Hector Ardent Ouédraogo, président de l’UNAPES-B : « Rien qu’à Ouaga, plus de 100 lycées et collèges ne sont pas en règle » président de l’UNAPES-B : « Rien qu’à Ouaga, plus de 100 lycées et collèges ne sont pas en règle »

| 30.10.2016
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Hector Ardent Ouédraogo, président de l’UNAPES-B : « Rien qu’à Ouaga, plus de 100 lycées et collèges ne sont pas en règle » président de l’UNAPES-B : « Rien qu’à Ouaga, plus de 100 lycées et collèges ne sont pas en règle »
© DR / Autre Presse
Hector Ardent Ouédraogo, président de l’UNAPES-B : « Rien qu’à Ouaga, plus de 100 lycées et collèges ne sont pas en règle » président de l’UNAPES-B : « Rien qu’à Ouaga, plus de 100 lycées et collèges ne sont pas en règle »
Hector Ardent Ouédraogo n’a sans doute pas été élevé au rang de chevalier de l’Ordre des palmes académiques pour rien. Particulièrement investi dans la vie scolaire comme si une flamme...ardente brûlait en lui, payant de son temps, de son énergie et sans doute de ses moyens, il est depuis plusieurs années président de l’Association des parents d’élèves du collège Saint-Jean-Baptiste de la Salle ; ces fameuses APE sont parfois objet de critiques acerbes, de suspicions plus ou moins légitimes voire de procès en sorcellerie.


Celui qui est dans « le civil » directeur général de Cipex international est aussi président de l’Union nationale des APE du secondaire et du supérieur du Burkina (UNAPES-B), autant dire le père de tous les élèves et étudiants du Faso.

Quelques semaines après la rentrée 2016-2017, dans cette interview qu’il nous a accordée, il parle, entre autres sujets abordés, de l’incivisme scolaire qui a atteint des pics dangereux ces dernières années ; de la gestion des APE ; du respect du cahier des charges, etc. Savez-vous par exemple qu’au Burkina, la superficie minimale pour construire un établissement est de 13 500 m2 (avec des exceptions à 5 000 m2 pour Ouaga et Bobo) et qu’il ne doit pas être à côté d’une décharge publique, d’un débit de boissons ou d’une station-service, même si l’Etat et les privés s’en moquent royalement au point que dans la seule ville de Ouagadougou plus de 100 lycées et collèges sont dans l’illégalité ?

Rappelez-nous les objectifs et poursuivis par l’UNAPES-B

C’est contribuer à l’éducation, à l’instruction et à la formation des enfants, élèves et étudiants ; travailler à assainir l’environnement scolaire et universitaire ; former les parents d’élèves à assumer leurs rôles et missions.

Un phénomène qui sévit dans le domaine de l’enseignement, c’est la prolifération des établissements qui ne respectent pas la règlementation. Comment vivez-vous ce phénomène au niveau de l’Union ? Pouvez-vous nous dire un mot sur le régime des autorisations, du contrôle et du suivi ?

A propos des ouvertures d’établissements, l’UNAPES-B est membre de droit de toutes les commissions et délégations créées par les ministères de l’Education et des Enseignements, autrement dit le MENA et le MESRSI.

A ce titre, nous siégeons en tant que membre au niveau de la Commission de l’enseignent privé (CEP) et examine les dossiers d’ouverture et de création d’établissements privés d’enseignement postprimaire et secondaire.

Ladite commission a siégé du 15 au 17 septembre 2016 à Ziniaré au titre de la 1re session de l’année 2016.

L’UNAPES-B s’est toujours opposée aux ouvertures d’établissements qui ne remplissent pas le cahier des charges et nous faisons chaque fois des recommandations allant dans le sens de la mise en place d’une commission multipartite de contrôle et de suivi des établissements de l’enseignement secondaire général privé formel et non formel. A titre d’exemple, dans la seule ville de Ouagadougou, plus de 100 établissements ne sont pas en règle vis-à-vis des cahiers de charges. Les établissements privés d’enseignement secondaire général formel et non formel sont pourtant soumis à un régime d’autorisations préalables de création et d’ouverture, de contrôle et de suivi du fonctionnement par les services techniques compétents de l’Etat. Toute demande d'autorisation est soumise au paiement préalable de frais dont la quittance a une durée de validité de deux (2) ans. Savez-vous par exemple que le site de l’établissement privé d’enseignement secondaire général doit avoir une superficie minimale de treize mille cinq cents (13 500) m2 et doit pouvoir contenir les bâtiments scolaires, la cour de récréation, les installations sanitaires et sportives. Ces exigences pour la superficie s’appliquent même au cas de location de site. Nonobstant ces dispositions, la superficie minimale d’un site d’établissement privé d’enseignement secondaire général formel dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso est de cinq mille (5 000) m², les installations sportives y comprises.

