Hier 15 octobre 2014, le président du Faso, Blaise Compaoré, a fêté les 27 années d'accession au pouvoir. Arrivé au pouvoir après le coup d'Etat militaire sanglant qui a coûté la vie au président Sankara et à 12 de ses camarades, il n'a jamais pu dire au peuple burkinabè qui a tué et comment son prédécesseur. En octobre 2007, le président Compaoré et ses partisans avaient poussé le cynisme, en fêtant l'accession au pouvoir sous l'appellation «20 ans de renaissance démocratique au Burkina» pendant que les sankaristes commémoraient les 20ème anniversaire du décès du président Thomas Sankara.
Les seules initiatives en faveur de la lumière sur l'assassinat du président Sankara ont été la condamnation du comité des droits de l'homme des Nations unies en 2006. Deux après, soit le 28 août 2008, Prince Johnson, un ancien seigneur de la guerre au Liberia, a témoigné devant 500 personnes, dans le cadre de la Commission vérité et réconciliation mise en place en novembre 2005. Il a affirmé que le président Sankara a été assassiné par des éléments de Charles Taylor dont lui-même. «Taylor ne s'est pas évadé de prison. Il a été libéré (par les Américains) dans le but de venir au Liberia pour nous aider à nous défaire d'un régime dictatorial» a-t-il affirmé. Taylor est venu au Burkina Faso pour la formation de ses hommes. «Quand nous avons été là-bas (au Burkina Faso), on nous a dit que nous serions arrêtés si nous ne coopérions pas pour renverser Sankara parce qu'il était opposé à notre plan (pour renverser Samuel Doe). On nous a demandé de rejoindre une unité spéciale des armées burkinabè pour le destituer. C'est comme ça que Thomas Sankara a été renversé». Charles Taylor a effectivement séjourné au Burkina et a reçu du soutien du Burkina dans la guerre civile au Libéria.
Sur l'acte de décès du président Sankara, la cause de la mort serait naturelle.
Le président Sankara a prôné la santé et l'éducation gratuite pour tous. Il a engagé une lutte contre la désertification. Il a valorisé le savoir-faire et la culture burkinabè. Le président Sankara a tenté d'instaurer la bonne gouvernance. Si l'on observe les dérives liées à la corruption, la fraude, le népotisme, l'enrichissement illicite, les détournements, les pots de vins, les surfacturations, on est en droit de penser qu'il a été assassiné pour instaurer la mal gouvernance dans ce pays.
Adoua Kassiro
