Journée Internationale de la femme au Burkina : quand le pagne du 8 Mars s’acquiert dans une pression sociale

| 07.03.2014
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Journée Internationale de la femme au Burkina : quand le pagne du 8 Mars s’acquiert dans une pression sociale
© DR / Autre Presse
Journée Internationale de la femme au Burkina : quand le pagne du 8 Mars s’acquiert dans une pression sociale
C'est devenu une coutume au Burkina Faso : la célébration du 8 Mars s'accompagne de la sortie officielle d'un pagne. Beaucoup de femmes consentent des sacrifices pour l'acheter afin d'éviter le sentiment de "marginalisation". Quelle est donc la pression sociale liée à l'acquisition du pagne ? Dans la ferveur des festivités de la 157e Journée internationale de la femme, célébrée au plan national cette année à Banfora, le service Informations et reportages de la Direction du Multimédia de la RTB s'est intéressé au sujet. Lisez plutôt.

 

« C'est en 2009 que j'ai eu l'idée de m'organiser pour acheter le pagne du 8 Mars. Chaque année, je verse auprès d'une dame 50 F CFA par jour pour pouvoir avoir le pagne », relate Asséto OUEDRAOGO, vendeuse de gâteaux au secteur 20 (ancien découpage) de Ouagadougou.

« Cette année, j'ai commencé en début juillet et J'ai arrêté en fin février. Au total, j'ai pu cotiser 12 000 F CFA. Elle m'a remis 3 pagnes plus 6 000 F. Cette somme a servi à payer la couture »poursuit-t-elle, toute occupée à servir sa clientèle.

Mais ce pagne qui réclame tant de sacrifice est-il indispensable à la célébration de la journée du 8 mars ? Asséto répond sans ambages que c'est important d'être en uniforme. « C'est important, car c'est notre journée. Si nous les femmes, nous ne portons pas le pagne qui le fera à notre place ? »précise la dame.

Même stratégie adoptée par Salimata KABRE pour se procurer la tenue. A la seule différence qu'elle s'est associée à d'autres femmes.

« Nous avons un groupe, chaque année nous désignons une femme pour garder l'argent. Nous débutons les cotisations en mars #[juste après la fête du 8 mars]. C'est dans cette cotisation que nous prélevons pour payer le pagne. La somme restante sert à organiser une fête. Nous invitons nos maris et nos enfants » explique-t-elle.

« C'est vrai que ce n'est pas tout le monde qui arrive à être à jour vis-à-vis des cotisations mais on se serre les coudes. L'année passée j'étais à jour dans mes cotisations. Mon mari m'a offert le pagne et j'ai cédé mon pagne du groupe à une dame qui a eu des problèmes et a dû suspendre ses cotisations... C'est important d'être en uniforme, c'est notre journée » a-t-elle poursuivi.

« Si tu veux fêter et être à l'aise, c'est mieux d'être en uniforme ! »

Plus jeune qu'Asséto et Salimata, Corotimi OUEDRAOGO vend des chaussures dans un marché de la place. Nous l'avons surprise en train de se procurer le pagne à la cité An III, en compagnie de sa sœur. Elle avoue acheter le pagne « pour se conformer aux autres ».

« L'année surpassée, on m'a offert le pagne. L'an dernier, je n'ai pas eu et je n'ai pas payé non plus. Cette année, comme la fête est proche et qu'il n'y a rien à l'horizon, je suis venue m'en acheter... Le 8 mars 2013, nous sommes sorties en groupe avec des amies et j'étais la seule à ne pas porter le pagne. Franchement je n'étais pas à l'aise. Je me suis sentie à l'écart. Voilà pourquoi je suis venu me procurer le pagne », a-t-elle avancé comme arguments pour justifier son geste.

« Le jour de la fête si tu ne portes pas le pagne, c'est comme si tu n'as rien... C'est comme si tu étais pauvre », lâche sa sœur sans gêne.

Mademoiselle OUEDRAOGO, Secrétaire de profession, abondera dans le même sens que les deux sœurs. « Je suis là pour l'uniforme. J'ai payé un pagne. Je l'ai eu à 1 500 F. Personnellement, au service nous avons une manifestation et je ne veux pas rester à l'écart »explique-t-elle avant d'ajouter que « le jour du 8 mars, si tu veux fêter et être à l'aise, c'est mieux d'être en uniforme ».

« L'essentiel c'est que la santé soit au rendez-vous le jour de la fête »

Si pour Mlle OUEDRAOGO et les autres, le pagne du 8 mars semble être indispensable, ce n'est pas le cas chez Bibata. « Si je gagne le pagne je le porte, si je ne gagne pas je n'en fait pas un problème. L'essentiel c'est que la santé soit au rendez-vous le jour de la fête » confie-t-elle.

« L'année passée, c'est ma fille qui m'a offert le pagne. Cette année jusque-là, elle ne m'a pas fait signe. Je suppose que les temps sont durs pour elle... Ce n'est pas un problème de ne pas avoir le pagne. Le jour de la fête je ne me sentirai pas gêné. J'ai d'autres habits. De plus, tout le monde n'est pas pareil et on n'a pas les mêmes problèmes », ajoute-t-elle.

Les femmes se retrouveront comme les autres années pour festoyer, même si l'aspect festif ne doit pas prendre le pas sur les vraies actions qui concourront à une réelle libération de la femme sous nos cieux.

P. Florence ZANGO

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