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« Désormais, nous ferons ce que le peuple veut »

| 04.12.2014
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« Désormais, nous ferons ce que le peuple veut »
© DR / Autre Presse
« Désormais, nous ferons ce que le peuple veut »
Ils ont occupé leur ministère pendant deux jours et ont fini par obtenir la tête d'Adama Sagnon, qui avait été nommé la veille ministre de la Culture et du Tourisme. Même les négociations entamées par le presque numéro deux du gouvernement, Dénise Auguste Barry, n'y ont rien pu. Bravo, car désormais, «c'est ce que le peuple veut que nous ferons».


Les chauffeurs et transporteurs, membres de l'Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF), ont obtenu la tête de leur président. Sankara Adama, en poste depuis près de 20 ans. Il n'a pas résisté à la pression populaire qui a demandé qu'il quitte immédiatement ses fonctions. Comme quoi, c'est ce que le peuple veut qui sera désormais fait.

Filiga Michel Sawadogo, nouveau ministre des Enseignements secondaire et supérieur n'a pas trouvé d'autres solutions que de suspendre à la fois le Directeur général et le Secrétaire général de l'Institut des sciences. Parce que les élèves-professeurs ont voulu qu'il en soit ainsi, après le renvoi d'un des leurs et les conditions inacceptables dans lesquelles ils gèrent leur institut. Ici aussi, c'est ce que le peuple voulait qui a été fait.

Quand on remonte à l'insurrection populaire elle-même, on se rend compte que c'est ce que le peuple veut qui a toujours été fait. Ainsi, le Premier ministre Isaac Zida, sait que là où il est, il le doit au peuple. Alors que son nom n'était pas scandé à la place de la Nation (qu'ils ont rebaptisée place de la Révolution), il est brusquement apparu à la tribune pour se proclamer président de la transition. Autrement dit, vainement à la recherche de quelqu'un pour prendre le pouvoir, Zida est apparu par défaut. C'est la volonté du peuple!

A la mairie de la commune de Bobo-Dioulasso, les travailleurs de la Direction des services techniques municipaux ont réclamé et obtenu le départ de leur directeur. Parce qu'ils ont estimé que ses méthodes de travail ne concordaient plus avec leurs attentes. Le maire de la commune, peu avant la dissolution des conseils municipaux n'a pas eu le choix. C'est le peuple qui a voulu, c'est ce qui s'est passé.

Blaise Compaoré a été contraint à la démission et à l'exil parce que le peuple voulait qu'il en soit ainsi. En effet, sorti massivement ces 30 et 31 octobre 2014, le peuple, (encore et toujours lui) a voulu que plus rien ne soit comme avant. Le résultat a été ce qu'il voulait. Comme diraient les croyants: «c'est le peuple qui a donné le pouvoir, c'est le peuple qui a repris le pouvoir».

Avant tout cela, le peuple a toujours exprimé ses désirs, et sa volonté a toujours été faite. Cependant, si la démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple, il faut convenir que ce pouvoir doit s'exercer dans des domaines et des proportions bien définis. Car, si on n'y prend garde, il suffirait que quelques individus s'organisent contre un responsable donné, exigent son départ, pour que les pouvoirs publics plient. Il suffirait également que quelques personnes, même mal intentionnées, défient la loi pour que les pouvoirs publics plient. C'est ce qui a malheureusement toujours été le cas depuis pratiquement ces cinq dernières années.

Il est établi que le pouvoir se gère avec l'heure des temps. Mais, si cela doit apparaître comme des règlements de compte, il va falloir faire très attention. Car, si plus rien ne doit être comme avant, cela ne doit pas non plus être du désordre. Au risque qu'aujourd'hui soit pire qu'avant.

Dabaoué Audrianne KANI

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