Insurrection populaire: la CCVC et le Collectif tirent les enseignements

| 08.12.2014
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Insurrection populaire: la CCVC et le Collectif tirent les enseignements
© DR / Autre Presse
Insurrection populaire: la CCVC et le Collectif tirent les enseignements
Le collectif des organisations démocratique de masse et de partis politique (CODMPP) et la Coalition contre la vie chère, l'impunité et pour les libertés (CCVC) ont conjointement organisé un grand panel ce samedi 6 décembre 2014 à Ouagadougou. Trois panelistes avaient la lourde tâche d'aborder chacun selon ses compétences trois sous-thèmes extraits du thème central: «insurrection populaire des 30 et 31 octobre et lutte contre l'impunité et pour les libertés». Ce sont Chrysogone Zougmoré, président de la CCVC, Gnanou Karfa, secrétaire général su SBM, et Me Prospère Farama du collectif des avocats des familles Sankara et Zongo. Pour modérer les échanges, Jean-Claude Meda était aux cotés des panélistes.

 

C'est Chrysogone Zougmoré, en sa qualité du président du Collectif qui sera le premier a abordé son thème dont l'intitulé est le suivant: «les acquis et l'impact de la lutte du collectif», au terme de la minute de silence observée en la mémoire des victimes de l'insurrection.

Après avoir revisité la situation politique du Burkina et les péripéties de la lutte contre l'impunité déclenchée il y a 16 ans, soit après le drame de Sapouy, le communicateur, lancera que l'insurrection populaire a été l'aboutissement et le point culminant de la révolte du peuple burkinabè contre le pouvoir de la 4e république.

L'injustice, le clientélisme, le népotisme, l'arrogance sont, aux yeux de Chrysogone Zougmoré, les facteurs déclencheurs de ce ras-le-bol généralisé contre un pouvoir en déphasage avec les aspirations de son peuple. A en croire le communicateur, trois enseignements sont à retenir des récents évènements. Il s'agit de reconnaître le rôle d'éveil de conscience joué par l'action du Collectif, l'émergence d'une opinion nationale capable de constituer un contre-pouvoir au régime politique et enfin l'aspiration au changement. Quant aux perspectives et prenant acte des discours et développements de l'actualité, il exige l'identification complète des victimes de l'insurrection, une enquête sérieuse pour déterminer les commanditaires et les exécutants des crimes, l'indemnisation des familles, la réouverture des dossiers Norbert Zongo, Thomas Sankara, Boukary Dabo, la mise aux arrêts de Blaise et François Compaoré, la dissolution du RSP, et le démantèlement des bases militaires étrangères.

A sa suite et abordant le deuxième sous-thème «place et rôle de la Justice dans la lutte contre l'impunité», Karfa Gnanou du SBM, a estimé, de prime abord, que la question ne devrait pas se poser, car il est du ressort de l'institution judiciaire issue d'un système démocratique, de se saisir de tout manquement à la loi. Selon lui, trois rôles essentiels sont assignés à la Justice à savoir, la poursuite, l'instruction et le jugement. Réagissant par rapport à l'actualité, le secrétaire général du SBM, soutient qu'il n'ai pas besoin de plainte pour ouvrir une enquête sur les tueries des 30 et 31 octobre, car il est de la compétence du procureur de se saisir de ces cas de crimes de sang et d'ouvrir une instruction. Face aux critiques qu'essuient la justice burkinabè, il ajoute que c'est la récurrence des dossiers pendants qui est à l'origine de la crise de confiance entre l'appareil judiciaire et les justiciables. Cela ne suffit pas, selon lui, à dire que rien n'est fait au niveau de la justice, car plusieurs actes d'état civil y sont produits. Comme perspectives, il ajoute qu'il devient indéniable de travailler et de lutter afin de bannir les maux qui la minent, car elle doit répondre aux aspirations du peuple en étant un maillon essentiel de toute société démocratique.

Pour clore le bal des communications, c'est Me Prospère Farama qui abordera le dernier sous-thème:«quelle suite pour les crimes impunis après l'insurrection?».

Dans un premier temps, il passera en revue les procédures judiciaires en matière pénale mais aussi, la nature des crimes enregistrés. Pour l'avocat, la notion de dossier pendant est née au Burkina Faso, du fait des nombreuses failles constatées dans le fonctionnement de notre justice. Ces limites sont selon lui d'ordres politiques, pratiques et juridiques. Comme alternatives aux maux qui entravent la justice et face aux immixtions politiques, Me Farama préconise deux voies: celle du fait du prince et la lutte. «Comme l'a dit le président Kafando, il y a le fait du prince, que je qualifie de solution peu sérieuse, mais ma conviction est faite que seule la mobilisation reste le moyen de pression le plus efficace, pour faire bouger les lignes a-t-il conclu, sous les applaudissements du public.

Le deuxième volet de ce panel, à savoir la phase des échanges et discussions, a essentiellement porté sur les attitudes adéquates à adopter pour un dénouement judiciaire des affaires pendantes et des nombreux crimes économiques commis sous l'ère Compaoré.

W. DAVY

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