Les femmes de mon village

| 08.03.2014
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Les femmes de mon village
© DR / Autre Presse
Les femmes de mon village
L'idéal alambiqué du mouvement féministe Burkinabè, imprécise égalité des hommes et des femmes, rend compte de l'écart entre l'institutionnalisation et le niveau d'organisation sociale. Les femmes de mon village n'en sont pas encore là, elles cherchent à vivre dignement leur condition de femme. Faire-valoir politique et doléance élitiste, la parité est placage et duperie distante des légitimes préoccupations de l'univers de la majorité écrasante des femmes Burkinabè.
En milieu rural, le combat légitime pour l'émancipation des femmes rejoint le combat humaniste pour la dignité humaine. Les femmes de mon village font face à des difficultés qui entachent leur condition de mère et de citoyenne à part entière. Le mariage précoce, l'analphabétisme et l'inaccessibilité aux services publics constituent des obstacles majeurs à leur bien-être. Ces causes requièrent de l'engagement féministe une mobilisation forte en lieu et place d'un emportement mimé et insoutenable.

Confisqué et orienté par la bourgeoisie féminine, le mouvement féministe Burkinabè se braque exclusivement sur la situation des citadines reconverties en forces productives. Il peine à trouver écho dans le paysage sociopolitique Burkinabè en raison de son sectarisme élitiste. Beaucoup plus pressante, la libération des femmes de mon village passe par le renforcement de leur capacité d'affirmation et d'engagement.

Le marché du travail exige des femmes instruites et autonomes une plus grande disponibilité aux dépens du temps consacré au foyer. Contribuant considérablement aux revenus du ménage, la femme des villes se libère progressivement des parures clinquantes de reine du foyer. Un nouvel équilibre dans les rapports hommes-femmes s'édifie dans le décor familial, façonné par les exigences de la société de consommation.

Le recours aux employées de maison, appelées communément «bonnes », représente la recette africaine de la conciliation travail-famille. Pour la plupart, villageoises et corvéables à petits frais, elles font office de paratonnerre. Elles protègent, à tout le moins, l'égo des hommes, monarques déchus, de la foudre égalitariste.

Au service d'autres femmes et d'hommes potentiels rois du foyer, la condition avilissante que vivent les « bonnes », interpelle raisonnablement le féminisme Burkinabè. C'est à la seule condition de sa mobilisation pour une telle cause que les femmes de mon village lui manifesteront intérêt et gratitude.

Waltako

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