Tout établissement privé d’enseignement secondaire général doit disposer d’un terrain d’éducation physique et sportive d’une superficie d’au moins mille (1 000) m² en son sein. A défaut, le terrain doit être situé à mille (1 000) mètres au plus de l’établissement. Le site de l’établissement privé d’enseignement secondaire général doit être loin de toute entreprise pouvant perturber son fonctionnement : débit de boissons, décharge publique, grande voie de circulation, nuisances sonores, station-service, etc. Le site de l’établissement privé d’enseignement secondaire général ne doit pas être situé sur un lieu de rituel coutumier ou un ancien cimetière non déclassé. Après implantation, le fondateur informe l’autorité communale qui prend les dispositions nécessaires pour éviter toute installation d’activité pouvant perturber le cadre de l’enseignement. La construction des bâtiments devant abriter l’établissement privé d’enseignement secondaire général doit obéir aux normes techniques annexées au cahier des charges et faisant partie intégrante dudit cahier.

Est-ce que les frais APE sont obligatoires ?

Oui, car ce sont les recettes générées par ces cotisations qui aident au fonctionnement de l’établissement et à la prise en charge de certaines dépenses liées aux réfections, à la rénovation des infrastructures et à bien d’autres dépenses telles les sorties de classes des élèves, et certaines activités sociales et récréatives.

Pour beaucoup de gens, les cotisations APE sont de véritables vaches à lait entre les mains de quelques responsables. Quels sont les facteurs ou les causes qui favorisent la mauvaise gestion ?

Pour ma part, il y a l’insuffisance ou le manque de formation en gestion financière des membres du bureau ; la non-disponibilité des membres du bureau ; l’absence de planning ou la navigation à vue ; l’absence et/ou les dysfonctionnements des outils élémentaires de gestion.

A votre avis quels sont les éléments qui pourraient concourir à la bonne gestion financière et comptable ?

Toute bonne gestion financière et comptable suppose la tenue ou la mise en place préalable d’un certain nombre d’éléments qui sont la budgétisation et l’ouverture d’un compte bancaire.

A ces éléments, il faut ajouter l’observation des principes de gestion, de comptabilité et de décaissement. En effet, de nos jours, toute structure a besoin d’observer une rigueur financière pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée. Si les APE fonctionnent bien, les établissements d’enseignement secondaire se portent mieux.

Et ces fameuses cotisations dites spéciales ?

Sur ce sujet, l’UNAPES-B n’est pas favorable. Toutefois, dans certains établissements au regard des urgences voire des impératifs du moment, celles-ci peuvent s’inviter comme dans les cas suivants : établissements décoiffés par le vent ; rénovation de bâtiments ou acquisition d’un car ou d’un bus au profit des élèves, etc.

Votre congrès qui s’est tenu les 29 et 30 juillet dernier avait pour thème principal : «La responsabilité des parents face à l’incivisme grandissant et à la violence en milieu scolaire. Quelles thérapies ? » Quelle est l’ordonnance que vous avez prescrite à l’issue de ce congrès ?

Sur ce thème évocateur et surtout d’actualité, notre conférencier, monsieur François Compaoré, précédemment directeur régional de l’enseignement secondaire du Centre disait: « le fait de discuter de la question constitue sans doute la première thérapie. Elle est le signe d’une prise de conscience des acteurs sur le danger qui menace le pays si la situation se poursuit. » Cette prise de conscience suppose que les associations des parents d’élèves doivent considérer que la lutte sera menée dans l’incompréhension des acteurs dès le début : les parents à l’heure du triomphe idéologique de l’enfant roi qui n’a que des qualités, le diable étant l’autre ; les professionnels de l’enseignement qui croient tout savoir sur leur métier et ne veulent pas recevoir d’observation d’une tierce personne ; l’opinion publique qui ne cherche pas à comprendre, condamne sans question, se contente de la rumeur diffusée malheureusement dans les médias dans un contexte de libération de la parole.

