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Commerce et industrie: il faut chasser les vieux matous de la Chambre

| 03.03.2015
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Commerce et industrie: il faut chasser les vieux matous de la Chambre
© DR / Autre Presse
Commerce et industrie: il faut chasser les vieux matous de la Chambre
Nous n'avons pas l'intention de revenir sur l'affaire qui défraie la chronique par ces temps au Faso. Du moins, pas aujourd'hui. Nous voulons parler de l'activité commerciale et industrielle au Burkina et la nécessaire réforme de la Chambre de commerce et d'industrie du Burkina Faso.

 

Le commerce et l'industrie au Burkina ont été l'œuvre de braves personnes qui sont parties de rien. Certaines ont été artisans, d'autres des colporteurs qui allaient de contrée en contrée pour écouler des biens de première nécessité ou s'approvisionner en ces mêmes denrées. Petit-à-petit, les plus entreprenantes ont pu bâtir des affaires qui ont prospéré. Sont de celles-là les personnes surtout physiques (l'activité est adossée à un nom) qui opèrent dans l'import-export, les BTP, l'immobilier, l'agro-alimentaire et les hydrocarbures notamment. Elles n'ont pas pion sur rue. Les opérateurs économiques qui ont eu la chance de bénéficier d'une instruction moderne se sont investis dans les services. De nos jours, ces personnes dominent de la tête et des épaules tout le secteur commercial et industriel.

Le régime de la 4ème république ayant tissé le nid de la corruption dans la société en général, ces opérateurs économiques ont prospéré à tout-va par la fraude, l'incivisme fiscal et les exonérations indues. C'était presque les mêmes qui étaient adjudicataires des marchés publics, en fonction de leur secteur d'activité.

Blaise Compaoré et proches ayant compris plus tard qu'on ne pouvait être mieux servi que par soi-même, ils sont rentrés dans la danse: on a créé des sociétés écrans; des business ont été montés par des personnes dont on sait qu'elles n'ont ni les moyens, ni le profil de l'activité. On s'attribue les marchés juteux. C'est pourquoi des biens, soupçonnés d'appartenir à la famille Compaoré et relations, ont été mis à sac aux jours de l'insurrection populaire. Blaise est parti mais ces réseaux mafieux existe toujours. Qu'il faut démanteler, pour assainir le milieu et éviter les situations du genre dates de péremptions falsifiées et des importations frauduleuses. Car, en réalité, si le pouvoir de la 4ème république avait été là, probablement que cette affaire n'allait pas être mise au grand jour. La preuve, elle existe depuis 2011. Bravo à ceux qui ont permis de réaliser ce grand coup, bravo à Der Alte qui a mis la pression du mandat d'arrêt international pour que OBOUF rentre. Bravo au juge qui aurait, d'après notre confrère Fasozine, émis un mandat de dépôt de ''Horloger'' à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou.

La Transition est neutre et doit au moins faire ça.

Nous appuyons cette idée de réforme de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Burkina Faso. C'est le «Collectif des professionnels de l'Industrie, du Commerce et des Services, des Organes de la Société civile pour une Chambre de commerce assainie» qui l'a émise, à travers une audience avec le président du Conseil national de la Transition (CNT). Le Collectif juge inacceptable que le bureau de la délégation spéciale mise en place après la dissolution de la Chambre consulaire soit présidé par «le très contesté M NACOULMA Brahima» et a des appréhensions sur la qualité des résultats de l'audit que cette Délégation va commanditer.

Raison pour laquelle le Collectif ne s'arrête pas là. «C'est ainsi que nous venons très respectueusement vous demander d'initier une enquête parlementaire afin de situer les responsabilités sur la gestion scabreuse et patrimoniale de la chambre de commerce» écrit-il au président du CNT. Il explique que la gestion des terminaux portuaires du Burkina au niveau des ports de Téma et Takoradi au Ghana, Abidjan en Côte d'Ivoire, Lomé au Togo et Cotonou au Bénin est faite par la Chambre de commerce. Au niveau local, d'autres infrastructures et services relèvent de sa gestion. Entre autres, il y a 1e Centre de Formation en transport routier et activités auxiliaires (CFTRA), le Centre de formation touristique et hôtelière (CFTH), l'école des professions commerciales, le Service alphabétisation, l'Institut supérieur du génie électrique (ISGE), l'Hôtel OK INN, Ouagarinter, les parcs de BVA et le port sec de Bobo.

Le Collectif constate que «Après (...) le bradage des sociétés d'Etat dans le domaine du transit, des chemins de fer, nous constatons que les mêmes lobbies se sont accaparés de ces différentes sociétés, à travers des multinationales occidentales et se sont auto-octroyé la gestion des terminaux portuaires à travers leurs hommes de main qui y sont installées depuis les années 90 au niveau de la chambre de commerce.»

Le Collectif est plus amer, lorsqu'il assène: «Ainsi, tout le commerce du Burkina est entre leurs mains depuis les portes d'entrées où ils ont le monopole du transit et de la manutention rançonnant tout importateur car leur imposant des prix de transit parfois dix fois supérieur à la normale.» Voilà pourquoi il refuse de voir l'asservissement économique de tous les secteurs commerciaux du Burkina sans réagir.

Ceux qui étaient là dans le Bureau consulaire et ceux qui font la Délégation spéciale sont des personnes qui connaissent les vestibules de la Chambre de commerce pour les avoir fréquentés depuis plus de 40 ans. Déjà, certains noms sont cités dans la presse comme étant ceux de prétendants à la présidence de la future Chambre de commerce. On comprend qu'ils aient des intérêts à défendre mais le jeu n'en vaut plus la chandelle. Car plus rien ne sera comme avant. Il faut de nouvelles compétences, jeunes, dynamiques et ouvertes sur le monde. Et c'est à cette ''jeunesse'' de savoir unir ses forces pour prendre la citadelle Chambre de commerce.

Lougouvinzourim

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