Dédougou : Le CVD de Tikan dans la tourmente

| 11.09.2013
Réagir
Dédougou : Le CVD de Tikan dans la tourmente
© DR / Autre Presse
Dédougou : Le CVD de Tikan dans la tourmente
La chefferie coutumière et certains habitants de Tikan, un village de la commune de Tchériba dans le Mouhoun, sont à couteaux tirés à propos du Comité villageois de développement (CVD). Cette structure qui aurait été mise en place en novembre 2012 par consensus et validée par le maire de Tchériba, fait l'objet d'un conflit ouvert entre les deux parties.

Le Comité villageois de développement (CVD) de Tikan, qui aurait été mis en place en novembre 2012 par consensus et validé par le maire de Tchériba, fait aujourd'hui l'objet de contestation. La chefferie coutumière conduite par Tialou Bailou et soutenu par Djibatan Bailou, un douanier à la retraite, affirme ne pas reconnaître le bureau reconduit. Arguant que ce bureau n'a pas fait l'objet de consensus, le chef du village soutient que l'ensemble des populations s'opposent à la manière dont les membres du CVD ont été désignés. Les contestataires, par la plume de Djibatan Bailou, ont adressé une correspondance à la mairie, pour dénoncer les faits. En réponse à cette correspondance, le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun a fait savoir que selon les résultats de ses investigations, l'ancien bureau du CVD avait été reconduit par consensus et validé. Face à cette situation, il les a invités à transcender les conflits de leadership et à œuvrer au renforcement du climat social. Malgré tout, Tialou Bailou, le chef du village, s'insurge contre ce qu'il qualifie d'irrégularité de la désignation. « Le président du bureau sortant du CVD, Mory Bailou, est venu me dire qu'il était en fin de mandat. Je lui ai suggéré que j'allais réunir l'ensemble de la population et procéder au renouvellement de la structure. Lorsque j'ai réuni les jeunes de tous les quartiers du village, ces derniers m'ont laissé entendre qu'ils ne voulaient plus des membres de l'ancien bureau au motif qu'ils n'ont pas répondu à leurs attentes. Je suis donc allé rendre compte au préfet », a-t-il expliqué. Joint au téléphone, Djibatan Bailou, considéré comme étant l'un des instigateurs, réfute les accusations qui sont portées contre lui, à savoir la dissolution du CVD.

Des accusations mutuelles

Selon lui, on ne peut dissoudre quelque chose qui n'existe pas. A l'en croire, les populations ignorent comment le bureau du CVD a été mis en place. « Il n'y a pas lieu de tergiverser. Aujourd'hui, c'est un déficit de dialogue et de confiance qui existe entre les populations de Tikan et le maire. L'objectif de ma démarche auprès des autorités n'est autre que la recherche de la stabilité. Nous avons souhaité une rencontre avec la tutelle pour en finir définitivement avec. Une liste des membres du nouveau bureau du CVD a été dressée par consensus par les populations et remise au maire depuis septembre 2012. Jusqu'à ce jour, nous n'avons pas eu de réponse. Dans l'administration, toute correspondance a droit à une réponse. Nous ne sommes plus au temps de Louis XIV. C'est la malgouvernance du maire qui est à la base de tout ». A-t-il ajouté. Des propos qui ont été battus en brèche par le camp adverse. Selon le président du bureau validé, Mory Bailou, le renouvellement s'est fait dans les règles de l'art et les populations ont soutenu qu'on ne change pas une équipe qui gagne. « Sous l'arbre à palabres, l'ancien bureau a été reconduit par acclamation en présence des responsables de l'ensemble des quartiers de Tikan et de toutes les sensibilités. Personne n'a trouvé à redire et nous nous sommes séparés ». Pour Kounabié Bailou, un notable du village. L'ensemble du village a désigné Mory Bailou comme président du CVD. Il a également confié que c'est le chef du village et Djibatan qui veulent imposer un certain Fakouan. « Fakouan n'est pas apprécié par les jeunes du village. Nous avons dit que comme nous sommes en démocratie, il faut passer au vote. Etant minoritaires, ils ont refusé la voie des urnes devant toutes les autorités. Ils ont demandé tout simplement que Mory passe le témoin. Si ce n'est pas par le vote, nous ne nous plierons pas à leur décision, sauf si l'autorité nous y oblige. En ce moment, on aurait aussi violé les règles du jeu démocratique », a-t-il relevé. Yanimou Belou, ancien compagnon du chef de village, soutient que le choix de Mory est une volonté des populations et il souhaite que les autorités prennent leurs responsabilités et tranchent définitivement.

Le renouvellement a respecté les règles

Selon le maire de Tchériba, Romain Biékoi Ko, le renouvellement du CVD de Tikan a respecté la procédure et obéi aux règles. Il en veut pour preuve les membres du bureau qui reflètent la configuration géo- spatiale du village. L'édile de Tchériba estime que ce « conflit » n'est ni plus ni moins qu'une question de leadership. Qu'à cela ne tienne, sur instruction du ministre de l'Aménagement du territoire et de la décentralisation, la reprise du renouvellement, le 24 août dernier, n'a pu aboutir. Chaque partie restant campée sur sa position. Le maire a laissé entendre que le dialogue n'est pas rompu et espère que les concertations qui se poursuivent aboutiront à un compromis. Ce souhait est largement partagé par le haut- commissaire du Mouhoun, Zakaria Parré. Ce dernier regrette que des populations d'un même village soient divisées sur des questions de développement. Tout comme le gouverneur, il a invité les différentes parties autour d'une même table, pour, dit-il, construire dans l'unité et la cohésion.

Serge COULIBALY

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité