Comme si une guerre civile était passée par là !

| 05.11.2014
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Comme si une guerre civile était passée par là !
© DR / Autre Presse
Comme si une guerre civile était passée par là !
Quand on n'est pas courageux, quand on est une âme sensible, il faut s'abstenir de faire le tour des domiciles et des administrations qui ont été la cible des manifestants du 30 octobre. Tellement les dégâts sont énormes et incompréhensibles. On peut bien, à propos se demander comment des Burkinabé peuvent-ils agir de la sorte, contre d'autres Burkinabé? De même, il est difficile de comprendre que des Burkinabé, conscients de leur rôle dans la construction de leur pays, puissent décider en une seule journée de détruire ce qu'ils ont eux-mêmes construit. Mieux, après avoir procédé à la destruction de biens, certains se sont permis d'emporter des objets, dont des portes, des fenêtres, des portes-battantes, des congélateurs, des climatiseurs, des ordinateurs. Bref, tout ce qui peut l'être. Etait-ce cela l'objet de la manifestation? Si non, c'est qu'il y a quelque chose qui n'a pas marché à quelque part. En attendant, on peut au risque de se tromper dire qu'il s'est tout simplement agi de règlements de compte.


De pareilles destructions, on les voit très souvent dans des pays qui ont connu des guerres civiles. A Bouaké par exemple, la ville était méconnaissable après la guerre civile que la Côte d'Ivoire a connue. Mais, à ce que nous sachions, ce n'est pas le cas dans notre pays. Pourquoi donc cela? Pourquoi cela? Le Burkina Faso ne mérite pas cela. Et si jamais on ne prend pas sérieusement des mesures pour mettre fin à de tels comportements à l'avenir, pendant qu'il est temps, on risque d'en connaître pire.

Le palais de justice de la deuxième ville est parti en fumée. Toute la documentation, y compris les équipements ont été passés dans les flammes. Il a fallu la détermination des forces de l'ordre pour que les délinquants de la Maison d'arrêt de correction de Bobo-Dioulasso ne soient pas libérés. Combien de personnes ont des dossiers en justice? Combien de temps cela prendra-t-il pour refaire ce palais et l'équiper afin que des usagers puissent y aller pour se procurer des documents nécessaires? Le bâtiment de la mairie de la commune est méconnaissable. Aucun document, aucun équipement n'a été épargné. Tout est parti sauf les murs qui ont résisté. Alors qu'on disait que la mairie ne travaillait pas bien, maintenant qu'elle n'existe même plus, que va-t-on faire?

A la cité présidentielle, tout a été cassé et pillé. Pourquoi? Des bitumes ont connu le feu. Alors qu'on n'en a même pas assez dans notre ville. Pourquoi?

Si la lutte avait une justesse, les destructions que nous avons connues ne se justifient en rien. Au contraire, on a tout simplement mis des gens sur la défense. Prêts eux-aussi, à se venger si toutefois le moment se présentait. Alors que c'est ce qu'il fallait éviter.

Bobo-Dioulasso, ville déjà en manque d'infrastructures paie un lourd tribut. La ville qui avait déjà été très éprouvée par les manifestations contre la vie chère en 2008, et qui venait de connaître la remise à neuf de certains d'entre elles repart en arrière. La recette municipale que la mairie se débrouillait à construire pour booster les recettes afin d'engager un véritable développement a été pillée. Les travaux de construction des avenues Nelson Mandela et Ouezzin Coulibaly, prévus dans les tous-prochains jours n'auront plus lieu. En tout cas pas tout de suite comme il était prévu. Les éclairages d'avenues qui étaient en cours seront sûrement suspendus jusqu'à nouvel ordre.

Bobo-Dioulasso va encore attendre. Jusqu'à quand?

Dabaoué Audrianne KANI

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