Ces pratiques sont devenues même monnaie courante et prennent de l'ampleur. Le secteur du commerce est trop pourri. Les Burkinabè se souviennent et se souviendront encore pour longtemps de la découverte, le jeudi 19 février 2015, dans le village de Gampéla, dans la banlieue de Ouagadougou, d'un important entrepôt de boissons en cannettes périmées mais frauduleusement reconditionnées pour être revendues sur le marché.
Cette découverte constitue une catastrophe, car la consommation des produits périmés représente une véritable menace sur la santé des populations. En attendant que toute la lumière soit faite par l'appareil judiciaire sur cette affaire qui a suscité un tollé général au sein de l'opinion publique, on a encore du mal à croire à cette initiative de reconditionnement illicite des produits destinés à la consommation de masse. Comment peut-on, comme ça, vouloir empoisonner la vie d'autrui sous prétexte que l'on veut chercher de l'argent? Comment un être humain normal et consciencieux peut-il se hasarder à se lancer dans de telles pratiques sous prétexte de faire prospérer ses affaires? Certes, l'argent n'a pas d'odeur, dit-on, mais la vie humaine est sacrée. «La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie» disait à juste titre André Malraux.
C'est pourquoi il est difficile de comprendre certaines pratiques néfastes sur la vie d'autrui qui gagnent du terrain dans le commerce. De la petite vendeuse du quartier qui ajoute du carbure à ses haricots pour les faire cuire sans consommer beaucoup d'énergie ou qui fait mûrir ses fruits avec le même produit aux gros bonnets qui importent des quantités importantes de denrées contaminées impropres à la consommation, le monde du commerce est véreux. Même la dolotière ''baptise'' son dolo avec des décoctions. On ne parle plus des reconditionnements des sacs de ciment. Ce sont ces mêmes personnes qui n'emploient pas de travailleurs et ne paient pas d'impôts. Pour eux, «ils gagnent ou ils gagnent», pas question de laisser tomber un kopeck. C'est ce qui amène les pratiques frauduleuses du genre reconditionnement incessant de produits de consommation de masse dont la date de péremption a expiré. Combien de commerçants s'adonnent à cette pratique au quotidien dans leurs magasins, établissements, boutiques, alimentations et autres?! Difficile, car ils sont très nombreux à Ouagadougou et dans les autres villes du pays.
Au nom de l'éthique, de la morale et de la vie humaine, il faut moraliser la pratique du commerce. On ne doit pas s'enrichir en empoisonnant la vie des autres. Si les auteurs des pratiques frauduleuses et néfastes n'ont pas de morale, de dignité ou de probité au point de s'entêter dans leur sale besogne, les autorités doivent sévir vigoureusement pour les mettre hors d'état de nuire. Surtout, en cette période de la Transition où le président a dit, lui-même, que plus rien ne sera comme avant. Le commerce n'est pas une activité que n'importe quel quidam doit mener.
Bien sûr qu'on n'a pas besoin de faire des études pour le pratiquer mais en cas de manquements, on doit appliquer la sanction, en ayant à l'esprit que «nul n'est censé ignorer la loi». Tout ce que nous consommons au quotidien est potentiellement dangereux pour notre santé. L'eau en sachets n'est pas potable. L'huile est frelatée. Le sel est d'origine douteuse. Les bouillons sont périmés. La viande est avariée. Le pain contient des produits cancérigènes. Le riz est contaminé. Le commerce ne doit pas être une caverne d'Ali Baba où l'on vient ''se débrouiller'' au détriment des autres. Le Laboratoire national de santé publique a donc du pain sur la planche et du grain à moudre pour opérer des contrôles de masse.
Les Echos du Faso