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Journée continue au Burkina: pourvu que le service aussi continue, et bien!

| 10.09.2015
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Bassolma Bazié, Secrétaire Général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B)
© DR / Autre Presse
Bassolma Bazié, Secrétaire Général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B)
Longtemps périodiquement expérimentée lors d’événements comme le SIAO, le FESPACO, la SNC ou les veilles de certaines fêtes légales, les journées continues deviendront continues dans l’administration publique sur toute l’étendue du territoire burkinabè à partir du 15 septembre 2015. Une décision gouvernementale diversement accueillie par les travailleurs concernés, les uns voyant en elle une occasion de réduire le nombre de déplacements et son corollaire de dépenses salées et de fatigue difficile à évacuer. D’autres, par contre, pensent que la pratique n’est pas adaptée à la continuité en ce sens qu’elle ne concerne que l’administration publique, ce qui pourrait créer un déphasage avec le privé et les activités scolaires.


Bassolma Bazié, président du mois des Centrales syndicales, a rappelé la nécessité pour le gouvernement de la Transition d’œuvrer à la satisfaction des préoccupations des travailleurs

Les acteurs du secteur privé qui travaillent avec le public, ou encore les parents d’élèves qui doivent aller chercher leurs enfants et rentrer à la maison pour qu’ils se reposent avant de les ramener à 15h à l’école devront trouver d’autres parades. Car, la pause de 30mn qui serait accordée à midi est très insuffisante pour faire ces courses.

D’autres critiques du système de journée continue viennent des syndicats qui le rejettent d’abord par principe, estimant que le gouvernement ne leur a pas accordé de temps pour examiner le projet et faire des observations ou propositions. Les partenaires sociaux accusent le pouvoir exécutif de leur avoir juste notifié son intention d’adopter le texte, sans attendre d’eux une quelconque participation. Ils trouvent par conséquent que les conditions ne sont pas réunies pour appliquer la journée continue de façon continue au Pays des Hommes intègres. Il ne serait donc pas exclu que, dans les jours ou mois à venir, des mots d’ordre de boycott soient lancés.

Au-delà de toutes ces considérations individuelles et corporatistes, qui peuvent plus ou moins trouver des réponses allant dans le sens de l’intérêt de toutes les parties y compris l’Etat, se pose celle de la continuité du service lui-même. Car, les avantages de la journée continue tels que présentés par le gouvernement n’auront de sens que si cela n’affecte pas négativement les prestations rendues par les fonctionnaires. L’économie d’énergie, le développement du secteur tertiaire et celui des travailleurs du public eux-mêmes doivent venir comme un bonus à une amélioration du service rendu. Ce service ne doit connaître aucune rupture entre 7h et 15h30, et l’Inspection générale des services de chaque ministère ou institution doit particulièrement y veiller.

Sinon, nombre de fonctionnaires profiteront de la pause de midi pour filer à l’anglaise. Tout comme ils le font d’ailleurs avec l’actuel système, profitant de la décente de midi trente pour rentrer et ne plus revenir, prétextant chaque fois d’une raison sociale ou en tout cas en apparence valable. Il faut donc ouvrir l’œil et le bon et durcir le ton si nécessaire. Et il faut voir plus loin que la simple assiduité ou l’unique ponctualité des travailleurs, pour chercher à savoir si leur rendement effectif ne subira pas de régression.

Les journée continues circonstancielles qu’ils ont connues jusque-là s’arrêtaient à 14H, soient seulement 1h30 de plus après 12h30. Est-ce qu’en ajoutant à cette durée 1h30, contre seulement 30 mn de pause pas très réalistes, le travailleur ne sera pas épuisé et ne produira pas au ralenti?

Ce sont autant d’interrogations auxquelles il faut tenter de répondre sincèrement pour juger le plus tôt possible de l’opportunité ou non de la mesure.

JPS

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