Hommage aux martyrs de l’insurrection populaire : « Nous souhaitons que les photos des martyrs soient affichées à l’Assemblée nationale… », Bamore Bamouni, représentant des familles des martyrs

| 01.06.2015
Réagir
La cérémonie officielle d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a eu lieu ce samedi 30 mai 2015 à la Place Mémorial aux héros nationaux sise à Ouaga 2000. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© © Photo : Présidence
La cérémonie officielle d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a eu lieu ce samedi 30 mai 2015 à la Place Mémorial aux héros nationaux sise à Ouaga 2000. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Riche en couleurs et émotions, la cérémonie d'hommage aux martyrs de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre dernier a tenu toutes ses promesses au mémorial Ouaga 2000 devant une population fortement mobilisée. Marquée par des temps forts, elle a été présidée par Michel Kafando, président du Faso.


C'est en conseil des ministres en date du 14 avril 2015, que le gouvernement a décidé de retenir la journée du 30 mai pour organiser une cérémonie d'hommage aux martyrs de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre dernier. Présidée par le Président du Faso, Michel Kafando, devant un parterre de personnalités, de représentants des familles des martyrs, des partis politiques, organisations de la société civile, des forces de défense et de sécurité et une population fortement mobilisée, la cérémonie d'hommage a tenu toutes ses promesses. Elle a été marquée par des prestations musicales d'hommage, un cérémonial d'hommage, la décoration de 28 héros de la nation, fait à titre posthume chevalier de l'Ordre national et des allocutions. Aussi, la pose de la 1ère pierre de construction d'une stèle en souvenir de toutes les victimes et qui perpétuera pour toujours les noms et l'héroïcité des valeureux martyrs. Pour Bamore Bamouni, représentant des parents des victimes, les familles des martyrs ont vécu l'évènement de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 dans la douleur. « Au martyrs recevez l'hommage de la République, du peuple burkinabè et de ses amis. Nous marquons notre disponibilité à aller vers la réconciliation mais à deux conditions : d'abord la vérité et la justice et ensuite, le pardon sincère à l'endroit des familles des personnes décédées. Dans cette douloureuse épreuve, les familles des martyrs souhaitent que les photos des personnes décédées soient affichées à l'Assemblée nationale et qu'elles parlent à la conscience du législateur au moment de voter la loi. » Dans son discours, le président du Faso, Michel Kafando a rendu un vibrant hommage aux martyrs. « Gloire aux martyrs et au peuple burkinabè qui, dans ses différentes composantes a pris son destin en main en ces mémorables journées des 30 et 31 octobre 2014. Votre sacrifice n'aura pas été vain. Le Burkina ne vous oubliera jamais. Nous prenons l'engagement d'instituer une journée du souvenir qui vous sera désormais annuellement consacrée. L'Etat aussi poursuivra ses efforts afin de faire toute la lumière sur les conséquences de cette insurrection et justice sera rendue ».

Jules TIENDREBEOGO

__

Quelques impressions

Maître Bénewende Sankara

« Comme demandé, je pense que les photos des personnes disparues lors de l'insurrection seront apposées à l'Assemblée. A chaque fois qu'on vote une loi, on doit le faire en tenant compte de l'intérêt du peuple. Je pense que l'apposition de ces photos à l'Assemblée permettra de créer une mémoire collective et de garder au jour le jour le souvenir des disparus.

Nous saluons l'idée d'ériger une stèle en leur mémoire et de les élever au rang de héros. Mais je pense que ce qui reste à faire c'est que chaque Burkinabè puisse porter les martyrs dans sa conscience pour que ça soit désormais notre repère, notre guide dans les pas que nous faisons ensemble. Cela renforcera la cohésion sociale. Nous souhaitons que plus jamais la politique ne divise ».

Madame Karambiri, parent de victime

« Je pense que l'initiative d'organiser cette cérémonie pour honorer les disparus est bonne. Mais nous souhaitons que ça ne s'arrête pas là, nous souhaitons être accompagnés quotidiennement. Nous soutenir moralement, sera vraiment bien. Même si nous n'obtenons pas d'aide financière de la part des autorités, un accompagnement moral est très réconfortant pour nous, ça remonte le moral ».

Zéphirin Diabré

« Aucune cérémonie n'est assez suffisamment grandiose pour rappeler la mémoire de nos martyrs, et magnifier le rôle qu'ils ont joué lors de l'insurrection populaire. C'est un sacrifice suprême auquel ils ont consenti. Nous étions ensemble sur le champ de bataille, mais le destin a voulu que ça soit eux. Ils ont apporté quelque chose d'inestimable pour l'avenir de ce pays. Mais ce qui est plus important, est que justice soit faite. Je pense que comme le président du Faso a pris l'engagement, il prendra les dispositions nécessaires pour cela ».

Bamouni Paulin, porte-parole de l'association des familles de martyrs.

« La justice et la vérité, c'est ce que nous, parents de victimes souhaitons. La justice n'a pas pour objectif de se venger de quelqu'un. Rendre justice c'est d'abord un devoir moral, c'est une question d'éthique avant d'être une question de droit. Les parents de Martyrs ont pris l'engagement de pardonner à condition que justice et vérité soient faites. Il faut que les personnes qui ont posé ces actes puissent les reconnaître et qu'ils demandent pardon sincèrement ».

Propos recueillis par
Moussa SAREBA

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité