En effet, comme l'a rappelé pour sa part le chef de la délégation nigérienne, le préfet de Torodi, Boureima Sadou, le tracé de la frontière répond à un besoin de souveraineté, voire de l'existence même des Etats concernés, dont les conditions sont un territoire, un peuple et une souveraineté. Certes, les conséquences d'un tel changement ne sont pas nulles. En vue de pouvoir jouir de certaines facilités, certains peuvent être amenés à changer de nationalité au cas où leur localité change de pays. Ce qui n'est pas négligeable en termes de paperasserie et d'incidence psychologique et sociale. Les Etats aussi subiront certainement des préjudices, des villages jadis sur le territoire burkinabè devant tomber dans l'escarcelle nigérienne, et vice-versa. D'autres désagréments ne manqueront pas et c'est en cela que cette façon de résoudre les conflits à l'africaine mais de façon moderne tout en respectant le droit international en la matière peut être saluée comme un cas qui doit faire école.
En acceptant de perdre des villages, et donc des recettes de diverses natures, le Niger et le Burkina, celui-là ayant perdu plus de villages que celui-ci, ainsi que leurs populations, ont sacrifié leurs privilèges et habitudes devenues secondes natures sur l'autel de la fraternité, du bon voisinage et du bon sens. Ils ont ainsi fait l'économie des affrontements meurtriers auxquels s'adonnent d'autres populations dans d'autres localités pour les mêmes raisons. L'avenir leur donnera sûrement raison, car, en réalité, en plus du fait qu'ils ont 5 ans pour changer de nationalité pour ceux qui le veulent, les nouvelles politiques d'intégrations leur feront se sentir toujours chez eux quel que soit le pays auquel ils appartiendront. Même si la libre circulation des personnes et des biens n'est pas encore parfaitement appliquée dans les espaces UEMOA et CEDEAO, la mise en œuvre des textes y relatifs est constamment évaluée en vue de les rendre plus pratiques. Si une chose est du reste sûre à ce stade, c'est qu'aucun mur, à l'image de celui de Berlin, qui a d'ailleurs fini par tomber un jour, ne sera érigé entre les deux pays et aucune borne n'empêchera les deux populations sœurs et amies de circuler librement dans les deux sens. La séparation, s'il en est vraiment, n'est que sur papier et symbolique, une pure et simple formalité, et ne doit nullement empêcher les populations des deux pays de maintenir cette élévation d'esprit pour accompagner le comité mixte dans sa tâche.
Les Echos du Faso