Mais, pour le Burkinabè lambda, le juge aurait dû avoir la main encore plus lourde. En tout cas, c’est le sentiment du porte-parole du Comité des jeunes unis pour la reprise des concours concernés par la fraude, Hermann Konkobo pour qui : « Lorsque les sujets des concours de la Fonction publique sont monnayés à plus de 1 500 000 F CFA et que les amendes pour les cas de fraude vont de 150 000 à 500 000 F CFA, on ne peut pas parler de motif de satisfaction ».
Quoi qu’il en soit, le juge applique les textes. Et ne saurait agir en dehors du cadre légal, quelle que soit l’émotion que suscite tel ou tel dossier à lui confié. Une fois ce dossier de fraude aux concours directs de la Fonction publique vidé en dernière instance, les prévenus seront définitivement fixés sur leur sort.
En attendant cela, quelques questions viennent à l’esprit. A l’analyse de la liste des fraudeurs présumés, on remarque une quasi-absence des bénéficiaires potentiels de la fraude, les candidats à ces concours. Comme dans les films policiers, il faut se demander « à qui profite le crime ? ». Dans l’hypothèse où chacun des 22 condamnés a transmis des sujets à 2 ou 3 candidats ou parents de candidats, cela donne 44 ou 66 autres personnes à rechercher. Auquel cas, il est difficile de circonscrire l’ampleur de la fraude en raison de l’avènement et de l’utilisation généralisée des TICs.
Toute chose qui donne du grain à moudre à tous ceux qui exigent la reprise des concours entachés de fraude. On ne peut pas leur donner tort, dans la mesure où des gens sont reconnus coupables de fraudes et condamnés pour cela. La logique voudrait que l’Administration publique en charge de l’organisation de ces concours, en l’occurrence le ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, rectifie le tir. En reprenant tout simplement les concours incriminés.
Ce serait justice rendue, en assurant l’égalité de chances des candidats. Cela a un coût, soit ! Mais, il vaut la peine d’être payé. Car, il serait moins dommageable que l’effet catastrophique sur une jeunesse en mal de repère, du sentiment qu’il y a une prime à l’impunité. A cet égard, les autorités de la Transition doivent tout mettre en œuvre pour montrer patte blanche en matière de lutte contre la corruption et toutes sortes de fraudes. En « traçant les sillons », et les bons, pour emprunter l’expression chère au président de la Transition, Michel Kafando lui-même.
Aly KONATE
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