Nombreux sont les Burkinabè qui n'ont plus confiance aux hommes et femmes qu'ils voient dans l'arène politique. Même moi fou, je me demande souvent à qui faire confiance. Le nomadisme politique et les retournements de veste ont pignon sur rue au Faso à telle enseigne qu'il est parfois difficile de parier sur la sincérité d'un homme politique. En fait, pour certains, se faire enrôler, c'est accepter déjà l'idée du référendum. Ce qui n'est pas vrai. Ces derniers oublient que c'est la même carte d'électeur qui servira à la présidentielle de 2015. L'Opposition a–t-elle suffisamment expliqué les enjeux de l'enrôlement ? Peut-être y a-t-il lieu de renforcer la communication. Elle est contre le référendum certes, mais pas contre la présidentielle de 2015. Pour les citoyens, l'information devrait être claire à ce niveau. Il faut se faire enrôler. Car sans carte d'électeur, pas de vote. D'ailleurs, qui nous garantit qu'il n'y aura pas de référendum. Le pouvoir n'a pas encore renoncé à cette idée et si d'aventure le corps électoral est convoqué, comment l'opposition va-t-elle s'y prendre ? C'est vrai qu'elle a fait des efforts en appelant chaque fois que l'occasion lui était offerte, les populations à s'inscrire sur les listes électorales. Mais ce travail est insuffisant. Au regard des enjeux, il aurait fallu sensibiliser davantage les citoyens sur la nécessité de se faire enrôler. Comment l'opposition peut-elle réaliser l'alternance qu'elle prône tant, si ses militants ne disposent pas de cartes d'électeur ? Tout en déployant son énergie à prêcher contre le référendum, elle gagnerait à œuvrer aussi pour remporter le combat de l'enrôlement de ses militants car, après tout, la plus grande victoire dont elle a besoin, ce n'est pas l'échec du référendum, mais la victoire à la présidentielle de 2015. Et pour gagner ce pari, elle devait se mettre à la tâche dès maintenant et non attendre que l'opération tire vers sa fin avant de se mobiliser. Comme le dit un adage, ce n'est pas à la veille du combat qu'il faut commencer à bien nourrir son cheval de bataille.
A la guerre comme à la guerre. Le pouvoir fera certainement tout pour appeler ses militants à se faire massivement enrôler. Il appartient à l'opposition d'en faire autant si elle ne veut pas se laisser surprendre à la dernière minute.
Dans un pays où la légitimité du pouvoir semble compter peu, l'essentiel étant de demeurer aux affaires, qu'une petite poignée d'électeurs reconduisent les mêmes, cela ne gênera pas les tenants du pouvoir. Il appartient donc à l'opposition « vraie » de sonner le cor de la mobilisation si elle veut atteindre son objectif final : l'alternance.
Peut-être que certains citoyens comme moi le fou, attendent la dernière minute pour se faire enrôler car les Burkinabè, on le sait, sont des hommes de dernière minute. Les examens de fin d'année scolaire peuvent aussi expliquer ce retard.
« Le fou »