18è anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons : le MBDHP souhaite un dénouement, courant l’année 2017

| 11.12.2016
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Chrysogone Zougmoré - Président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP)
© DR / Autre Presse
Chrysogone Zougmoré - Président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP)
Le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) a organisé un panel ce samedi 10 décembre 2016 à Ouagadougou. Cette activité s’inscrit dans le cadre des journées commémoratives de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses compagnons, et qui replacent au cœur des préoccupations la question de la justice au Burkina Faso, selon le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré.


« Adéquation du système judiciaire en rapport avec les aspirations du peuple et quelle justice pour le peuple burkinabè », c’est sous ce thème que se tient le présent panel. Le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré, explique que le Burkina vit depuis un certain temps un désamour entre le peuple et sa justice.

Selon lui, la préoccupation est de savoir si c’est le peuple qui exagère, ou si c’est la justice qui n’est pas à la hauteur des attentes du peuple. Donc, il est nécessaire de choisir des figures emblématiques du monde judicaire, dont, entre autres, Me Prosper Farama, et le magistrat Moriba Traoré, pour traiter de la question de la justice, afin de permettre aux participants d’échanger en profondeur sur cette question centrale.

Au terme de ces discussions, le MBDHP souhaite que des axes qui puissent permettent aux acteurs de la justice de faire un effort soient dégagés, et que la justice et les autorités du Burkina puissent entendre le cri de cœur de la population.

Chrysogone Zougmoré déplore cependant le fait que la justice attende chaque fois que le 13 décembre s’approche pour faire semblant de s’occuper des dossiers dits pendants, quand on sait qu’il y a des éléments pertinents qui permettent l’avancement de certains, comme ceux du putsch, au lieu d’annoncer un différé du traitement de ces dossiers.
« Je souhaite que dans le courant de l’année 2017, nous puisions avoir un dénouement de l’ensemble de ces questions à travers un jugement », martèle-il.

La justice est-elle encore possible ?

Au cours de ce panel, Me Prosper Farama et le magistrat Moriba Traoré ont livré de brillants exposés sur la question de la justice au Burkina Faso. Le premier cité évoque la question de la légitimité du pouvoir judiciaire. Pour lui, tout pouvoir émane du peuple. Il propose de ce fait une élection totale ou partielle des juges. Il suggère également le contrôle du système judiciaire, car tous les pouvoirs rendent compte au peuple, et, il faut que la justice s’inscrive également dans cette logique.

Il laisse également entendre que le Droit dont hérite le Burkina Faso est celui de la colonisation, ce qui n’est pas adapté aux aspirations du peuple burkinabè. Cependant, il souligne que le Burkina Faso devrait se pencher sur des axes de réflexion pour résoudre la question judiciaire. Il s’agit, selon lui, de la décolonisation de la justice, la participation populaire à l’œuvre de justice et la popularisation de la justice.

Le juge Moriba Traoré, quant à lui, a exposé sur le thème « La justice est-elle possible ? ». Il déclare que celle-ci est possible, vu l’évolution des choses, dictée par le changement de contexte au Burkina Faso. « J’observe les choses de l’intérieur et je sens la douleur qui est celle de nombreux acteurs de la justice, d’avoir à trainer ce passif et se faire constamment interpeller. Aussi au regard de la détermination de nombreux collègues chargés de certains dossiers pendants, je pense que l’espoir est permis », rassure-t-il.

Contrairement à ce que pense Me Prosper Farama, le juge Moriba Traoré affirme que ce qui préoccupe la population, c’est moins le mode de désignation des juges que le bon accomplissement de leurs missions.

Emilienne Kaboré

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