« Je n’ai pas tué Norbert » Adama Sagnon ancien procureur ex-ministre de la culture et du tourisme

| 26.11.2014
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« Je n’ai pas tué Norbert » Adama Sagnon ancien procureur ex-ministre de la culture et du tourisme
© DR / Autre Presse
« Je n’ai pas tué Norbert » Adama Sagnon ancien procureur ex-ministre de la culture et du tourisme
Après avoir rendu sa démission suite à des mouvements de mécontentement au ministère de la culture et du tourisme, Adama Sagnon a accordé une interview sur radio Oméga dans laquelle, il confie d'avoir pas été obligé à démissionner et soutient n'avoir pas tué Norbert Zongo. L'interview a été réalisée par Albert Nagréogo.


R.O : Adama Sagnon bonsoir

A.S : bonsoir

R.O : 24 heures après les artistes demandent votre démission, comment êtes-vous arrivé à prendre cette décision.

A.S : Lorsque vous êtes nommé chef d'un département ministériel, et le jour du premier conseil de ministre vous apprenez que vos prochains collaborateurs manifestent contre votre nomination, je crois qu'il faut prendre ça au sérieux. Et c'est ç a qui m'a amené à aller dans le sens. Je me suis aussi rendu compte que nous voulons une transition apaisée, le peuple burkinabè a beaucoup souffert ces derniers temps donc il ne faudrait pas en rajouter déjà à la douleur endurée par notre peuple. J'ai mis le peuple aux centres de mes préoccupations et je me suis dit qu'il faut vraiment prendre la ressource humaine comme un capital très crucial.

R.O : est-ce que vous avez été libre de démissionner ou vous avez été contraint par vos proches ou par vos collaborateurs ?

A.S : j'ai agi de plein gré. Je vous assure que j'ai muri ça. Je pensais vraiment que si les gens ont observé un mécontentement ça veut dire qu'il y a un problème. J'ai essayé de mon côté aussi d'appréhender des éléments, pourquoi il y avait ces mécontentements-là ? Je suis me suis rendu compte en réalité qu'ils ne voulaient pas d'un corps étranger au sein du ministère de la culture et du tourisme. Ils voulaient quelqu'un issu du monde de la culture. Moi étant magistrat je me suis dit peut-être que je ne suis pas la personne indiquée pour diriger ce département.

R.O : vous avez dirigé le Bureau burkinabè des droits d'auteurs sans accros majeurs, comment expliquez-vous cette désapprobation à la tête du ministère ?

A.S : vous savez, les gens comprennent mal. D'abord le droit d'auteur est très complexe. Même les juristes ne comprennent pas beaucoup les droits d'auteurs à fortiori les usagers. Les gens pensent que les droits d'auteurs c'est un salaire alors que c'est par rapport l'exploitation de vos œuvres qu'on vous sert vos droits d'auteurs. Y a quelqu'un qui a une œuvre qui est depuis 10 ans et il pense qu'au début de son œuvre, je prends le cas d'une œuvre musicale, au début il percevait peut être 3.000.000 de F CFA, mais par la suite il ne fait pas de nouvelles œuvres. Bien entendu les exploitations ne sont pas les mêmes et bien entendu les droits d'auteurs vont baisser. Ils ne comprennent pas, ils pensent que c'est un salaire pour lui. Ça doit être statique. Il doit avoir le même montant, l'année dernière j'ai eu tant et devait avoir le même montant. Je pense qu'il y a tous ces éléments qui rentrent en compte.

R.O : comment vous vous sentez quand l'affaire Norbert Zongo refait surface dans ces manifestations comme quoi vous avez géré ce dossier où vous avez prononcé le non-lieu?

A.S : sincèrement c'est un prétexte. C'est un prétexte savamment orchestré par certains juristes qui connaissent bien les rouages de la procédure pénale et qui le font exprès pour distiller de fausses informations. Ils savaient bien que le procureur ne prononce pas de non-lieu. C'est un dossier d'instruction avant tout et c'est le juge d'instruction qui prononce un non-lieu. Le procureur lui prend des requissions, lesquelles réquisitions ne lient même pas le juge d'instruction. J'ai été juge d'instruction, j'ai été procureur, donc je connais de quoi je parle. C'est le juge d'instruction qui a prononcé un non-lieu contre laquelle ordonnance de non-lieu a eu appel donc au niveau du juge d'instruction il y a deux faits différents. Ca va à la chambre d'accusation. C'est la chambre d'accusation qui a pris un arrêt confirmatif de l'ordonnance du juge d'instruction. Donc on est dans un état supérieur. On doit plus parler du procureur, du juge d'instruction mais on doit parler de la chambre d'accusation et éventuellement du procureur général qui a pris d'autres réquisitions. Je ne sais pas pourquoi on ramène tout sur moi qui est un simple procureur. Au-dessus de moi y a le procureur général et en plus il y a la chambre d'accusation qui forment une collégialité parce que il y a le président et il y a deux autres conseillers qui forment la chambre d'accusation et qui ont pris un arrêt qui pourrait infirmer l'ordonnance du juge mais qui l'ont confirmé. Ils ne sont pas allés au-dessus, il pouvait aller en cassation je ne sais pas pourquoi ils ne l'ont pas fait.

R.O : on vous soupçonne d'être proche et d'être un promotionnaire du premier ministre Zida, alors qu'en est-il exactement ?

A.S : j'ai fait l'école militaire avec le colonel Zida. C'est vrai, je ne nie pas, nous sommes des grands amis. Mais je ne sais pas ce que ça veut dire, je crois que c'est par rapport à mes compétences qu'il a fait appel à moi. Sinon je n'étais pas le seul à avoir fait la même classe que lui. Moi j'ai commencé l'école militaire à Bingerville en Côte d'ivoire, après le BEPC, on m'a orienté dans une filière mécanique, j'ai demandé à venir à l'école de cadet de la révolution. Je suis venu continuer l'actualisation en seconde, j'ai fait la même classe que Zida, en première, on a fait la même classe. On est allé en terminal, on a fermé l'école sous le président Sankara qui a fermé l'école pendant qu'on était en vacance. On est proche certes mais je n'étais pas le seul dans la classe, on était une cinquantaine. Quand on me dit qu'on est proche, je n'étais pas le seul. D'ailleurs lui il est de la promotion 1978, moi je suis de la promotion 1979.

R.O : est-ce que vous est prêt à répondre à l'appel du gouvernement pour d'autres fonctions ?

A.S : bien entendu, je ne veux pas que les gens comprennent que le dossier Norbert soit un boulet à mes pieds. Il faut que les gens le comprennent. Je n'ai pas tué Norbert. C'était vraiment un grand journaliste paix à son âme ainsi que ces compagnons d'infortune. Je n'ai pas aimé ce qui leur ait arrivé. Vous savez bien que ce qui est arrivé est puni de la peine de mort parce qu'y a eu utilisation d'explosifs, c'est inhumain ce qui s'est passé. Il ne faudrait pas qu'on pense que nous sommes complices dans la procédure. C'est ce que je veux faire savoir aux gens. J'ai agi de très bonne foi et je suis prêt à ce qu'il y ait un débat ouvert et qu'il y ait un œil extérieur des juges européens.

R.O : Merci

A.S : Merci bien.

Retranscription : Bienvenue Apiou

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