Tu marches, je marche. Tu mobilises, je mobilise. Tu fermes, j'ouvre. C'est exactement ce à quoi correspond le comportement des cotonculteurs qui sont divisés sur la gestion faite de l'UNPCB par Karim Traoré. Depuis fin novembre 2014, les producteurs de coton du Burkina ne parlent plus le même langage. Et depuis, ils organisent des rencontres pour soit condamner soit pour défendre. Le dernier rebond de cette affaire est la fermeture et la réouverture du siège. En effet, fermé le mardi 13 janvier 2015 par des frondeurs, le siège de la faîtière a été rouvert le mercredi 14 du mois, peu après midi par le groupe qui soutient Karim Traoré. Venus des 28 provinces membres de l'UNPCB, les producteurs qui condamnent l'acte des frondeurs, disent être les vrais cotonculteurs. Aussi, ont-ils fait une déclaration pour réaffirmer leur soutien au président incriminé. Lue par Bakary Traoré, vice-président de l'UNPCB, provinciale du Houet, la déclaration stipule que, « Un vrai producteur peut-il fermer ses propres locaux empêchant ainsi les techniciens de travailler et de gérer les missions à eux confiées par eux-mêmes producteurs de coton ? Ce sont les mêmes qui, en 2011 ont arraché les cotonniers dans les champs de ceux qui voulaient produire le coton malgré leurs troubles. Nul doute que ces individus et ceux qui les accompagnent ne sont pas de réels producteurs. (...) Ils demandent un audit, nous n'en sommes pas opposés. Cependant, au point où nous en sommes, nous souhaitons que cet audit porte sur toute la période précédant le passage de l'OHADA. C'est-à-dire depuis la création de l'UNPCB en 1998. (...) Une fois de plus, nous demandons aux autorités de : n'écouter que les vrais représentants de producteurs que constitue l'assemblée générale de l'UNPCB comptant 81 membres mandatés par leur union provinciale... ». Dans la même déclaration, les pro-Karim Traoré disent qu'ils ne se laisseront pas intimider par les menaces du camp adverse. Leur déclaration a été consolidée par le président lui-même qui confie que la réaction du jour vient des producteurs eux-mêmes et non de la direction de l'UNPCB. Le point de presse qui a suivi cette déclaration, a donné l'occasion aux journalistes d'interpeller Karim Traoré sur les différentes pièces de comptabilité exhibées contre lui par l'autre camp. A ce propos, le président dit attendre du ministère de tutelle des cotonculteurs des copies desdites pièces afin de pouvoir apprécier. Car reconnaît-il, s'il s'avère que les pièces qui circulent sont valables, c'est sûr que sa comptabilité y est pour quelque chose. « Si des documents confidentiels se trouvent entre les mains de plusieurs personnes, c'est que ceux là qui sont chargés de les protéger n'ont pas joué leur rôle ». Malgré tout ce que le camp adverse brandit contre lui, Karim Traoré dit avoir la tête sur les épaules. Il dit ne rien se reprocher. « Quand on veut abattre le chat, on met dans sa gueule des plumes de poules pour ensuite l'accuser d'avoir attrapé une poule de la bassecour. Pour lui, tous ceux qui l'accusent de malversations ne sont pas pour le développement de la filière coton. Car dès le début de la crise, il a tenté de les rencontrer afin de trouver un terrain d'entente mais en vain. C'est pourquoi il souhaite que les autorités prennent leur responsabilité pour que la situation soit décantée. En attendant donc que la lumière soit faite, les producteurs de coton du Burkina sont divisés et il y a nécessité de remédier à la situation compte tenu de l'importance du coton dans le développement du Burkina Faso. Car à cette allure, la brouille au sein des cotonculteurs est loin d'être résolue, car chaque camp se dit être détenteur de la vérité. Une affaire à suivre donc.
Souro DAO