Le bâtiment administratif de la direction provinciale de la police nationale du Tuy et tout son équipement, des motos des agents et de particuliers, tout sur place est allé en fumée. La raison, la population voulait se rendre justice après l'arrestation de deux jeunes filles accusées de trafic enfants. Appréhendées et conduites à la police par la population, les deux filles accusées auraient été arrêtées en possession de deux enfants. Pour tirer leur cas au clair, elles ont été gardées à la police. Sous la colère, une partie de la même population est venue la nuit du 29 juillet 2014, réclamer «les têtes des deux présumées». Un dialogue s'instaure entre la population et les autorités administratives. Le dialogue abouti et les manifestants repartent chez eux. La même nuit, pour la sécurité des deux jeunes filles, la police les défère à Boromo. Le mercredi 30 juillet 2014, des résidents de la ville marchent sur la police de nouveau. Venus très nombreux, ils exigent que la police leur remettent les deux jeunes filles arrêtées la veille. Malgré les explications sur le transfert des accusées, la population remontée insiste. N'ayant pas eu ce qu'elle est venue réclamer à la police, elle met le feu et au bâtiment, aux équipements et aux engins des policiers et de particuliers garés sous un hangar. Les dégâts sont très importants. Saisi de la question, Nébilma Joseph Bakouan, gouverneur de la région des Hauts-Bassins se rend à Houndé avec une forte suite.
Force reste à la loi
Le message du gouverneur est clair. Il est venu pour non seulement encourager les agents qui ont été affectés par cette colère des populations, mais aussi invité les autorités locales à mener une enquête conséquente, pour que les coupables répondent de leur acte. «Ce qui s'est passé ce matin est très grave. Si les choses doivent continuer de la sorte, nous serons tous en insécurité. Personne ne doit se rendre justice lui-même. Il faut que les principaux meneurs répondent de ce qu'ils ont posé comme acte…». Paroles du gouverneur. Aux responsables coutumiers de la cité, le gouverneur a tenu le même langage non sans demander leur collaboration au nom de la sécurité et de la paix pour tous. Avant de regagner Bobo-Dioulasso, le gouverneur a échangé avec les agents en service à la direction provinciale de la police du Tuy, pour leur prouver son soutien et les rassurer de la présence de l'Etat à leurs côtés. Nébilma Joseph Bakouan était accompagné de Dr Alfred Sanou président du Conseil régional des Hauts-Bassins, de Marcel Paré directeur régional de la police nationale de la dite région et de plusieurs autres responsables. Pour que la police continue de servir la nation à partir de cette ville, un bâtiment pour servir de commissariat a été présenté au gouverneur et sa suite avant qu'il ne quitte les lieux.
Souro DAO
Guillaume ASMANOFF
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Encadré
Les faits selon Boué Yazon, maire de Houndé
«J'ai été témoin de la façon dont les choses se sont passées hier nuit (ndlr: 29 juillet 2014), à aujourd'hui matin (ndlr: 30 juillet 2014). Il est avéré que deux jeunes filles accusées ont été appréhendées hier nuit pour enlèvement d'enfants et conduites à la police. La même nuit, des gens se sont présentés pour rendre justice eux-mêmes. On leur a fait entendre raison, ils ont compris et sont repartis. Ce matin, ils sont revenus plus nombreux pour réclamer les mêmes filles. Non satisfaits de n'avoir pas eu les filles déjà déférées à Boromo pour la suite de la procédure, ils ont mis du feu au commissariat. C'est ce qui explique les dégâts que vous constatez présentement. Le bâtiment a été brûlé ainsi que tout son équipement, de même que des engins des agents et de particuliers. Des éléments de la police ont même reçu des blessures. C'est déplorable comme incident. La population soutient qu'il y a eu des cas auparavant où les intéressés n'ont pas été punis par la loi. Il y en a qui disent qu'il y a deux mois qu'on avait tenté d'étrangler un enfant. Ce sont des faits qui n'ont pas été vérifiés avec des preuves palpables. Si malgré tout, des gens veulent se rendre soi-même justice, c'est très déplorable».
Billet
Franchement, Houndé n'a pas besoin d'une si mauvaise publicité
Parce qu'ils réclamaient des prévenus coupables pour les lynchés que de manifestants ont mis le feu au commissariat de police de la ville de Houndé. Ce qui vient ajouté à la mauvaise publicité que des habitants de cette ville lui font. Il y a à peine un an, pour des raisons d'accidents de la circulation, des manifestants avaient barré la route nationale n°1 pendant des heures. Il avait fallu la dextérité des autorités communales et provinciales pour convaincre les manifestants. Il y a, à peine un mois, pour des raisons d'élection de bureau du Comité villageois de développement de Kari, dans la même commune de Houndé, des manifestants ont bloqué la nationale n°1. Il a encore fallu des fortes négociations pour les amener à mettre fin à leur mouvement.
Houndé, la ville dure qui résiste à tout, a-t-elle besoin d'une si mauvaise publicité? Franchement, non. Partout ailleurs au Burkina, les populations ont compris qu'on peut manifester sans détruire les infrastructures. A Houndé, on l'a impression que cela n'est pas encore compris. Dommage! Mille fois dommages! Maintenant que le commissariat de police est parti en fumée, que les policiers n'ont plus de local pour travailler et assurer la sécurité des populations, on fait quoi? C'est incompréhensible et inadmissible. Aussi, il va falloir une fois pour toute mettre fin à ce genre d'agissements en demandant à ceux qui ont agi de la sorte à répondre de leurs actes. Surtout que dans ce cas-ci, les meneurs sont connus.
La Rédaction