.
Colette DRABO