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Interview : Prêts aux femmes entrepreneurs « Ce ne sont pas des mesures politiques mais sociales » selon Rasmané Ouédraogo, directeur régional de la Promotion de la femme et du genre des Hauts Bassins

| 12.07.2014
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Interview : Prêts aux femmes entrepreneurs  « Ce ne sont pas des mesures politiques mais sociales » selon Rasmané Ouédraogo, directeur régional de la Promotion de la femme et du genre des Hauts Bassins
© DR / Autre Presse
Interview : Prêts aux femmes entrepreneurs « Ce ne sont pas des mesures politiques mais sociales » selon Rasmané Ouédraogo, directeur régional de la Promotion de la femme et du genre des Hauts Bassins
A l'occasion du 8 mars 2014, qui a abrité le 4ème Forum des femmes à Banfora, avec pour thème «  Entreprenariat féminin, problématiques de financement des activités économiques des femmes  », la gente féminine a soumis ses doléances au président Blaise COMPAORE afin d'obtenir des prêts pour booster leurs entreprises. Quelques jours après, et lors d'un conseil des Ministres extraordinaires, les doléances ont été satisfaites. Une opération de prêt a été lancée pour toutes les femmes qui remplissent les conditions requises. L'octroi de ce prêt vient d'être bouclé.L'Hebdo du Burkina s'est entretenu avec le directeur régional de la Promotion de la Femme et du Genre des Hauts-Bassins, Rasmané OUEDRAOGO sur l'opération qui vient de se dérouler.

L'Hebdo du Burkina : Pouvez- vous nous faire le bilan de l'opération du crédit octroyé aux femmes par le Gouvernement burkinabè  ?

Rasmané OUEDRAOGO : Je vous remercie tout d'abord pour cet entretien qui va nous permettre de faire le point sur ce que nous avons pu engrangé jusque là. Depuis l'opération, nous avons multiplié les informations, les démarches et nous avons pu engranger un certain nombre de fiches pour toute la région. C'est pour vous dire qu'au total en fiches individuelles, nous avons autour de deux mille quinze fiches pour l'ensemble des femmes de la région.

Et en ce qui concerne les fiches de groupe, nous tournons autour de huit cents fiches pour l'ensemble des associations et groupements de la région des Hauts Bassins. Le mercredi 18 juin 2014, nous avons bien voulu faire le bilan avec l'ensemble des femmes de la région. Cela s'est déroulé à la Maison de la Femme où nous avions regroupé toutes les promotrices pour leur faire le point, leur donner les dernières conditions et leur fixer le délai.

Quelles sont les difficultés rencontrées au cours de ce travail  ?

Ce fut vraiment laborieux. Les difficultés, nous en avons eues. L'engouement a été tel que nous avons dû nous défoncer pour satisfaire le maximum de femmes. Aujourd'hui même si on donnait dix mille fiches pour le compte de la région des Hauts Bassins, nous aurons toujours des difficultés à satisfaire tout le monde.

Les femmes ont confondu deux choses. Elles ont confondu ce qu'on appelle activités génératrices de revenus (AGR) et l'entreprenariat. Il fallait donc lever tout équivoque.

Au moment du départ avant même que nous distribuions les fiches, nous avons convoqué une assemblée générale à la Maison de la Femme, située à Lafiabougou, au secteur 21 de Bobo Dioulasso qui a connu la participation de 622 femmes. Nous leur avons dit qu'il s'agit de l'entreprenariat féminin et non des activités génératrices de revenus. C'est deux choses différentes.

En ce qui concerne le secteur informel, les femmes pouvaient aller à la direction régionale de l'Industrie du Commerce et de l'Artisanat des Hauts Bassins où il y a un guichet aussi qui peut les recevoir pour le compte du secteur informel.

