Exclusion des personnes accusées de sorcellerie: une pratique «éhontée» selon Xavier Bayala

| 16.10.2015
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Le samedi 9 mai 2015 à la mairie de la commune rurale de Bingo a eu lieu une rencontre de prise de contact et d’échange entre les autorités et les habitants de la commune de Bingo sur l'incivisme et une communication sur le paludisme et l’Ebola. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© DR / Autre Presse
Le samedi 9 mai 2015 à la mairie de la commune rurale de Bingo a eu lieu une rencontre de prise de contact et d’échange entre les autorités et les habitants de la commune de Bingo sur l'incivisme et une communication sur le paludisme et l’Ebola. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Le jeudi 15 octobre 2015, le ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique a tenu un atelier de validation d’une feuille de route sur le retrait et la réinsertion sociale des personnes exclues pour allégation de sorcellerie. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Conseiller technique du ministère de la Justice, Xavier Bayala.


L’exclusion sociale des personnes accusées de sorcellerie constitue l’une des plus graves atteintes aux droits humains, au Burkina Faso. Cette pratique «éhontée, sans fondement ni preuve qui se manifeste le plus souvent par des traitements cruels, barbares et inhumains», constitue, de l’avis du Conseiller technique du ministère de la Justice, Xavier Bayala, un déni du droit à la dignité humaine. C’est donc dans l’optique de restaurer ces valeurs, explique-t-il, que le ministère de la Justice a élaboré une feuille de route en collaboration avec les départements ministériels et les acteurs privés concernés. L’objectif de cette feuille de route vise à fédérer les efforts des différents acteurs intervenant dans ce domaine, afin d’assurer une meilleure prise en charge des personnes victimes d’exclusion sociale par allégation de sorcellerie.

Pour Xavier Bayala, l’exclusion sociale des personnes accusées de sorcellerie est une «honte nationale» qui porte atteinte à l’ensemble des droits de la victime. «Certaines victimes y perdent la vie et les plus chanceuses trouvent refuge dans les centres d’accueil», déplore M. Bayala.

Cependant, si l’hébergement des victimes de l’exclusion sociale dans les centres d’accueil est une mesure de protection salutaire, le Conseiller technique pense qu’elle ne saurait être une solution définitive. Il a dévoilé que «la quasi-totalité des pensionnaires de ces centres désirent regagner leur communauté et y revivre en toute dignité». Il convient donc, dit-il, d’éradiquer le plus tôt possible, ce fait social qui met en évidence l’intolérance de la société qui se trouve dans l’incapacité ou dans la difficulté d’intégrer certaines catégories de personnes dont les femmes en particulier. «Il faut éviter d’une part, un accroissement du nombre des pensionnaires de ces centres et, d’autre part, aider ceux qui y sont déjà à retourner dans leur famille et d’y mener une vie décente et paisible», a-t-il suggéré, avant de déplorer le fait que cet état de fait fragilise les valeurs de paix, de tolérance, de considération des personnes âgées et de solidarité qui caractérisent le Burkina Faso.

Le directeur de la Protection contre la violation des droits humains, Paul Kabré, a, pour sa part, dévoilé que le taux de personnes exclues par cette pratique, dans les deux grands centres de Ouagadougou à savoir le centre Delwendé et le centre de Tanghin, s’élève à plus de 398 femmes dont l’âge est compris entre 39 ans et 90 ans.

Madina Belemviré

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