Prévenir les conflits intercommunautaires et les graves accidents de la circulation, cela est possible. Dans le cas des crises entre populations, il n'y a jamais rien qui arrive par surprise. Il s'agit généralement de conflits latents mal gérés ou totalement ignorés. L'information est pourtant sue des autorités, sur le fait que le feu couve, pour telle ou telle raison. Mais personne ne lève le petit doigt. Pourtant, il s'agit parfois d'une simple question de justice. Quand l'impunité couvre de son voile certaines pratiques de certaines personnes, la colère contenue finit par exploser en actes de violences et d'affrontements. C'est cette incapacité des autorités à anticiper et à régler certaines crises qui amène d'ailleurs les populations à se rendre justice. Car si elles savent que leurs problèmes peuvent être traités avec diligence et équité par les institutions appropriées, elles se plieront à leurs décisions. Il est donc clair que les populations commencent à être méfiantes de l'Etat. C'est ainsi qu'à Mané, dernier foyer d'affrontements en date, le mécontentement des populations vis-à-vis de la mission gouvernementale était perceptible. Il est donc temps d'envisager une nouvelle forme d'administration des populations qui privilégie la prévention des crises. Cela passe par une justice indépendante, surtout à l'endroit les paysans qu'on croit à tort ignorants de leurs droits.
Il en est de même des questions liées aux accidents de la route. Si le ministre des Transports lui-même faisait des descentes sur le terrain, il constaterait de visu les manquements au code de la route et les insuffisances en matière de contrôles routiers. Les agents chargés du contrôle, qu'ils soient de la police, de la gendarmerie ou de l'ONASER, seraient plus exigeants vis-à-vis des contrevenants, s'ils savaient qu'à tout moment le ministre peut effectuer une visite de terrain. C'est vrai qu'ils travaillent dans des conditions difficiles, avec des salaires souvent dérisoires, mais cela ne saurait justifier le laisser-aller dont ils font preuve. Car ce sont des vies qui sont en jeu. Et en la matière, aucun comportement de nature à mettre en péril la vie de voyageurs ne doit être toléré. Voilà le message que le ministre doit régulièrement porter, en personne, à ses hommes.
Au total, les autorités sont bel et bien au courant des prémices de conflits et des dérives sur nos routes. Le problème, c'est qu'elles ne font rien, jusqu'à la survenue d'un drame. La règle désormais devrait être de prévenir les conflits et de réprimer les atteintes au code de la route. Il faut agir en amont et non attendre toujours que le pire survienne avant de réagir. Sinon, de plus en plus, les populations considéreront comme du mépris, des mises en scènes et de l'hypocrisie, les missions gouvernementales dépêchées en urgence sur les lieux des accidents ou des conflits .