Destruction de biens privés et publics : « On s’est détruit nous-mêmes… »

| 05.11.2014
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Destruction de biens privés et publics : « On s’est détruit nous-mêmes… »
© DR / Autre Presse
Destruction de biens privés et publics : « On s’est détruit nous-mêmes… »
Les dégâts matériels suite à l'insurrection populaire le jeudi 30 et le vendredi 31 octobre sont énormes. La mairie centrale, le palais de justice, les domiciles du maire et des maires d'arrondissements, des opérateurs économiques, des députés... pour ne citer que cela, sont entre autres, les endroits qui ont été détruits et brûlés par des manifestants. Un triste évènement commenté par certains Bobolais. Lisez plutôt!


Evelyne Tapsoba, agent commercial

«Vivement que les victimes pardonnent...»

Je pense que ce n'est pas une bonne chose d'avoir cassé les édifices publics et même les domiciles privés. Ceux qui ont commis ces actes ne savent pas que ce sont eux-mêmes qui vont contribuer pour leur reconstruction. Ce sont des énormes pertes pour l'Etat. Alors que nous sommes déjà confronter à des problèmes financiers. D'ailleurs, qui ne se rappelle pas des multiples plaintes des travailleurs. Rien que le 29 octobre, ces derniers ont marché pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Il faudra dans les jours à venir sensibiliser à ce que les gens arrêtent les casses. Je ne crains pas d'une éventuelle réplique ou vengeance des victimes qui, on le sait, sont pour la plupart proche du pouvoir. Etant donné que leur mentor, à savoir l'ex-président du Burkina a fait une déclaration pacifique après sa démission. Je souhaite que les victimes aient la paix du cœur, qu'ils pardonnent (...).

Abass Ouattara, particulier

«On s'est détruit nous-mêmes....»

J'ai déploré la destruction des biens publics. D'ailleurs, je ne suis pas d'accord qu'on s'en prenne à quelque chose qui nous appartiennent à tous. On s'est détruit nous-mêmes. Quand est-ce qu'on pourra remettre tout cela à la normale. Pour le cas, par exemple du palais de justice, ça va être très compliqué pour avoir des dossiers notamment les casiers judiciaires, les certificats de nationalité. Si on a la chance d'être rattaché à Banfora, ou à Orodara, tant mieux. Si l'on doit aller à Ouagadougou, Gaoua ou même Dori, ça va faire des doubles dépenses. Pour ce qui est des biens privés, on pourra dire que c'est le langage de certaines personnes qui a entraîné tout cela. Quand une personne se permet de dire à tout un peuple que: «même Djamila, la fille du président Blaise Compaoré peut être président du Faso, c'est insulter l'intelligence des Burkinabè». La famille présidentielle n'est, quand même pas, les seuls intellectuels du pays. Je pense que c'est déplorable, mais ce qui est fait est fait. Ça sert à rien de vouloir se venger après. Je pense qu'il vaut mieux pardonner et repartir sur de nouvelles bases.

Un monsieur qui a requis l'anonymat

C'est une situation qui ne nous honore pas. Et c'est tout simplement déplorable.Quand une personne investit dans un logis et par la force des choses, le voit détruire, c'est très déplorable. Cependant, compte tenu de certaines situations, il faudra faire une analyse assez profonde, car le peuple en avait réellement marre. Marre de certaines situations du pays gérées par une partie de la population. Ce qui était écœurant et c'est cela qui a entraîné cette malheureuse situation. Une situation quel'on peut analyser sous deux angles sur le plan politique et humanitaire. En effet, sur le premier plan, à savoir politique, on peut croire que le peuple avait une certaine raison. Au niveau humanitaire et individuellement pris, peut-être que ces biens ont été acquis par ces personnes au moment où ils ne faisaient pas encore la politique. Ça peut ne donc pas être des biens du CDP, comme l'ont pensé beaucoup de manifestants. Pour le cas des biens publics, ce sont les citoyens qui vont payer ces destructions. Ce qui est déplorable.

Lamine Koné, commerçant

«C'est la plus mauvaise des choses....»

Je suis pour le soulèvement populaire, mais pas pour la destruction des biens privés et publics. Ceux qui ont commis ces actes ont oublié la fragilité de notre économie. Et voilà qu'on va encore enfoncer le pays dans la galère. C'est déplorable. Si l'on se dit bon citoyen, il faut suivre l'appel à la cessation des casses. Que ceux qui sont allés en exil reviennent au pays pour qu'on fasse la paix.

Ahmed Ismael Tinto, agent de banque

«J'ai été déçu...»

J'avoue que j'ai été très, très, déçu par le comportement des citoyens par rapport à la destruction des biens publics. Nous sommes les premiers usagers de ces biens et il va falloir reconstruire ces édifices et ce sont d'autres choses importantes comme la construction des hôpitaux, des écoles, que l'on devra mettre de côté. A l'avenir, je pense que chaque parti politique devra éduquer ses militants afin que ces genres de choses n'arrivent plus au Burkina. J'ai toutefois aimé l'attitude de la majorité qui n'a pas incité à répliquer. J'ai apprécié l'appel au calme d'Assimi Kouanda. Et je pense que ces genres de déclarations doivent se multiplier dans le but de préserver la paix sociale et d'apaiser les cœurs.

Propos recueillis par
Bassératou KINDO

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