Grève : paralysie dans des lycées, service minimum à Yalgado

| 18.02.2015
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Grève : paralysie dans des lycées, service minimum à Yalgado
© DR / Autre Presse
Grève : paralysie dans des lycées, service minimum à Yalgado
Pour la baisse d'au moins 150 F CFA des prix des hydrocarbures et l'amélioration des conditions de vie des populations, l'Unité d'action syndicale (UAS) observe une grève générale de 48 heures, les 17 et 18 février 2015, sur toute l'étendue du territoire national. Une équipe de Sidwaya a sillonné quelques lycées et services publics.


Il est 8 heures 40 minutes, le mardi 17 février 2015 devant le lycée Philippe Zinda Kaboré, à Ouagadougou. Des groupes d'élèves à pied ou à vélo rentrent à la maison. A l'intérieur de la cour, tandis que certains font des exercices sur les tableaux, d'autres s'adonnent à des jeux sur un terrain de sport à l'angle gauche de l'établissement. Le proviseur du lycée, Boureima Traoré, assis dans le jardin en face de l'administration fait le constat. « La grève est presque totale, les gens ne sont pas venus. Lorsque vous avez plus de 200 professeurs et vous vous retrouvez avec deux ou trois stagiaires, on ne peut pas faire cours. Nous avons invité les élèves à rentrer chez eux », déclare-t-il. Pour lui, cette grève va encore avoir un coup sur la progression des cours, d'autant plus que le premier trimestre de l'année scolaire a été beaucoup mouvementé. Le responsable du comité Fédération des Syndicats nationaux des travailleurs de l'éducation et de la recherche (F/SYNTER) du lycée, Cyprien Tougma, affirme que ses camarades et lui observent le mot d'ordre de grève pour exiger une réduction des prix des hydrocarbures. « Les enseignants sont sensibles à la situation des élèves, dans la mesure où ils organisent des séances de rattrapage lorsqu'il y a des perturbations. Mais, les revendications sont légitimes », se justifie-t-il. Nous rencontrons Idrissa Sanfo, élève en classe de terminale D6 en train de faire des exercices avec ses camarades. Il avoue être déçu des perturbations qui entravent la bonne marche des cours et dit craindre pour son examen de fin d'année. « Cette année a été entâchée de beaucoup de perturbations. Cela impacte négativement sur nous qui sommes en classe d'examen. Si l'on fait le récapitulatif des jours de perturbation des cours depuis cette rentrée, cela vaut trois semaines », confie-t-il l'air dépité.

Au lycée Bogodogo, les classes sont également vides. Dans l'administration, le proviseur, Jean-Paul Boumboundi nous informe que les syndicats de professeurs sont aussi en grève dans son établissement. Même s'il déplore les perturbations des activités pédagogiques, il fonde l'espoir que des séances de rattrapage des cours seront initiées. « Généralement, les enseignants ont le réflexe, après les interruptions, de revenir avec un rythme plus soutenu pour combler le retard accusé », ajoute-t-il.

Les médias publics ont fonctionné

Au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo(CHU-YO), le service minimum est assuré. Un constat aux urgences médicales a permis de voir le personnel de santé s'activer autour des malades. « Nous sommes pour la grève, c'est normal. Mais, je suis là pour assurer le service minimum », lâche Dr Ali Taro des urgences médicales. Le patient Jean Albert, admis aux urgences, est surpris d'entendre parler de grève. « Je ne savais même pas qu'il y avait grève. Les infirmiers sont là. Cela me fait penser à la manière de manifester des Japonais qui attachent une banderole au bras pour signifier qu'ils sont en grève. Le personnel est présent depuis le matin pour veiller sur les patients que nous sommes », se réjouit-il. Le directeur par intérim des soins infirmiers et obstétricaux au CHU-YO, Yaya Ouattara, dit avoir eu recours à sept infirmiers d'Etat et quatre sages-femmes pour suppléer l'absence des agents en grève. Le chef du service communication et des relations publiques au CHU-YO, Souro Sanon, affirme que toutes les dispositions ont été prises pour assurer le service minimum. « Pour un service sensible comme le CHU-YO, les grèves ne sont pas souhaitables. Depuis la nuit du 16 février, nous avons fait un maillage des différents services pour voir s'il manque du personnel à des postes sensibles. Dans ce cas, nous recourons aux ressources humaines de l'Ecole nationale de santé publique. Dans certains services de six personnes, on a constaté deux ou trois absences », indique-t-il.

Toujours dans la dynamique de constatation, l'équipe de reportage arrive devant les locaux de l'Hôtel des finances de Bogodogo, situé au quartier Dassasgho. Quelques engins y sont parqués, une vingtaine de personnes sont arrêtées sous des arbres. « Nous sommes venus faire des travaux à l'intérieur mais, on nous a fait comprendre qu'il y a grève, donc l'administration ne fonctionne pas correctement », nous lance un jeune en jean bleu et tee-shirt blanc. Un tour à l'intérieur, le constat est « amer » : certains usagers ont les bras croisés ou ballants, d'autres sont assis, des papiers en main. Ils attendent. La majorité des bureaux et guichets sont fermés, exceptée la caisse où sur trois guichets, un seul est ouvert. Le Directeur du centre des impôts (DCI), Bernard Ouédraogo, nous fait savoir que la personne qui est à la caisse n'est pas encore titularisée. C'est pourquoi, elle est venue. « Personnellement, je suis pour la grève. Mais étant responsable, je me dois de gérer certaines instances. Si je suis là aujourd'hui, c'est pour recevoir des nouveaux agents affectés à ma direction », explique M. Ouédraogo pour justifier sa présence. Il affirme que la grève est libre. Cependant, à propos du service minimum, le DCI fait savoir qu'il a demandé aux chefs de service de l'assurer. Une demande qui n'a pas connu totalement satisfaction puisque nous avons constaté que certains bureaux étaient fermés. « J'ai préféré laisser les agents libres. Je suis pour la revalorisation des conditions de vie et de travail. Parce qu'on ne peut travailler que lorsqu'on est dans de bonnes conditions », précise-t-il. Les clients sont déçus, mais avouent être pour la grève. « Si, c'est pour la baisse des prix du carburant, nous sommes tous d'accord parce que la vie est dure. Donc, nous allons revenir après la grève et nous espérons que l'Etat va baisser les prix », confie Bouba Nana. Après l'Hôtel des finances, le cap a été mis sur la Radio nationale. Là-bas, nous avons trouvé quelques agents, signe que le mouvement n'est pas totalement suivi. Le rédacteur en chef, Harouna Sana, indique que ses programmes n'ont pas été perturbés pour le moment (NDLR : 9 heures 40 minutes). « Les éditions de 6 heures et 7 heures ont été assurées, à 13 heures, c'est moi-même qui suis là », dit-il. Néanmoins, M. Sana laisse entendre qu'il a programmé un journaliste qui n'est pas venu et qui ne répond aux appels. Le directeur de la radio, Evariste Combary, estime que la grève est personnelle. A la télévision nationale et aux Editions Sidwaya, au premier jour de la grève, des bureaux de l'administration aux salles de rédaction, la majeure partie des agents travaillaient.

Gaspard BAYALA
Karim BADOLO

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