Sylvain Kafando, soudure au secteur 17 est dépassé par les délestages qui peuvent durer souvent toute la journée. Il prend son mal en patience et nous confie : « avec certains clients, ce n'est pas toujours facile, il y a des clients qui viennent souvent et qui nous créent beaucoup de problèmes parce qu'on n'arrive pas à respecter les rendez-vous ».
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Issa Traoré, tailleur au marché de Zogona se trouve dans la même situation et dans le même embarras. « Les coupures me font beaucoup de mal. Ça me coûte très cher et je deviens un faux type pour les clients. Je paie déjà cher mon atelier et si en plus de cela je n'arrive pas à travailler comme je veux, il y a un problème ». Il faut dire en effet, qu'avec la fête de pâques qui approche, les tailleurs, couturiers et autres stylistes ont vraiment du souci à se faire avec ces coupures de courant.
A l'Université de Ouagadougou où photocopies, saisies et impression de documents ne cessent pratiquement jamais, les gérants des secrétariats publics perdent beaucoup d'argent à cause des délestages. Certains clients ont besoin de leurs documents dans l'immédiat et ils ne peuvent pas se permettre de se soumettre aux caprices de la SONABEL. L'un d'entre eux n'hésite pas à dire « si je trouve qu'au campus je ne peux pas imprimer mon document à cause de la coupure je préfère aller voir ailleurs ». Le gérant reste donc impuissant devient ces nombreux clients qui le quittent parce « qu'il ne peut pas les satisfaire ».
Mais s'il y a des gens à qui les délestages font plus de mal, ce sont les vendeurs de boissons et de poissons frais. « Nous on a de sérieux problèmes avec ces coupures », soupire Célestin. « Comme ça dure souvent des heures, ma boisson se réchauffe à chaque fois. Il faut donc brancher les congélateurs à nouveau. Vous imaginez les pertes que je subis ». Pour les poissonneries, le plus grand risque est que le poisson peut finir par pourrir. En ce moment, la perte ne peut plus se rattraper.
Que faire ?
Oui ! Que faire pour essayer de colmater les brèches ? Pour essayer de minimiser les pertes ? Sylvain avoue impuissant : « Je ne peux rien faire. Sinon patienter et attendre. Ceux qui ont beaucoup de moyens peuvent se permettre de s'acheter des groupes électrogènes. Mais moi je ne peux pas me permettre cela ». Il poursuit en disant que tout son souhait est que la SONABEL « puisse régler rapidement ses problèmes pour qu'il puisse travailler plus sereinement ». Avec les pertes et le chômage technique que provoquent les délestages, certaines personnes comme les soudeurs de Zogona n'hésitent plus demander qu'il ait de la concurrence dans la gestion de l'électricité comme c'est le cas avec les téléphonies mobiles. Ils pensent en effet, que c'est la seule situation pour qu'ils ne continuent plus de payer des facteurs élevés pour « rien ».
Pour la SONABEL, les délestages dans la ville de Ouagadougou sont dus à des pannes techniques sur des groupes importants de leur parc de production thermique, un retard dans l'exécution des travaux de réhabilitation de certains groupes et d'un décalage enregistré dans l'entrée en service effective des nouveaux groupes de la troisième tranche de Komsilga. Tout en espérant que cette situation rentrera dans l'ordre au mois de juin comme les responsables de la nationale d'électricité l'ont promis, les populations n'ont d'autre chose à faire que de prendre leur mal en patience.
Fidwendé SAWADOGO
Avec ZoodoMail