La Société de transport en commun de Ouagadougou (SOTRACO) continue de défrayer la chronique. Après le sit-in observé par les agents de l’entreprise que dirige Pascal Tenkodogo pour exiger des moyens de travail dont notamment les bus, ils observent, depuis le vendredi 8 avril 2016, un arrêt de travail, suite à une vague de licenciements décidés par la direction générale. Depuis lors, la capitale Ouagadougou n’est plus desservie par les fameux bus verts qui, depuis un certain temps, se caractérisaient par leur état de vétusté, leur fumée envahissante ou encore leur panne en pleine circulation.
A la direction générale de la SOTRACO, à Somgandé sur l’avenue du Sanmatenga, les conducteurs de bus appelés, dans leur jargon, les machinistes y ont déposé leurs pénates. Avant de se rendre dans leur QG, le visiteur est étonné par le nombre impressionnant de bus qui sont sur cale. 59 bus sont hors d’état d’usage pour une société qui peine de nos jours à desservir une capitale de plus de 2 millions d’habitants avec entre 8 et 14 bus fonctionnels. A l’aide de nattes, de postes téléviseurs, de jeux de sociétés, les agents de la SOTRACO font le pied de grue pour réclamer l’annulation des sanctions. Pour marquer leur détermination à ne pas baisser la garde, les agents se sont organisés pour préparer un repas. Anselme Yoda, délégué du personnel, a appelé l’Etat de tous ses vœux à prendre le problème à bras le corps parce que la direction générale conduit une entreprise d’utilité publique, tout droit, dans le mur. C’est lui qui est revenu sur la genèse de la crise qui secoue aujourd’hui la SOTRACO dont 85% des actions sont détenues par des opérateurs majoritaires du privé. « Le vendredi 8 avril 2016, à la descente du travail, nous avons appris qu’il y avait des courriers pour les délégués du personnel. C’était en fait des lettres de licenciement. Ce sont des décisions arbitraires qui interviennent, suite aux actions des délégués du personnel. Ils ont toujours dénoncé le fait que la SOTRACO est en train de mourir. La dernière action qu’ils ont menée est une plainte déposée auprès du procureur du Faso (Ndlr : Plainte du personnel de la SOTRACO SA contre la direction générale pour gestion chaotique de l’entreprise). Suite à cette plainte, le Conseil d’administration s’est réuni. Le PCA, Joseph Saga Ouédraogo et Pascal Tenkodogo ont dit qu’ils étaient à un niveau où il fallait qu’ils se débarrassent de certains agents quel que soit le prix à payer. Ils nous ont demandé des lettres d’explication que nous avons produites. Ils nous ont ensuite traduits en conseil de discipline où la voie du licenciement a été adoptée. Les autres agents ont été solidaires de leurs camarades licenciés. C’est pourquoi, ils ont décidé de ne plus travailler jusqu’à nouvel ordre. En plus de cela, la direction générale a déployé la police pour venir sécuriser le conseil de discipline. Mais, depuis 13 ans que la SOTRACO existe, il y a conseil de discipline chaque semaine. Nous n’avons jamais vu un seul policier. Pourquoi maintenant ? Les délégués du personnel ont dit qu’ils n’allaient pas participer au conseil de discipline si les policiers ne partaient pas. La direction croit que c’est en se débarrassant des délégués du personnel que la plainte n’aura pas de suite », a relaté Anselme Yoda.
Nous avons pu voir les lettres de licenciement de Camille Martin Congo, Ousmane Kinda, Serge B. Neya et Moussa Ouédraogo, tous délégués du personnel pour fautes lourdes. En plus de ces 4 , Issa Ouédraogo et Moumoni Ouédraogo, tous deux machinistes, ont également été licenciés pour fautes lourdes à savoir désobéissance aux instructions professionnelles de la hiérarchies, arrêt volontaire et anarchique du travail pour lequel ils étaient programmés et refus de répondre à une convocation.
Pour remettre la société sur les rails qui, soit dit en passant, bénéficie d’une subvention de 650 millions de F CFA de la part de l’Etat, les agents proposent de profondes réformes. Ils souhaitent que le Burkina puisse s’inspirer du cas de la Côte d’Ivoire qui peut être considéré comme une expérience réussie dans la sous-région.