"L'installation de la saison pluvieuse dépend des régions"
Pour Mme Bienvenue Judith Sanfo, ingénieure agro- météorologiste à la Direction générale de la météorologie (DGM), la saison pluvieuse s'installe au Burkina du Sud au Nord. « Normalement, à partir d'avril, nous avons déjà de la pluie au Sud et il arrive qu'on ait des pluies suffisamment bonnes pour permettre de faire des semis. Au Nord, il arrive que la saison ne commence qu'en début juillet et même souvent au cours de la deuxième décade (chaque décade fait 10 jours) du mois », a-t-elle déclaré. Mme Sanfo a signalé que la situation actuelle des stations météorologiques montre que l'installation de la saison pluvieuse n'est pas la même selon les zones. nous comparons la pluviométrie de cette année avec celle de la moyenne de la période 1980-2010, l'on se rend compte qu'il y a des stations météorologiques qui sont très déficitaires telles que Dédougou et Niangologho, a-t-elle souligné. Les stations comme Bérégadougou, Boromo, Bobo-Dioulasso, Gaoua, Ouagadougou sont dans des situations mitigées parce qu'elles sont un peu déficitaires mais il suffit de deux bonnes pluies pour que la situation se normalise. En outre, elle a précisé que des stations comme la vallée de Kou, Bogandé, Fada N'Gourma, Dori et Pô sont actuellement excédentaires. "Dans le Nord de Gorom-Gorom en remontant vers l'extrême Nord, la saison s'installe en juillet, pour dire que pour ces zones actuellement il n'est pas encore tard. Donc l'installation de la saison dépend vraiment des zones d'où l'on se trouve", a-t-elle insisté. Mme Sanfo a indiqué qu'une équipe de la météo était dans la zone de Banfora, Sindou et les paysans étaient un peu inquiets car d'habitude, ils semaient dès la première décade du mois de mai, mais cette année, en début juin, certains se préparaient toujours à semer. Dans la zone de Sindou, les paysans font habituellement trois fois le maïs au cours d'une saison, mais cette fois-ci, Mme Sanfo pense qu'ils pourront tout au plus faire deux fois le maïs si la pluviométrie s'installe correctement. Dans la région de Réo, Mme Sanfo témoigne qu'il existe deux situations. Ceux qui avaient semé tôt n'ont pas de problème, mais par contre ceux qui n'avaient pas encore semé ont des difficultés car les conditions pluviométriques jusqu'à présent ne permettent pas de semer. Toutefois, elle reste optimiste quant à la suite de la saison. Elle est certaine que si à partir de maintenant la saison s'installe de façon généralisée avec une pluviométrie régulière, la situation est rattrapable dans les régions déficitaires. « De toutes les façons, même quand la période est dépassée, il y a d'autres stratégies comme le choix de la variété de culture plus courte. Si au Nord du pays avec les 500mm en moyenne, on arrive à produire, cela veut dire que les autres régions qui reçoivent habituellement des moyennes de pluie élevées peuvent s'adapter en cas de déficit », a-t-elle suggéré. En tous les cas, elle table sur les prévisions optimistes des météorologues qui prévoient une pluviométrie supérieure à la normale au Burkina pour cette année 2013. "Même si nous ne maîtrisons pas la répartition spatio-temporelle de cette pluviométrie, je pense qu'il y a de l'espoir", a-t-elle conclu.
Raphaël KAFANDO