Imprimer cette page

Dénouement du différend frontalier Burkina-Niger: une solution moderne à l’africaine qui doit faire école

| 04.05.2015
Réagir
Dénouement du différend frontalier Burkina-Niger: une solution moderne à l’africaine qui doit faire école
© DR / Autre Presse
Dénouement du différend frontalier Burkina-Niger: une solution moderne à l’africaine qui doit faire école
COOPERATION – Après le passage de la mission conjointe nigéro-burkinabè qui a sillonné des localités nigériennes et burkinabè concernées les 23 et 24 février 2014 pour sensibiliser les populations sur l'arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) du 16 avril 2013 sur le différend frontalier qui opposait le Burkina Faso et le Niger, l'opération de bornage proprement dite a commencé. Une opération qui ne rencontre aucune opposition des populations concernées, preuve que la sensibilisation a produit ses effets. Preuve également que les deux peuples africains ont acquis de la maturité et sont convaincus, à l'instar du chef de la délégation burkinabè, le gouverneur de la région du Sahel, Djibril Lallé, que «la délimitation de la frontière n'est pas une barrière entre les peuples mais bien le contraire. C'est pour marquer la souveraineté, sinon entre les hommes, il n'y a pas de frontière. Nous allons continuer à vivre ensemble sans que cela ne soit un problème».


En effet, comme l'a rappelé pour sa part le chef de la délégation nigérienne, le préfet de Torodi, Boureima Sadou, le tracé de la frontière répond à un besoin de souveraineté, voire de l'existence même des Etats concernés, dont les conditions sont un territoire, un peuple et une souveraineté. Certes, les conséquences d'un tel changement ne sont pas nulles. En vue de pouvoir jouir de certaines facilités, certains peuvent être amenés à changer de nationalité au cas où leur localité change de pays. Ce qui n'est pas négligeable en termes de paperasserie et d'incidence psychologique et sociale. Les Etats aussi subiront certainement des préjudices, des villages jadis sur le territoire burkinabè devant tomber dans l'escarcelle nigérienne, et vice-versa. D'autres désagréments ne manqueront pas et c'est en cela que cette façon de résoudre les conflits à l'africaine mais de façon moderne tout en respectant le droit international en la matière peut être saluée comme un cas qui doit faire école.

En acceptant de perdre des villages, et donc des recettes de diverses natures, le Niger et le Burkina, celui-là ayant perdu plus de villages que celui-ci, ainsi que leurs populations, ont sacrifié leurs privilèges et habitudes devenues secondes natures sur l'autel de la fraternité, du bon voisinage et du bon sens. Ils ont ainsi fait l'économie des affrontements meurtriers auxquels s'adonnent d'autres populations dans d'autres localités pour les mêmes raisons. L'avenir leur donnera sûrement raison, car, en réalité, en plus du fait qu'ils ont 5 ans pour changer de nationalité pour ceux qui le veulent, les nouvelles politiques d'intégrations leur feront se sentir toujours chez eux quel que soit le pays auquel ils appartiendront. Même si la libre circulation des personnes et des biens n'est pas encore parfaitement appliquée dans les espaces UEMOA et CEDEAO, la mise en œuvre des textes y relatifs est constamment évaluée en vue de les rendre plus pratiques. Si une chose est du reste sûre à ce stade, c'est qu'aucun mur, à l'image de celui de Berlin, qui a d'ailleurs fini par tomber un jour, ne sera érigé entre les deux pays et aucune borne n'empêchera les deux populations sœurs et amies de circuler librement dans les deux sens. La séparation, s'il en est vraiment, n'est que sur papier et symbolique, une pure et simple formalité, et ne doit nullement empêcher les populations des deux pays de maintenir cette élévation d'esprit pour accompagner le comité mixte dans sa tâche.

Les Echos du Faso

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité