Dépôt clandestin de carburant : des trafiquants calcinés par un incendie

| 24.08.2016
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Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© DR / Autre Presse
Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Trois corps carbonisés non-identifiables et trois blessés graves, c’est le bilan de ce tragique accident survenu hier dans le quartier Diarradougou aux alentours de 22 heures.


Selon les témoignages, ces trafiquants étaient en train de transvaser le carburant dans de grands fûts. Ils étaient quatre à l’intérieur de l’entrepôt. Pendant ce temps, deux autres étaient à l’extérieur en train de faire du thé. L’un d’entre eux est sorti avec deux grands bidons de carburants en main et à refermer la porte avec les trois autres à l’intérieur. Il était sur le point de les transporter lorsque les bidons lui ont échappés et sont tombés à côté du feu. La flamme a jailli et a commencé à envahir de l’extérieur. Ceux qui étaient à l’intérieur ne l’ont pas su tôt. Lorsqu’ils s’en sont aperçus, il était trop tard et la flamme les avait déjà envahis. Les cris de ceux qui étaient dehors ont alerté le voisinage qui a accouru pour les secourir. Mais il était impossible de s’approcher de l’entrepôt, car la flamme était très grande. « On les voyait à l’intérieur, mais on ne pouvait pas s’approcher », a laissé entendre un témoin. C’est aux alentours de 23 heures les sapeurs pompiers ont pu maîtriser le feu. Deux de ceux qui étaient à l’extérieur ont été transportés à l’hôpital. Ce matin (NDLR hier matin), le Service d’hygiène a recueilli les corps. La situation est très déplorable et on en rappelle à la sensibilisation, car la vente illégale des carburants est interdite.

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En encadré

Un témoin : « Hier vers 22 heures moins (NDLR le lundi 22), nous avons vu des enfants qui commençaient à crier, y a du feu ! y a du feu ! Puis nous avons aperçu trois personnes dont deux qui enlevaient leurs habits et un qui courait dans tous les sens. Nous avons essayé de les secourir. Nous avons vu des pieds en dessous de la porte, mais nous ne pouvions pas entrer, puisque la porte était fermée. Et comme il y avait toujours du feu, nous avons appelé les sapeurs-pompiers qui sont arrivés quelques minutes après, et ont commencé à éteindre le feu. Tout le monde criait. Nous ne savions pas comment le feu a commencé. Les gens sont sortis du quartier pour essayer de soutenir les sapeurs-pompiers. C’est vers 23 heures qu’on a pu maîtriser le feu. Et c’est en ce moment que nous avons pu accéder à l’intérieur du magasin. Les trois personnes qu’on avait aperçues auparavant ont été transportées à l’hôpital par « Burkina Secours ». Deux sont toujours hospitalisées et l’autre se porte mieux. Les locataires du lieu, stockaient et vendaient du gasoil et de l’essence. Ils occupent le lieu depuis plus de 10 ans.

Nous ne nous sommes pas plaints de l’occupation du lieu pour vendre des carburants. Si le propriétaire du bâtiment leur a loué le magasin, ce n’est pas nous les voisins qui allons nous plaindre. La cause de cet incendie est due au fait qu’il y avait des gens qui prenaient du thé à côté. Et ce sont eux qui ont commencé à crier. Une personne a même quitté ici toute nue pour échapper aux flammes. Nous avons appelé les ambulances qui sont venues transporter les premiers blessés à l’hôpital. Nous voyions le feu à l’intérieur, mais la flamme était tellement puissante qu’on ne pouvait pas nous approcher. Les ambulanciers ont constaté, puis ils ont quitté les lieux. Nous, nous sommes restés jusqu’aux environs de 02 heures du matin. Nous n’avons pas pu fermer l’œil la nuit. Nous-mêmes, nous ne nous en revenons pas. Mais, nous nous en remettons à Dieu, et nous espérons qu’une telle situation ne se reproduira plus jamais. Il est vrai que cette situation est déplorable, mais que cela serve de leçon pour ceux qui font ces genres de pratiques illégalement ».

Pour Bourahima Sanou, maire de la commune de Bobo : « la situation est déplorable. Malheureusement, les dégâts sont très sérieux et nous avons constaté trois corps calcinés. Là, nous sommes obligés de prendre des mesures sévères. La vente illégale de carburant est interdite. Et nous allons mener des opérations très vite pour mettre fin à cette pratique dans la ville de Bobo-Dioulasso. Car ce genre de pratique est dangereuse autant pour les vendeurs que les voisins et le reste de la population. Cette situation nous interpelle à travailler rapidement pour protéger la vie de nos populations. Car il est très difficile de maîtriser les produits inflammables ».

Quant à Ardjouma Sanou, de la direction de l’action sanitaire de la commune de Bobo-Dioulasso, « nous avons été appelés hier nuit aux environs de 23 heures par la police. A mon arrivée, j’ai constaté que les sapeurs-pompiers avaient déjà maîtrisé le feu. J’ai fait les constatations d’usage pour recenser les victimes. C’est là que nous avons trouvé trois corps carbonisés non-identifiables. C’est un bilan très lourd. En ce qui nous concerne, nous pensons qu’il faut sensibiliser la population sur le risque de l’entreposage des produits inflammables sur les lieux de travail et à domicile.

K.E.Salamata SANOU
Fatimata BELEM /Stagiaire

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