Contrôle des prix : La traque a démarré dans le Centre-Ouest

| 21.10.2013
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Ces sachets de piment n’ont même pas de date de péremption
© DR / Autre Presse
Ces sachets de piment n’ont même pas de date de péremption
Dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique de lutte contre la vie chère, le gouvernement a pris des mesures concernant la qualité et la métrologie de 19 produits de grande consommation dont le contrôle des prix dans les régions du Centre et des Hauts-Bassins. En vue de favoriser une application effective de cette mesure dans les treize régions du pays, des contrôles inopinés seront menés sur toute l'étendue du territoire national. Le lancement officiel de cette opération dans la région du Centre-Ouest a eu lieu à Koudougou, le vendredi 18 octobre 2013, par le conseiller technique du ministère de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (MICA), Charles Eugène Nabollé.

Vendredi 18 octobre. 8h30. Direction régionale du MICA. Tous les acteurs pressentis sont présents : Journalistes, gendarmes et techniciens du ministère de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat, accueillis par le directeur régional du MICA, Nalkessé Komikiyoaba. Briefing du conseiller technique du MICA, Charles Eugène Nabollé, qui a recommandé aux agents de contrôle d'agir avec professionnalisme pour réussir leur mission. Divisé en deux équipes, tout ce beau monde s'ébranle. Direction la zone commerciale de Koudougou. Les cibles : boutiques de grossistes, demi-grossistes, détaillants, alimentations, supermarchés, stations d'essence et nous en oublions.

Dans le magasin de Kuilga Augustin Zongo, la première équipe passera plus de deux heures à compter, à peser, à évaluer, à vérifier et même à fouiller. A la fin, des griefs ne manquent pas. Ceux-ci tournent autour du reconditionnement de riz dans des sacs de 25kg avec le constat que le poids du contenu n'atteint jamais les 25kg estampillé sur l'emballage, l'inscription ''Qualité supérieure'' ne concerne nullement le riz qui y est conditionné, car étant tout bonnement du riz ordinaire (25% de brisures). En outre, il ressort que lors d'un contrôle antérieur, les agents du MICA avaient sommé Kuilga Augustin Zongo de ne plus reconditionner le riz.

Celui-ci se justifie par le fait que des sacs de 50kg importés se percent à l'arrivée. Si bien qu'il est ''obligé'' de reconditionner le riz pour ''aider les clients qui ne peuvent pas acheter un sac de 50kg'', affirme-t-il. En plus, le responsable de l'Etablissement Zongo Kuilga Augustin et Frères (EZKAF) qui fait dans le gros, demi-gros et détail, chose interdite par les textes, soutient que Koudougou n'étant pas un gros centre, ne vendre seulement qu'en gros ne serait pas rentable et ne profiterait pas à la clientèle à petite bourse. ''Ces contrôles favorisent la régulation du marché et je n'y trouve pas d'inconvénient'' a déclaré Kuilga Zongo, qui promet de confectionner un tableau où seront inscrits les prix des différents produits.

Indélicatesses et petits arrangements

Au super marché de CORAM, les étals sont bien achalandés et aiguisent la convoitise des clients. L'œil attentif, les agents de contrôle inspectent soigneusement les produits. Et ô surprise ! Comment s'attendre à voir dans une telle alimentation des articles périmés ? Pourtant, c'est ce que vont détecter les fins limiers du ministère du Commerce. Ils exhibent triomphalement des produits dont la date de péremption est expirée et d'autres qui n'en ont même date. ''Nous essayons de faire de notre mieux. Mais dans tout travail, des choses peuvent échapper à notre attention. Cela ne veut pas dire que c'est expressément fait. Nous allons enlever immédiatement ces produits et veiller à ce que cela n'arrive plus. Chaque fois que nous constatons que la date de péremption d'un produit est dépassée, nous le retirons du rayon, car nous sommes conscients que cela peut nuire à la santé des consommateurs'', confesse le caissier de l'alimentation CORAM de Koudougou, Bernardin Yaméogo. Il dit apprécier ces types de contrôle qui empêchent les commerçants de hausser les prix. Sur les produits de grande consommation, Bernardin Yaméogo avoue que leur maison respecte les prix édictés.

D'autres indélicatesses, nous en avions vu dans d'autres lieux de commerce. Exemple, ces 09 cartons de cigarettes et ces 11 paquets de piles prohibées saisis dans la boutique de Raphael Kagambèga. Par contre chez Robert Zongo (vente de liqueurs) et à la station Faso-Oil de Tasséré Zoungrana les contrôleurs et les journalistes n'ont rien noté de suspect. A la station Faso-Oil, les techniciens ont indiqué que sur la base des vérifications, les prix, quantités et qualité des produits distribués étaient conformes aux prescriptions du ministère. C'est rassurant de savoir que des propriétaires travaillent à proposer des produits répondant aux normes.

Cela est bien louable et doit inspirer les autres acteurs du secteur économique. Les consommateurs, quant à eux, saluent l'initiative et se disent satisfaits des mesures du gouvernement prises pour le contrôle des prix : «La vie est chère, certes, mais les commerçants veulent gagner 100% de bénéfice donc cela rend la vie encore plus chère. Pour cela, j'encourage les agents de contrôle à ramasser tout ce qu'ils trouveront comme produits périmés et je souhaite que ces contrôles se poursuivent dans les petites boutiques des quartiers», a confié, Mahama Yanogo, un consommateur.

Fort heureusement, cette journée de ''fouille'' n'est que le démarrage d'une longue procédure qui ira jusqu'en fin décembre et qui concernera toutes les localités de la région, ainsi que l'a assuré le conseiller technique, Charles Eugène Nabollé. (Voir encadré).

Cyrille Zoma et Ebou Mireille Bayala

Encadré

A l'issue de la sortie sur le terrain, les responsables du MICA ont animé un point de presse pour dresser le bilan. Il en ressort qu'en ce qui concerne les cas d'irrégularité, des sanctions sont prévues à l'endroit des fautifs. Pour les sacs de 25 kg reconditionnés en des sacs de 23 kg, les responsables devront payer une amende sous peine d'emprisonnement. Pour les produits expirés mais existant sur le marché, ils sont retirés du circuit et en fonction de la quantité retrouvée, l'amende est fixée. Dans ce cas de figure, la sanction des récidivistes est multipliée par deux et peut même aller à la fermeture de leur boutique.

De façon générale, les responsables du MICA ont salué la tenue de tels contrôles qui profitent à tous. Et Charles Eugène Nabollé, conseiller technique dudit département, a fait le constat suivant : «Il y a de plus en plus de l'engouement et les consommateurs apprécient positivement cette activité qui vise à stabiliser les prix. Nous sommes dans un contexte de vie chère et nous nous devons d'œuvrer à cette stabilité en vue de l'amélioration des conditions de vie des populations».

Aussi a-t-il apprécié la collaboration des acteurs notamment les commerçants à travers leur syndicat, leurs associations. Ces acteurs s'inscrivent désormais dans une dynamique de dialogue avec le ministère si bien que même les différentes réglementations sont élaborées sur une base consensuelle ; ils s'impliquent également dans la sensibilisation. Le conseiller technique et son équipe ont salué cet esprit de collaboration qui mérite d'ailleurs d'être renforcé pour l'assainissement et la construction d'une économie nationale forte.

E.M.B.

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