Incendies de véhicules suite aux accidents à Ouagadougou : Les raisons d’un phénomène nouveau qui inquiète

| 30.08.2013
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Incendies de véhicules suite aux accidents à  Ouagadougou : Les raisons d’un phénomène nouveau qui inquiète
© DR / Autre Presse
Incendies de véhicules suite aux accidents à Ouagadougou : Les raisons d’un phénomène nouveau qui inquiète
Le fait est très récurrent, pour ne pas dire qu'il prend des proportions inquiétantes. En effet, de plus en plus, à Ouagadougou, les populations sont promptes à saccager ou à incendier les véhicules après un accident. Pourquoi assiste-t-on ces derniers temps à de tels agissements ? Pour comprendre le phénomène, nous avons tendu notre micro à des citoyens de la ville de Ouagadougou dans la journée du 29 août 2013. Lisez plutôt.

 

Charles Benao, agent de communication

« C'est dû à l'impunité »

« Ceux qui se font justice eux-mêmes se fondent sur l'impunité. Lorsqu'il y a un accident, on ne peut juger d'abord, il faut qu'il y ait un constat. Cependant, on a remarqué que quand les gens arrivent, c'est pour saccager. Il y a d'abord l'aigreur. Lorsque tu es en voiture, les gens se disent que tu as mal circulé alors que l'accidenté peut avoir aussi mal circulé. Tout cela est dû à l'impunité au niveau de l'Etat. Des gens circulent, oubliant parfois qu'ils sont au volant d'une voiture. Et même les règles élémentaires de la circulation, telles les distances entre les engins, ne sont pas respectées. Il faut qu'on cultive la paix. Saccager une voiture n'est pas une bonne chose. »

Rock Golané, gestionnaire

« Ce sont des comportements qu'il faut punir »

« C'est de l'incivisme, ce sont des comportements qui ne tiennent vraiment pas la route. On ne peut pas se rendre justice soi-même. L'accidenté peut être coupable et l'auteur innocent. Je pense que c'est une forme d'incivisme qu'il faudra combattre. Les assurances ne couvrent pas ce genre de sinistres. Ce sont des comportements qu'il faut punir et il faut essayer de voir dans quelle mesure sensibiliser la population. »

Alassane Sanfo, président d'une association

« Il faut sensibiliser la jeunesse »

« Il y a des personnes qui, lorsqu'elles percutent quelqu'un, ne prennent même pas le soin de s'arrêter ; elles n'ont aucune compassion pour l'accidenté. Au contraire, elles accélèrent. Ce qui fait que lorsque les gens les rattrapent, ils incendient le véhicule. Et puis, si tu as le malheur d'avoir un accident tard dans la nuit, la personne t'abandonne à ton propre sort. C'est tellement fréquent que la population est présentement en colère et très remontée. Il faut sensibiliser ceux qui ont les véhicules afin qu'en cas d'accident, ils s'arrêtent et présentent leurs excuses parce que le Burkinabè comprend rapidement. Il faut sensibiliser surtout la jeunesse. »

Raïnatou Tall

« Il faut laisser la Justice faire son travail »

« Le fait d'incendier les véhicules n'est pas la meilleure solution ; Cela ne résout pas le problème. Lorsqu'il y a un accident, le plus important d'abord est d'assister l'accidenté et de laisser la Police faire son travail. Ce n'est vraiment pas bien de se rendre justice soi-même car cela peut engendrer encore d'autres problèmes. Il faut tout laisser entre les mains de la Justice. »

Zakaria Solga, ingénieur

« La population n'a plus confiance en sa justice »

« Le phénomène est recurrent au Burkina Faso et il va falloir trouver des solutions. Mais les causes se trouvent au niveau de la Justice. De la manière dont la justice est rendue dans notre pays, il résulte beaucoup de frustrations et d'impunités et quand au niveau du sommet, tous ceux qui commettent des forfaits sont protegés, cela ne peut qu'aboutir à ce qu'on constate en ce moment. »

Raïssa Ouédraogo, comptable

« Je trouve qu'il faut faire confiance à la Justice »

« Je trouve que la Justice est là pour regler ce genre de problèmes. Il faut toujours avoir confiance en la justice »

Amy Traoré, commerçante

« Je n'ai pas confiance en la Justice des Hommes »

« Vraiment, ce n'est pas une bonne idée. Je condamne l'acte, car j'estime que ceux qui s'adonnent à ce genre de pratiques manquent de maturité. Pourquoi s'en prendre aux vehicules ? Je préfère le dialogue afin de trouver une solution car je n'ai pas confiance en la Justice des Hommes. La vraie justice est celle qui émane de Dieu. »

Ouattara Mamadou, technicien du froid

« La normalité a foutu le camp »

« Dans les normes, quand il y a un accident, on fait appel à la police pour procéder au constat. Mais dans ce pays, la normalité a foutu le camp depuis belle lurette, ce qui amène la population à se faire justice elle-même. »

Colette DRABO et Seydou TRAORE

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