Les clients et les usagers de cette voie ont commencé par s'habituer. «Au début, beaucoup s'approchaient pour nous poser pas mal de questions. Ils étaient étonnés de voir des hommes griller des galettes. Ils nous demandaient d'où nous venions? Si nous étions des burkinabé?», explique Aboubacar. La réponse est toute simple pour les jeunes. «Nous aimons ce que nous faisons. Nous voudrions aider notre mère. Nous voulons aussi montrer qu'autant la femme peut exercer une activité d'homme, autant le contraire est possible», dit-il. Et d'ajouter que: «Il n'y a pas de honte. D'ailleurs, la honte n'a jamais servi l'homme. Il faut savoir faire quelque chose avec ses dix doigts sans rien attendre». Aboubacar Ouédraogo pense aussi que cette audace et sa désinvolture à mener cette activité peut s'expliquer par sa culture ivoirienne. Né et grandi en Côte-d'Ivoire, il a confié avoir mené nombres d'activités souvent considérées de femmes. Il pilait par exemple le foutou et le placari dans un restaurant. Lui qui estime que les ivoiriens sont souvent plus à l'aise et sans complexe, il dit avoir appris la grillade des galettes avec sa mère. L'affluence est, cependant, loin des plus moroses en cette période de soudure. Les galettes de Sana Maimounata, du nom de leur maman, ne suffit guère à Bobo-Dioulasso. Au mois de carême, elle a ajouté 2 moules métalliques aux 5 autres et vend par jour deux sacs de petits mil.
Quel avenir dans la vente de galettes pour un homme?
Mohamed Stéphane Yao, peu bavard, continue ses études en Transit dans une école professionnelle à Bobo-Dioulasso. Après les cours, il se rend au lieu de la grillade pour vendre. Comme Aboubacar, il ne voit pas son avenir dans cette activité. D'où la poursuite de ses études. Aboubacar compte repartir en Côte-d'Ivoire après le Ramadam. «Je vais retourner en Côte-d'Ivoire pour aider mon père dans la vente des véhicules d'occasion. Je ne vois pas mon avenir dans cette activité. Je le fais pour le moment parce que je n'ai pas d'emploi», dit-il. Tous les deux souhaitent construire une vie meilleure. Ils y croient de même que leur maman qui se dit très fière de ces garçons.
Bassératou KINDO