Moment de recueillement et de fortes émotions, la cérémonie officielle d’hommage aux victimes de l’attaque des djihadistes du 15 janvier 2016 a été ponctuée par des allocutions. Et aussi, marquée par des appellations par ordre alphabétique des noms et prénoms, par pays d’origine, l’observation d’une minute de silence accompagnée du retentissement synchronisé de la sirène, le passage des confessions religieuses pour des bénédictions et exhortations, et la sonnerie aux morts. En effet, le 15 janvier dernier à Ouagadougou, précisément à l’hôtel Splendid et au café Cappuccino, et près de Tin-Akoff, dans l’Oudalan, des attaques terroristes d’une ampleur inédite ont plongé le Burkina Faso et le monde entier dans la consternation. Au total, ces deux attaques terroristes auront fait 32 morts de 11 nationalités et 71 blessés. Pour le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, ces attaques n’ont autre but que de semer la terreur et la panique, et d’empêcher les efforts de développement du Burkina Faso, dans la paix, la démocratie et la stabilité. Et l’ampleur inégalée de ces actes criminels et aveugles, traduit la volonté d’imposer leur loi à notre peuple et de l’empêcher de construire son bonheur. Selon le chef de l’Etat, c’est mal connaître le peuple burkinabè qui n’a jamais marchandé son honneur depuis la nuit des temps et ne s’est jamais plié ni résigné devant ses ennemis. Et d’ajouter que face à ce nouveau défi, le peuple se mobilisera comme un seul homme pour opposer une défaite cinglante aux entreprises terroristes sur notre sol national. Pour les parents des victimes « Nos familles resteront fortes, unies et déterminées aux côtés des autorités pour faire face à l’adversité et à la volonté de déstabilisation, de ce beau et paisible pays qu’est le Burkina Faso ».
Lucidité et discernement dans le combat
C’est au prix du sacrifice suprême que le peuple burkinabè a chèrement arraché et défendu jusque-là ses acquis démocratiques, à travers notamment, l’insurrection populaire et la résistance populaire contre le putsch. « Avec la leçon de courage et de démocratie que notre peuple a montrée au monde entier, couronnée par le succès des élections du 29 novembre 2015, le peuple est plus que jamais debout pour défendre son honneur et sa dignité et pour faire respecter son indépendance et sa liberté contre toutes les forces rétrogrades qui tenteraient de lui imposer leur diktat », poursuit-il. Pendant que nous pleurons les morts des attaques, des soldats de l’ex-RSP ont attaqué le dépôt d’armes et de munitions de Yimdi, tandis que des individus non encore identifiés se livrent à des incendies dans les marchés et boutiques. C’est pourquoi, selon le président du Faso, le gouvernement fera preuve de fermeté vis-à-vis de ces sinistres individus sans foi ni loi. Il a invité par ailleurs les populations à se mobiliser, à s’organiser pour prêter mains fortes aux forces de défense et de sécurité et à dénoncer immédiatement toute personne ou attitude suspecte à la police et à la gendarmerie.
Que d’hommages post-mortem en si peu de temps !
Des victimes des attaques du 15 janvier 2016
Du crash d’Air Algérie en juillet 2014 aux attaques terroristes du 15 janvier 2016 en passant par les morts de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 et ceux du putsch manqué du 16 septembre, une fois de plus le Burkina Faso est en deuil. Que d’hommages en si peu de temps !
En effet, il faut convenir que ces temps-ci, le Burkina Faso pleur abondamment ses fils et ses amis tombés les uns pour la cause de la nation et pour les autres parce que les terroristes, les forces du mal en ont décidé ainsi. Jusqu’à quand cette situation va-t-elle prendre fin ? Dans tous les cas, comme l’a affirmé le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, les Burkinabè ne reculent devant rien et ils ne sont pas prêts à reculer. Une fois de plus, les Burkinabè vont résister et ils résisteront avec l’ensemble des filles et fils toutes tendances confondues réunies.
