En l’espace de trois mois, c’est la deuxième fois que l’archevêque de Ouagadougou, le Cardinal Philippe Ouédraogo vient à la MACO. Cette fois, c’est pour célébrer la fête pascale au milieu des pensionnaires de cette prison, une manière pour l’église, selon lui, d’être proche de ceux qui souffrent. Du reste, célébrer une solennité avec les détenus est devenu presqu’une tradition pour l’archevêque de Ouagadougou depuis quelques années.
Face aux prisonniers, ‘’Papa Cardinal’’ comme l’appelle affectueusement les prisonniers eux-mêmes, était porteur d’un message de réconciliation. « Vos quartiers, vos cellules doivent être des lieux d’authentiques réconciliation », a-t-il conseillé au cours de son homélie et d’insister, « chacun est invité à être agent d’unité et de paix ». A travers sa présence parmi les détenus, le père de l’église catholique de Ouagadougou, entend raviver la foi et la grâce baptismale au sein de la population carcérale. « Que les détenus ne baissent jamais les bras, qu’ils restent dans l’espérance, que tout a une fin et que Dieu ne les abandonnera jamais », s’est-il exprimé.
« Ne retenir personne pour responsable de nos malheurs... »
Du coté des pensionnaires de la MACO, la présence du Cardinal Philippe Ouédraogo parmi eux en cette solennité de la résurrection du Christ est la preuve que toute l’église famille du Burkina ne les a pas oublié. « Nous vous rassurons que nous avons compris que votre plus grand désir est de nous voir changer. Nous avons changé. Nous avons gagné en maturité et nous nous sommes résolus à ne retenir personne pour responsable de nos malheurs, mais de nous mettre nous même en question et à tout mettre en œuvre pour vous plaire et être agréable à Dieu », s’est exprimé le porte-parole des pensionnaires de la MACO. De plus, l’occasion a été donnée aux prisonniers de montrer leur gratitude au personnel de la garde de sécurité pénitentiaire à qui, ils ont présenté des excuses pour, disent-il, « nos insolences et nos désobéissances qui ne vous facilitent pas la tâche ».
Une grâce présidentielle en 2016 ?
Ils ont également égrené quelques doléances à l’autorité, lesquelles sont déjà connues par l’administration pénitentiaires. Depuis 2014 en effet, compte tenu des troubles sociopolitiques, il n’y avait plus de grâce présidentielle dans les prisons et séance tenante, le Directeur général de la Garde de Sécurité Présidentielle, a indiqué que des démarches sont déjà engagées pour que cette requête des prisonniers soit effective en 2016.
L’archevêque de Ouagadougou, lui est reparti avec une mission, celle d’intercéder auprès des autorités judiciaires pour une diligence dans le traitement des dossiers des détenus et une rétribution plus juste de leur faute.
Le Médiateur du Faso s’attaque à la surpopulation carcérale...
Le Médiateur du Faso, Alima Déborah Traoré, l’une des autorités à communier avec les détenus à l’occasion de cette fête pascale, s’est dite préoccupée par la surpopulation carcérale dans les prisons. Selon elle, la surpopulation dans les prisons est un danger en termes de défense des droits humains. « Il faut penser à résoudre cette surpopulation qui constitue un danger pour les pensionnaires, leurs encadreurs et pour la population toute entière », a-t-elle déclaré. Elle promet de prendre attache avec les autorités pénitentiaires afin de voir comment y remédier.
Après la messe, le Cardinal Philippe Ouédraogo a aussi rendu visite aux pensionnaires de la prison de haute sécurité. Il rencontrera dans la soirée les enfants de la rue avec Sant’ Egidio avec qui il est prévu un repas.
Max Junior