Peu après 19 heures, alors que la circulation était dense au rond-point de la Patte d’Oie, la dame en question prend soin de glisser le carton et son contenu sous un gros camion qui était à l’arrêt au feu rouge. Et lorsque le feu est passé au vert, le camionneur, sans se douter de quoi que ce soit, passe la première et appuie sur l’accélérateur. Zéro chance pour le petit innocent qui, évidemment, passe de vie à trépas après que le mastodonte lui est passé dessus. Le conducteur du camion qui ne s’est même pas rendu compte qu’il venait ainsi d’être coupable d’homicide involontaire continua sa marche vers la gare routière Ouaga-Inter. Mais certainement pas plus vite que celle coupable d’homicide volontaire qui disparut dans les rues de Ouagadougou. Ce sont donc les autres passants qui ont fait la découverte macabre, à la limite du supportable. Le bébé sur le goudron était comme un sparadrap sur une peau. Les éléments de la police municipale qui veillaient au respect des règles de la circulation de l’autre côté du rond-point ont été les premiers alertés. Ils ont balisé le lieu du crime pour éviter que les autres passants ne trimballent plus loin les restes de l’infortuné nouveau-né. A leur tour, les flics municipaux ont alerté les éléments de la police nationale qui, à 20h et demie sont arrivés sur les lieux à pied, en provenance du commissariat de police de Bogodogo qui se situe à une centaine de mètres du rond-point de la Patte d’Oie. Après les constatations d’usage de la police nationale, sont arrivés sur les lieux les services des pompes funèbres à bord d’un corbillard. Sur autorisation des policiers, l’un des croque-morts retire du corbillard un brancard. Il chausse des gangs blancs, découvre le macchabée qui était jusque-là couvert d’un morceau de carton et procède à son enlèvement, morceau après morceau.
Tout cela s’est passé dans un lourd silence, car les centaines de badauds qui avaient fait le pied de grue sur la pelouse au rond-point de la Patte d’Oie étaient bouche bée, face à une telle cruauté. Dans la foule, ils étaient nombreux à ne plus pouvoir retenir leurs salives face aux restes du nouveau-né. Bien des passants ont marqué l’arrêt pour s’informer sur les raisons de cet attroupement. Certains, après s’être renseignés, ont vite fait de démarrer en trombe comme s’ils avaient subitement piqué une de ces folies! Certains autres, au volant de leurs voitures, ont fait des signes de croix, ou poussé des cris du genre: «soubahamnalaye»!!!
De l’avis général des témoins rencontrés sur place, cet acte ne peut être qu’un sacrifice humain. Car, «les marabouts recommandent généralement à leurs clients de faire les sacrifices sur les carrefours à grande circulation», si l’on en croit un jeune homme qui précise que le rond-point de la Patte d’Oie est devenu, depuis un certain temps, un lieu de prédilection pour les sacrifices de tous genres. L’on a très souvent découvert sur les lieux, des sachets de boyaux, des œufs cassés, des pattes de mouton, du lait frais, de la cola etc., soigneusement déposés sur ce carrefour à haute densité de circulation, selon des témoins. Les mêmes témoins s’accordent à reconnaître que c’est la première fois qu’un bébé humain est ainsi sacrifié sur ces lieux.
Vivement que les flics réussissent à mettre la main sur la dame, auteur de ce forfait d’une férocité inégalée, afin que l’on en sache plus sur les raisons et les motivations de son geste, mais aussi et surtout pour qu’elle soit condamnée avec la plus grande fermeté pour avoir osé glisser un innocent petit bébé entre les roues géantes d’un poids lourd. De quoi donner raison à ce penseur qui a affirmé que lorsque la femme décide de faire du mal, même le diable s’assoit et prend des notes.
Par D. Justin SOME