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Commune de Kindi : Danse funèbre contre le maire

| 21.08.2013
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Commune de Kindi : Danse funèbre contre le maire
© DR / Autre Presse
Commune de Kindi : Danse funèbre contre le maire
Dans la commune rurale de Kindi, province du Boulkiemdé, un conflit foncier oppose actuellement le maire aux habitants de Tonsnabyiri et une bonne partie des habitants de la commune. Un conflit né suite à l'attribution de 13 hectares de terre à Serge Baguemzanré qui n'est autre que le fils aîné du maire. Et pour manifester leur mécontentement, les notables de la tradition coutumière du village de Tonsnabyiri sont sortis au cours d'une marche de protestation organisée le 19 août 2013 à Kindi, pour proférer des malédictions à l'encontre du maire, Thomas Baguemzanré.

Ce 19 août 2013, dans la matinée, la ville de Kindi était surchauffée, malgré la fine pluie qui venait d'arroser cette localité. Sur invitation des notables du village de Tonsnabyiri, tous les commerçants ont fermé boutiques pour prendre part à la marche, ou tout au moins, respecter le mot d'ordre ville morte, afin de manifester leur mécontentement contre le maire de Kindi, Thomas Baguemzanré. Il est reproché au maire « l'attribution d'une superficie de terre estimée à 13 hectares, de façon illicite, dans le village de Masseré, situé à quelques encablures de Kindi et Siglé ». Et selon la population, la terre en question est sacrée, car c'est en ces lieux que tout l'arsenal coutumier du village est déposé dans un trou que personne ne peut découvrir.
A notre arrivée, c'est une ville qui ne grouillait pas de son monde habituel qui nous a été donné de voir. Peu de temps après, un jeune arrive à toute vitesse sur sa moto et demande si nous étions les journalistes ? Après avoir obtenu la réponse attendue, il invite la presse sur la route de Siglé, « car les manifestants sont là-bas ». En effectuant le déplacement au lieu indiqué, nous nous rendrons compte qu'il s'agit effectivement d'une marche, mais pas comme les autres. En effet, ce sont les dépositaires de la tradition coutumière qui dirigeaient la marche, en lieu et place de ce qu'on connaît d'habitude.
Des traditionalistes qui proféraient des malédictions à l'encontre du maire en esquissant des pas de danses funéraires, sous l'impulsion du son des tams-tams qui reprenaient, en langue nationale mooré, le sens de la danse des vieux dignitaires. Pour celui qui surprendrait la marche, il ne peut que l'assimiler à des funérailles d'une personne d'un âge avancé. Pourtant, « elle est dédiée au maire de la commune et c'est par anticipation qu'on célèbre ses funérailles », a-ton ouvertement dit.
On pouvait aussi lire sur des pancartes tenues dans la foule, des messages condamnant l'expropriation des terres de Kindi par le maire, Thomas Baguemzanré et sa famille. Les marcheurs d'un autre genre, sont allés effectuer des pas de danse et dire quelques mots pas aimables à l'endroit du maire, devant la mairie, avant d'aller remettre un message au préfet de Kindi, Alexis Badoma.

La parcelle à l'origine du conflit, bornée

Selon les manifestants, tous les outils traditionnels qu'ils ont utilisés pour la marche du 19 août 2013 sont sortis d'un point sacré de l'endroit mis en cause Seules deux familles habitent sur les lieux. Les autres étant juste à côté, formant un village appelé Tonsnabyiri. Et pour s'attribuer la zone que les habitants estiment fertile, le maire aurait utilisé des subterfuges. Selon les habitants du village, c'est son premier adjoint qui est allé voir le vieux Bangré Ouédraogo, un des deux habitants des lieux pour lui signifier le désir du maire de viabiliser la zone en implantant un forage pour leur permettre de faire du jardinage et développer leur élevage. Chose que le vieux Bangré Ouédraogo a approuvée, en donnant sans hésiter son accord. Plus tard, on lui envoya un papier de signer pour permettre l'implantation du forage. Papier qu'il a encore signé sans se poser des questions. Mais à la longue, il s'est avéré que c'est un procès verbal de cession de 13 hectares à Serge Baguemzanré, fils aîné du maire que le vieux a signé sur toute la ligne.
En retour, il n'a reçu du maire que 3 000 FCFA pour lui-même et 3 000 FCFA aussi pour son frère habitant la même zone. Aujourd'hui, le vieux Bangré Ouédraogo est amer contre le maire et il soutient que quelle que soit sa pauvreté, il ne peut pas vendre sa cour et ses champs de même que ceux de son frère à 3 000 FCFA au maire.
La parcelle à l'origine du conflit, a été bornée par un topographe qu'on dit être un employé du maire dans son entreprise. Aujourd'hui, le fils du maire dispose des documents prouvant qu'il est propriétaire des 13 hectares, car connaissant bien l'administration, le maire a déposé une demande au domaine qui été accordée. Mais dans le village de Masseré, on est pressé de voir qui viendra réclamer la paternité de la terre. C'est avec la saison hivernale que tout a paru bizarre aux yeux des notables de Tonsnabyiri parce qu'un tracteur est venu labourer et du maïs a été semé sur une partie des 13 hectares.
A la question de savoir qui est le propriétaire, le maire aurait dit qu'il ne sait pas de qui il s'agit, bien que ce soit son tracteur qui a labouré le champ de maïs. Et pour mettre fin à cette tentative d'expropriation de leur terre sacrée, la population est allée, le 18 août 2013, procéder à l'arrachage de tout le champ de maïs sans que personne ne proteste. A Kindi, ce 19 août, la tension était vive.Contacté le maire, Thomas Baguemzanré, a promis donner sa version plus tard pour éclairer davantage l'opinion publique sur la question de cette terre de Masseré.

François KABORE

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