Consciente qu’elle ne peut pas à elle-seule lutter contre la fraude de carburant, la Douane s’est octroyée les services des Forces de sécurité intérieure que sont la Gendarmerie nationale et la Police municipale pour couper les sources d’approvisionnement du carburant servi depuis les pays limitrophes.
Ainsi, pendant trois jours, soit du 24, 25 et 26 mars 2017, la Douane en collaboration avec la Gendarmerie et la Police municipale, a parcouru trois grands centres de stockage de carburant jugés dangereux pour la population, telles les villes de Ouagadougou, Kombissiri et Ziniaré. Les résultats de ces opérations ont été jugés satisfaisants par le directeur régional des douanes du centre, l’inspecteur divisionnaire, Grégoire Dabiré au vu des produits saisis. «104 fûts de 200 litres de carburant, 357 bidons de 25 et 30 litres d’une valeur d’environ 20 millions de F CFA sans compter les quatre stations saisies dont une à Zitenga, deux au niveau du Théâtre populaire et une autre en cours de contrôle pour manquement aux règles d’exploitation et non-respect de la règlementation en vigueur en matière de vente de produits pétroliers.».
A en croire le directeur régional des douanes du centre, les moyens de transport de stockage n’ont pas échappé aux saisies, d’où une cinquantaine de fûts vides récupérés.
De son avis, ce ne serait pas réaliste pour la Douane de dire qu’elle peut empêcher la fraude à 100%. «Mais nous nous battons comme nous pouvons», a-t-il soutenu. Réagissant à une question d’un journaliste sur la manière dont la Douane s’est arrangée pour laisser entrer le carburant fraudé, l’inspecteur divisionnaire Dabiré a été clair. «Si on dit que la douane s’est arrangée, c’est comme si elle a autorisé l’entrée des hydrocarbures. J’aimerais qu’on corrige ou qu’on atténue ce mot», a-t-il souhaité tout en rappelant que c’est parce que la Douane seule ne peut pas éradiquer ce fléau qu’elle a demandé l’aide des autres forces et de la population. «Si nous avons pu engranger ces résultats, c’est parce que, la Gendarmerie, la Police municipale et les populations y ont contribué». La preuve, «80% des produits saisis étaient dans les concessions». Pour les peines encourus par les contrevenants, le commandant du groupement de la gendarmerie départementale de Ouagadougou, le colonel Sam Djiguiba Ouédraogo, a indiqué que seule la justice va déterminer le niveau de peine à leur infliger.
D’où provient ce carburant?
Selon le colonel Sam Djiguiba Ouédraogo, le carburant provient de beaucoup de pays pétroliers. Il a laissé entendre que les commerçants s’approvisionnent quand le prix est assez bas dans certains pays afin de venir le revendre cher au Burkina. Or, renchérit l’inspecteur divisionnaire des douanes Dabiré, les hydrocarbures sont un produit spécifique très sensible qui doit obéir à une certaine qualité. La loi, a-t-il souligné, prévoit que seule la Sonaby a le droit d’homologuer un produit et de le mettre sur le marché. «On ne devrait pas trouver du carburant sur les bords des étals, à l’intérieur des marchés et dans les lieux d’habitation, ni le mettre à la consommation avant d’être contrôlé par la Sonaby», a-t-il averti.
Au-delà du manque à gagner dans l’économie nationale, les conférenciers ont noté que la fraude de carburant est source d’insécurité en particulier dans les grandes cités du Burkina. Les incendies divers qui se sont propagés dans diverses localités du pays en sont la preuve. Saisissant cette opportunité, le DR du centre des douanes a interpellé les fournisseurs du produit sur l’inégalité et la dangerosité de leur commerce. A l’endroit des populations, il les a invité à une culture de la dénonciation pour se protéger de la catastrophe qu’elles subissent depuis longtemps. «C’est une opération qui va se poursuivre régulièrement», a-t-il conclu.
Madina Belemviré