Le Burkina Faso, à l’instar du monde, commémore le 5 octobre 2016, la Journée mondiale des enseignants (JME). Elle a pour but, de sensibiliser à l’importance et au rôle des enseignants dans le système éducatif, tout en examinant la qualité du travail des formateurs dans le monde. La journée mondiale des enseignants, organisé chaque année, par l’Internationale de l’éducation depuis 1994, commémore la signature de la recommandation concernant la condition du personnel enseignant, signée le 5 octobre 1966, par cette organisation et l’OIT, mais également, celle du personnel de l’enseignement supérieur, signée le 11 novembre 1997. A en croire le coordonnateur, François De Salles Yaméogo, cette année, la JME marque le 50e anniversaire de l’adoption de la recommandation OIT/UNESCO, concernant la condition du personnel enseignant. «Cette journée est l’occasion de réaffirmer le rôle essentiel des enseignant (e) s dans le progrès de l’éducation et l’importance de leur contribution au développement de la personnalité humaine et de la société moderne», a-t-il avancé. Au cours de cette conférence de presse, les organisations syndicales de l’éducation ont fait un bref constat du système éducatif burkinabè. A les entendre, depuis l’entrée du Burkina Faso dans le cycle infernal des Programmes d’ajustement structurel, le système éducatif a amorcé une descente aux enfers, qui ne semble pas prêt de prendre fin.
Selon son coordonnateur, si des progrès quantitatifs liés à l’accès, ont pu être enregistrés, il note des reculs considérables sur différents plans : qualité de l’enseignement, l’insuffisance ou l’absence d’infrastructures et d’équipements pédagogiques, suppression de certaines aides (bourses et internats) aux élèves, recrutement de personnel en situation de précarité et développement exponentiel de l’enseignement privé qui, selon la Banque mondiale, représente plus de 40% des investissements dans le secteur, alors que 43% de la population vit sous le seuil de pauvreté, etc. Pour les organisations syndicales, cette situation chaotique incombe à l’Etat qui s’est désengagé des secteurs sociaux dont celui de l’éducation, avec un budget total pour l’ensemble du secteur éducatif, se situant autour de 16%. Alors que «les infrastructures, les personnels sont les plus nombreux dans le dispositif matériel et des ressources humaines de l’Etat», a expliqué François De Salles Yaméogo. En effet, le système éducatif comprend des milliers d’écoles, des centaines d’établissements, des dizaines de structures, des universités. Un dispositif qui, selon les organisations syndicales de l’éducation, est animé par plus de la moitié des agents publics, qui accueille des milliers d’élèves du secondaire et des dizaines de milliers d’étudiants. En somme, pour les organisations syndicales de l’éducation, les 16% alloués à un secteur aussi étendu sont une négation du statut de priorité nationale dont il est officiellement affublé par la loi d’orientation de l’éducation, ainsi que dans les discours officiels. Avant la conférence de presse, les organisations syndicales de l’éducation ont initié une marche qui s’est soldée par la remise d’une plate-forme revendicative au ministre en charge de l’éducation. Un panel sur le thème «La responsabilité de l’autorité politique dans la faillite de l’école burkinabè», sera organisé le 8 octobre prochain.
Pélagie OUEDRAOGO