Les chiffres attestent qu'aujourd'hui, le téléphone portable n'est plus un bien de luxe au Burkina Faso. De la ménagère à l'homme politique, en passant par l'élève et le fonctionnaire, tout le monde en a besoin. Selon le rapport annuel de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) de 2012, environ 60% des Burkinabè possèdent un téléphone portable. Mais le hic, c'est qu'un grand nombre d'entre eux n'ont pas l'électricité chez eux pour le charger. Du coup, les nouvelles technologies ont fait naître de nouveaux métiers : les chargeurs de téléphone mobile. Ils sont nombreux de nos jours, les jeunes qui exercent cette activité à Bobo-Dioulasso. Parmi eux, Boureima Tago, rencontré à la frontière de la zone non lotie et celle lotie du quartier Sarfalao (secteur 17), fait partie de ces jeunes.
Le soleil est presqu'au zénith, lorsque nous arrivons devant son atelier. Ce qui est frappant, ce sont les fils électriques entremêlés à même le sol. Le maître des lieux nous explique qu'il s'agit de chargeurs universels. A l'entendre, le travail de « chargeur de portables » lui procure satisfaction, malgré les difficultés rencontrées dans l'exercice de l'activité, notamment les pertes de téléphones et de batteries ou encore les échanges entre portables ou batteries. Car dit-il, « dans une activité, l'essentiel c'est de pouvoir gagner son pain ». Mais pour lui, le gain n'est pas suffisant avec 10 à 15 téléphones chargés par jour, en raison de 50 F CFA l'unité.
50 ou 100 F CFA pour charger sa batterie
Vincent Sankara par contre, rencontré dans le même quartier, dit exercer le métier depuis 2007, et parvient à résoudre ses problèmes grâce à cette activité.
De son avis, il peut charger 20, voire 50 batteries par jour, en raison de 50 F CFA l'unité. « Mais du fait que nous sommes connus dans le quartier, certains clients ne paient pas », déplore-t-il. Et de préciser qu'avec ses petits moyens, il s'occupe de 8 personnes. « En plus, j'arrive à payer mes factures d'électricité qui varient entre 11 000 et 14 000 F CFA. Ce n'est pas facile mais, je m'en sors souvent », conclut M. Sankara. L'affluence des clients et les frais de chargement d'un téléphone varient d'un endroit à un autre à Bobo-Dioulasso. A ce sujet, Abdoulaye Zoungrana, un autre chargeur de téléphone portable exerçant au centre-ville, confie charger 5 à 11 batteries au cours de la journée, au prix de 100 F CFA l'unité. Il souligne que ce qu'il gagne ne suffit pas à résoudre ses problèmes. « C'est pour cela que je mène d'autres activités, notamment la vente des accessoires de portables ».
Le cirage comme toute activité
Aux côtés de ces chargeurs de téléphone mobile, nombreux sont également les jeunes assis devant un magasin ou arpentant à longueur de journée les rues de la cité de Sya pour cirer des chaussures.
Marié et père de 4 enfants, Boukary Guébré fait partie de ces jeunes. Assis devant un maquis dans le quartier Sikasso-Cira (secteur 8). M. Guébré dit être cireur depuis 1996. « En plus, je suis fier du travail, car je gagne à manger dedans ». Pour lui, il est difficile de dénombrer les chaussures cirées pendant la journée à 50 ou 100 F CFA, la paire de chaussure. Aussi ajoute-t-il, « le jour que ça marche, je peux avoir 2 000 ou 2 500 F. C'est avec cet argent que je m'occupe de ma famille et scolarise mes enfants. Deux d'entre eux vont à l'école, l'un au CM2 et l'autre au CE1 ». Par contre, certains cireurs sont obligés d'associer la vente de chaussures à leur activité. C'est le cas de Issouf Dabré. « Il y a environ 7 ans que j'exerce ce métier de cireur », dit-il, avec en moyenne un gain journalier variant entre 500 et 1 000 F CFA.
Des recettes qui ne semblent pas le combler. Pour M. Dabré « s'il y avait un autre travail où on pouvait mieux gagner, on pouvait laisser le cirage. Mais, en attendant, on est obligé de le faire ». Abel Yabré, lui, a ajouter au cirage, la réparation de chaussures lui permet d'avoir parfois jusqu'à 2 000 F CFA.
Boubié Gérard BAYALA