Au niveau de la promotion de la femme et du genre ici il s'agit de l'activité de l'entreprenariat. Mais lorsqu'une femme se présente à nous, elle dit qu'elle veut faire une activité de l'entreprenariat, elle développe un projet dans ce sens. Sur quelle base allez-vous dire que ce n'est pas vrai  ? Seule la commission et le Fonds peuvent départager les unes et les autres.

C'est ainsi que nous n'avons pas attribué les fiches au hasard. Nous avons privilégié celles qui se sont présentées à nous. Autres difficultés majeures, les femmes pensaient que dès lors qu'elles déposaient le dossier, automatiquement elles étaient bénéficiaires. Il était de notre devoir absolu de les rassembler à la maison de la Femme, le mercredi 18 juin 2014 et de leur dire clairement  ; ce n'est pas parce que vous avez déposé votre dossier que vous serez bénéficiaire, mais c'est un ensemble de conditions qu'il faut remplir.

Ce sont des critères, que seul le Fonds burkinabè de développement économique et social a le secret. Et si vous méritez, vous allez en être bénéficiaire mais si vous ne méritez pas, soyez sûres, vous n'en bénéficiez pas.

Maintenant, il y a des mesures alternatives qui ont été développées. Alors trois aspects ont été mis en place, le premier point, il y aura des dossiers rejetés, non retenus, tout simplement parce que ces femmes ne remplissent pas les conditions.

Le deuxième point, il y aura des dossiers éligibles, tout simplement parce que, ces intéressées ont les dossiers retenus, Le troisième point  : les dossiers non éligibles, ce qui veut dire que les dossiers ne sont pas mauvais, mais n'ont pas été retenus. . Dans ce genre de figure, les dossiers non éligibles seront reversés au FARF. En ce qui concerne le secteur informel, les dossiers seront reversés au FASI.

Le Gouvernement a pris l'engagement avec ces deux fonds afin que de l'argent puisse être mis à leur disposition à des taux préférentiels. Tout cela, nous leur avons dit.

En ce qui concerne la région des Hauts Bassins quel est le montant de l'enveloppe du crédit  ?

Il est vrai que l'enveloppe des cinq milliards a été repartie au prorata des régions. Tenant compte du poids économique de chaque région. En ce qui concerne la part qui revient à la région des Hauts Bassins, nous n'avons pas le montant exact pour le moment.

Quelles ont été les conditions d'accès au crédit  ?

Les conditions sont simples et se jouent sur deux tableaux. Il s'agit de prêt individuel et de prêt de groupe. Individuel cela veut dire que tu es promoteur d'un projet entreprenariat à nous présenter.

Tu déclines ton projet et tu dis le montant que tu veux  : le montant minimum est de deux millions et le montant maximum est de cinquante millions. Lorsque tu veux entre deux millions à moins de cinq millions tu n'es pas tenu de présenter ce qu'on appelle le registre de commerce. Maintenant lorsque vous êtes une promotrice et que vous voulez vous engager sur un fonds assez conséquent c'est-à-dire de cinq millions à cinquante millions vous êtes tenue de présenter le registre du commerce.

En ce qui concerne le prêt individuel  alors, lorsque vous êtes constituée en association, en fédération ou en groupement, vous pouvez prétendre à ce fonds. Vous déclinez votre projet, vous vous présentez à nous.

Pour ce prêt y a-t-il une garantie à fournir ?

On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de garantie, non. Le Gouvernement a voulu aider les femmes. Certains vraiment ne le savent pas. Il s'agit de mesures sociales. Lorsqu'on parle de social, il ne faut pas mettre trop de verrous.

Le Gouvernement consciencieux, soucieux de sa mission, a bien voulu mettre un fonds spécial de garantie pour les femmes. Il s'agit d'un fonds de cinq cent millions de francs CFA constitué comme fonds de garantie pour ce prêt pour soutenir l'ensemble des promotrices qui peuvent en être bénéficiaires.

Quel est le taux d'intérêt pour ce prêt  ?

