Haro sur les fossoyeurs de l’économie burkinabè !

| 12.09.2013
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Haro sur les fossoyeurs de l’économie burkinabè !
© DR / Autre Presse
Haro sur les fossoyeurs de l’économie burkinabè !
Un phénomène prend de jour en jour, de l'ampleur au Burkina Faso. Il s'agit de la mise en circulation de faux billets dans les villes et campagnes du pays. Sachant probablement qu'il est plus facile de détecter les billets contrefaits dans les grandes villes, comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, ces délinquants, sans vergogne et prêts à tout pour vivre au-dessus de leurs moyens, se rabattent sur les villages.

Selon ce qui nous revient, les faussaires choisissent comme cibles privilégiées, les populations des villages reculés qui ne disposent pas de détecteurs de faux billets pour écouler leur « marchandise » dans les petits marchés. Un de leurs procédés, à ce que les victimes rapportent, consiste à dissimuler, dans un lot de vrais billets, le ou les faux billets, pour effectuer des achats et ensuite s'évaporer dans la nature, dès que le forfait est commis. Et dans les petites localités du pays, ils font de nombreuses victimes.
L'on se souvient qu'en moins de deux semaines, la police de la ville de Koudougou, à une centaine de kilomètres de Ouagadougou, a mis aux arrêts, deux faussaires, qui faisaient « la belle vie », avec de faux billets, aux dépens d'honnêtes citoyens. Selon des témoignages, le phénomène se répand à d'autres régions du pays. Il revient que ces individus, ayant le goût de l'enrichissement facile et rapide, distillent des faux billets de banque, de petites comme de grosses coupures, dans les localités de Yako (Passoré), Djibo (Soum) et environnants.
Et comme d'habitude, ce sont des « malfrats » en provenance des grandes villes, débordant d'intelligence nocive, qui déversent ces faux billets de banque dans ces localités. Leur astuce est de camoufler ces billets sous les selles, les capots ou les compteurs de leurs motocyclettes, guettant l'opportunité pour arnaquer la population. Tout en saluant les efforts des autorités à mettre ces individus mal intentionnés hors d'état de nuire, il y a lieu de tirer la sonnette d'alarme. L'autorité compétente devra mette en œuvre des actions vigoureuses pour mettre fin, sinonil est dangereux de minimiser ce phénomène inquiétant et qui, inéluctablement, a des effets néfastes sur l'économie burkinabè.
Il est vrai qu'aucun pays au monde n'échappe au phénomène des faux billets, mais laisser la pratique prendre le dessus au Burkina Faso, c'est courir inéluctablement vers un suicide collectif. Le Pr Lambert Ngaladjo Bamba, économiste et maître de conférences, explique que la pratique est récurrent dans les pays comme l'Italie et la Yougoslavie. L'économiste précise que la fausse monnaie était utilisée pour des Etats en conflit comme moyen de guerre. Chaque belligérant essayait d'inonder le territoire de l'ennemi de faux billets. Une façon de l'asphyxier économiquement. « Staline disait que la meilleure façon de détruire l'économie d'un pays, c'est de vicier sa monnaie. Ce qui fait que très souvent, en période de conflit, certains pays utilisaient les fausses monnaies pour inonder le territoire du pays ennemi. Et ce phénomène a été constaté pendant la guerre mondiale pour vicier le fonctionnement de l'économie », explique le Pr Bamba.
Raison pour laquelle les autorités burkinabè doivent ouvrir l'œil, et le bon, pour combattre ces individus qui rament à contre courant, pour annihiler les efforts de l'Etat burkinabè pour bâtir une économie solide et saine. Il est vrai que les spécialistes soutiennent que le phénomène existe depuis le moyen âge, mais, déjà, à cette époque, des mesures drastiques étaient engagées contre les fossoyeurs de l'économie. Les faux monnayeurs subissaient des châtiments à la hauteur de leurs forfaits. « Au moyen âge, les fossoyeurs étaient punis de la façon la plus atroce. Quand on attrapait un faux monnayeur, la punition était sévère. Il était condamné à mort, on le plongeait dans de l'huile bouillante. C'était une façon de décourager tous ceux qui seraient tentés de s'adonner à cette pratique », révèle le Pr Lambert Ngaladjo Bamba.
Peut-être qu'il faut y songer pour ramener les uns et les autres à la raison au Burkina Faso. Ainsi, l'on hésiterait et réfléchirait par deux fois avant de s'aventurer sur le terrain de la contrefaçon et surtout de la mise en circulation des faux billets.

Ali TRAORE
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