Consommation du riz : Le riz local fait tout de même son bonhomme de chemin à Ouagadougou

| 11.03.2014
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DU RIZ LOCAL DU BURKINA
© DR / Autre Presse
DU RIZ LOCAL DU BURKINA
Le riz local est considéré par les spécialistes de la nutrition comme contenant des éléments nutritifs très riches en vitamines. Cependant, dans la capitale burkinabè, la majeure partie des populations ont un penchant beaucoup plus manifeste pour le maïs et le riz importé au détriment de celui-ci. Un constat dans une boutique de la place.

En dépit des efforts de réduction de la dépendance du pays vis-à-vis de l'extérieur à travers le développement de la production nationale, le marché national du riz est toujours largement couvert par les importations. Cet état de fait affecte, à quelques égards, la consommation du riz local à Ouagadougou, la capitale burkinabè. Ce vendredi 31 janvier 2014, à la boutique-témoin de Paspanga, arrondissement n°1 de Ouagadougou, les clients n'affluent pas. Jusqu'à 12 heures, Martine Tamboura, une quinquagénaire, n'a vendu que trois sacs de riz de 50 kg et 4 sacs de 25 kg. « Les gens fréquentent la boutique. Ils viennent le plus souvent entre 10 heures et 11 heures. Mais, comme c'est le mois de janvier, ils ne sont pas aussi fréquents », déplore la première responsable de la boutique. Un registre de tickets, deux échantillons de riz local, brisures et longs grains, et un détecteur de faux billets déposés devant elle sur la table, elle semble s'ennuyer. Les quelques clients qui viennent à compte-gouttes affichent, pour la majorité, un goût pour le maïs. Enrhumée, la voix un peu obstruée, Martine Tamboura affirme que certains Ouagalais (habitant de la capitale du Burkina Faso) s'intéressent peu au riz local, parce qu'ils estiment qu'il contient des cailloux. « Pourtant, c'est un riz qui est bien. Ce que nous recevons est sans caillou », soutient-elle. Les sacs de 25 et 50 kg de riz local sont vendus, respectivement, à 7 500 et 15 000 F CFA. A l'opposé du maïs conditionné dans des sacs de 50 kg, les clients, qui s'intéressent au riz ce jour, paient le plus les sacs de 25 kg. Une covendeuse de la boutique, Eliane Gando avance la même opinion sur la vente du riz local : « Les gens ne s'intéressent pas trop au riz local. Ils trouvent que sa préparation nécessite trop de protocoles. Il faut d'abord le passer à la vapeur ». De même, certains pensent que le riz local n'est pas bien traité et qu'il contient des cailloux. Donc, il faut trouver un riz qui est facile à préparer. « Pourtant, le riz local est naturel », regrette Mme Gando. Si certains habitants de la capitale burkinabè semblent préférer le riz américain, taïwanais ou japonais au détriment de celui local, chez Aboubacar Sidiki Sougué, c'est le contraire. Pour ce militaire burkinabè, le riz local contient de nombreux éléments nutritifs. « Il est très bon, parce qu'il contient toutes les vitamines nécessaires. Je l'achète fréquemment dès que mon stock est épuisé. Un autre avantage, c'est qu'il est moins cher dans les boutiques de la SONAGESS », relève M. Sougué. Un autre client, Amado Ouédraogo, dit avoir opté pour le riz local. A l'entendre, il s'approvisionne régulièrement dans les boutiques de la Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire (SONAGESS).

Une vingtaine de clients par jour

« En moyenne, 20 à 25 clients par jour. Quand c'est la fin du mois, on peut atteindre parfois 50 personnes par jour », renseigne la quinquagénaire. La livraison se fait sous délivrance d'un ticket. Elle ne doit pas excéder 2 sacs par personne. Un ravitaillement de 5 tonnes de riz local et 15 tonnes de sacs de maïs, selon les gérantes, se fait régulièrement toutes les deux semaines. Si les clients ne viennent pas comme le désire Martine Tamboura, chez Eliane Gando, qui s'occupe de la vente du maïs, c'est tout autre. Agée d'une trentaine d'années, Eliane Gando déclare recevoir 40 personnes par jour. Dans la matinée du 31 janvier 2014, ce sont 35 sacs de maïs de 50 kg vendus. « Par jour, je peux faire des recettes d'environ 240 000 FCFA », confie-t-elle. Peinte en rouge et logée près de l'enceinte d'un lycée de la capitale, non loin du goudron, une plaque indicative intitulé ''SONAGESS'' fixée sur le mur du lycée et, à une quarantaine de mètres, une immatriculation à l'effigie « Siège Association des Mis de la municipalité de Ougadougou », la boutique expose exclusivement, à prix social, le riz local et du maïs. A l'intérieur, ce sont des sacs superposés des sacs disposés en trois couches. Une première couche à gauche, ce sont des sacs de riz de 25 et 50 kg. D'un autre côté, des sacs de maïs de 50 kg, dont une première couche presqu'à même le sol et une seconde bien élevée derrière elle. « La boutique vient d'être ravitaillée avant hier », expliquent les gérantes. Assis, calme, à droite de la porte d'entrée, un policier assure la sécurité des lieux.

Bakary SON

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