Lorsque le prêt est entre deux millions à moins de cinq millions, le taux d'intérêt est de 4% remboursable en vingt quatre mois (2 années). Le remboursement peut être mensuel, trimestriel et semestriel selon la nature de votre garantie.

Maintenant, lorsque le prêt est de plus de cinq millions de francs CFA, le taux d'intérêt est 3% et le remboursement se fait en quarante huit mois. Le remboursement peut aussi se faire mensuellement, trimestriellement ou semestriellement selon la valeur de votre activité.

L'un dans l'autre, il s'agit vraiment d'un soutien, d'une aide. C'est du jamais vu au Burkina et même dans la sous région. Des prêts à un taux si bas, c'est du jamais vu. C'est la qu'il faut saluer la clairvoyance du gouvernement.

Avez-vous mené des enquêtes pour voir si l'argent ne va pas être détourné à d'autres fins  ?

Effectivement, en toute chose il y a des brebis galeuses, et des détracteurs. Je vais saisir l'opportunité pour vous dire que le message a été clair à l'endroit des femmes.

A travers cette opération le chef de l'Etat, Blaise COMPAORE, a voulu faire confiance comme d'habitude aux femmes. Nous au niveau déconcentré, nous nous alignons derrière ce principe, nous faisons confiance aux femmes. Elles sont venues librement. Les femmes sont déterminées, honnêtes, et moi je ne doute point de leur honnêteté. Je saisis l'occasion pour lancer un appel aux femmes.

Le 8 mars 2013, le thème était sur l'action entreprenariale des femmes, la problématique de financement. A Banfora, l'ensemble des femmes de la région ont défilé à travers leurs représentantes devant son excellence Monsieur le Président du Faso, pour exprimer le problème.

Quelques semaines après c'est-à-dire le 24 mars 2014, le Conseil des Ministres extraordinaire a pris cette décision. Cela veut donc dire que c'est le Chef de l'Etat en personne qui a décidé de soulager les femmes en voulant bien booster  l'activité entreprenariat des femmes. Ce ne sont pas des mesures politiques mais sociales.

Dans un Etat de droit tous les coups sont permis. D'autres camps en réalité se font une propagande et nous entendons parler. Alors, certaines femmes trop honnêtes viennent vers nous et nous posent la question et voilà ce que nous leur disons  : s'il vous plaît, vaillantes femmes de la région des Hauts Bassins, il s'agit d'un prêt pour vous soutenir.

Il s'agit d'une prise de conscience individuelle et collective. Lorsque vous avez conscience que la décision du Chef de l'Etat est de vous soutenir, parce que vous l'avez demandé, c'est réel ça va vous soutenir, vous sortir de vos misères.

Faites un examen de conscience écoutez ce que les autres disent mais soyez attentive à la réalité. Si vous êtes bénéficiaires allez travailler et prier Dieu pour engranger des bénéfices et revenez rembourser. N'en déplaisent à ceux qui pensent autrement. Sinon la réalité est là. Il y a des campagnes qui se mènent partout et tout se dit.

Il y a des brebis galeuses, mais il y a des honnêtes citoyens, et parmi ces honnêtes citoyens, moi je les recrute dans le groupe des femmes. Elles ont toujours été de bons payeurs de crédit, elles ont toujours eu honte. Vraiment la gente féminine, moi je leur fais confiance qu'elles vont venir rembourser, même si les hommes politiques leur demandent d'être malhonnêtes.

Vous avez quelque chose à ajouter  ?

Je voudrais saisir cette opportunité vraiment au nom des autorités, du Ministre de la Promotion et du Genre, au nom des femmes de la région des Hauts Bassins, dire MERCI au Gouvernement parce qu'il s'agit d'une mesure qui va aider la populationFélix OUEDRAOGO

Correspondant Bobo-Dioulasso

Par : L'Hebdomadaire du Burkina N°789 du 11 au 17 Juillet 2014

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