La Rédaction
Jules TIENDREBEOGO
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Témoignage de parents de victimes de l’attaque terroriste de Ouagadougou
« On a trouvé notre frère au niveau de la morgue de Yalgado calciné » Boureima Ouédraogo
L’émotion était au paroxysme chez les parents en ce jour d’hommage aux victimes de l’attaque terroriste du 15 janvier 2016 de Ouagadougou. Parmi les victimes se trouve, le petit frère de Mahamadi Ouédraogo, le chauffeur de la Franco-marocaine, Leila Alaoui, elle aussi décédée suite à cette attaque. Il raconte comment dans la famille Ouédraogo, ils ont traversé les premiers moments jusqu’à la découverte du corps de leur frère calciné.
Le vendredi 15 janvier 2016 dans la soirée, un appel téléphonique, nous faisait signe de voir si notre frère va bien parce que Leila Alaoui avait témoigné qu’ils avaient été victimes des tirs des terrorismes au niveau du café le Cappuccino. Donc nous avons essayé de joindre notre frère, au premier moment, son téléphone sonnait, mais le samedi dans la matinée son téléphone ne sonnait plus. Nous avons pris les journées de samedi et dimanche pour faire toutes les formations sanitaires, au niveau des urgences aussi sans voir notre frère. Nous avons pris notre courage à deux mains pour passer au niveau de la gendarmerie pour voir si on allait le trouver parmi les personnes interpellées. Malheureusement, nous ne l’avons pas retrouvé. On gardait toujours l’espoir qu’on allait le retrouver quelque part. Sans nouvelle, nous avons pris notre courage à deux mains pour sillonner maintenant les différentes morgues que ce soit Yalgado, Tengandogo (Blaise Compaoré), ou de la clinique Souka, nous avons fait les morgues de toutes ces formations sanitaires toujours sans nouvelle. Alors, c’est le dimanche dans la soirée aux environs de 20h, que nous avons fait un second passage au niveau de la morgue de l’hôpital Yalgado Ouédraogo on nous a informés qu’il y avait un corps à leur niveau, mais calciné. Et il n’y avait pas de pièce pour identifier cette personne. C’était un peu tard dans la nuit et comme la morgue était fermée et aussi quand nous avons pris les témoignages de Leila Alaoui avant son décès et aussi des médecins et le comportement de notre frère qui n’a jamais fermé, jamais quitté son domicile 24 heures ou 48 heures, donc l’hypothèse qui nous venait à l’idée est que le frère est resté dans cette attaque terroriste. On avait toujours un petit espoir pourquoi pas un miracle pour indiquer où se trouve notre frère. Mais malheureusement jusqu’à ce qu’on nous permette de faire l’identification où nous avons trouvé notre frère au niveau de la morgue de Yalgado calciné.
Mahamadi Ouédraogo a eu des contacts avec sa femme
Le même vendredi 15 janvier 2016, notre frère Mahamadi Ouédraogo a eu des contacts téléphoniques avec sa femme aux environs de 19 heures 13mn puisque le matin ils avaient effectué une mission à Ouahigouya lui et Leila Alaoui. Il a appelé sa femme pour l’informer qu’ils étaient en train de rentrer et que d’ici là il serait en famille. Dans la nuit du vendredi quand nous tentions de le joindre et ça sonnait, il ne décrochait pas, nous avons essayé de joindre sa femme qui nous a fait savoir que le frère a appelé aux environs de 21 heures or elle s’était trompée. Et elle nous avait donné 21 heures, nous avons espoir que si c’est 21 heures, le frère n’était pas tombé sur le champ. Mais le lendemain (samedi 16 janvier), nous avons envoyé un frère au domicile de mon frère Mahamadi Ouédraogo pour vérifier le téléphone de sa femme si réellement, il a appelé à 21 heures sans pourtant l’effrayer. Et quand on a été voir effectivement c’était à 19 heures 13 mn et non 21 heures comme elle avait dit. Quand on a su que l’heure d’appel était juste avant l’heure de l’attaque terroriste, alors là nous avons eu froid au dos parce que l’hypothèse que notre frère soit tombé après l’attaque terroriste était plus grande. Malheureusement l’hypothèse se confirmant avant quand on est allé voir les différents corps à la morgue », relate Boureima Ouédraogo frère de la victime Mahamadi Ouédraogo, chauffeur de la journaliste photographe Franco-marocaine, Leila Alaoui.
Firmin OUATTARA
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