Pour un engagement collectif des parents contre l’incivisme et la violence, l’engagement attendu est celui qui permettra de mener au plan national un travail de reconstitution identitaire, pas une identité sectaire de type nationalisme xénophobe mais une identité terrienne où la conscience d’appartenir à une nation fonde une éducation respectueuse des valeurs qui fondent la possibilité du vivre-ensemble.

Pour cela, l’Etat a besoin d’être soutenu dans les efforts à mener. Du côté des parents, ce soutien pourra s’exercer à travers : la recherche constante d’une implication des parents d’élèves, c'est-à-dire dans la prise des grandes décisions engageant l’avenir des établissements ; la poursuite des efforts de mobilisation pour la mise en place effective de bureaux APE dans chaque établissement ; les efforts de mobilisation de ressources propres à l’UNAPES-B qui pourrait ne pas dépendre des administrations pour réaliser certaines activités.

En fait, l’APE prolonge l’action des familles à l’école en les y représentant. Elle a un rôle d’évaluation (de la vie et des résultats de l’école, par rapport à leurs attentes), mais aussi un rôle de dialogue et d’accompagnement de l’administration, des professeurs et des élèves. Elle peut jouer un rôle très bénéfique de médiation quand il le faut.

Face aux défis de l'enseignement, face aux questions que nous nous posons à propos de tel ou tel sujet, nous disposons, à travers notre association, d'un réel relais pour faire entendre nos voix.

Cela dit, s’il n’ y a pas de doute que la famille éduque, que l’école instruit et éduque, il faut dire aussi que l’action de la famille ou celle de l’école resteront incomplètes (et pourraient même être rendues tout à fait vaines), si chacun et chacune des jeunes n’entreprenait pas par lui-même la tâche de sa propre éducation. Maman a accouché ne signifie pas que maman en a terminé. Après la mise au monde, il reste l’éducation. Et pour une société donnée, c’est par l’éducation qu’elle se perpétue dans son être physique et social. Nous organiser pour réussir l’éducation de nos élèves et partant de la jeunesse de notre pays est donc un devoir vital pour nous parents d’élèves ! La complexité de la question de l’éducation commande une continuelle et commune recherche du rôle de chacun et par la mise en œuvre des projets, dans le respect des principes fondamentaux de la bonne gouvernance qui sont la responsabilité, la transparence, l’Etat de droit et la participation.

Dans le domaine de l’éducation, quel bilan faites vous des premiers mois au pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré et quelles devraient être ses priorités ?

Je n’ai jamais exercé des fonctions de président du Faso mais j’imagine et je comprends que la tâche ne doit pas être aisée, surtout face à une population qui attend beaucoup du gouvernement depuis l’insurrection. Je ne veux pas m’empresser de condamner ou d’affirmer, comme certains, que les choses n’avancent pas ou vont très lentement. Il faut laisser sa chance au nouveau pouvoir. Nous le jugerons à la fin du mandat de cinq (05) ans.

Mais de mon point de vue, la question des jeunes est fondamentale. Ils ont été les plus nombreux à sortir dans la rue pour protester contre la modification de l’article 37, mais beaucoup y sont aussi allés parce qu’ils étaient frustrés de la façon dont l’ancien régime gérait leur avenir.

La deuxième priorité devrait être de travailler à la réconciliation nationale. Ceci, je crois est un impératif.

Je voudrais profiter interpeller et les autorités et les élèves sur les perturbations des cours au mois de décembre avec pour conséquences les programmes inachevés, les faibles résultats aux examens, sans oublier les nombreuses vies mises en danger dans la circulation par les perturbateurs.

Je souhaite vivement que l’Etat assainisse le milieu scolaire en réglant le plus tôt possible le problème des heures supplémentaires et des subventions.

Propos recueillis par
Harold Alex Kaboré

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