Ce 31 octobre 2015, les habitants de la ville de Bobo-Dioulasso étaient encore dans les rues, en rituel, pour rappeler ces années de lutte contre l’imposture de Blaise Compaoré et sa bande convertis en torpilleurs constitutionnels pour régner ad vitam aeternam au Faso.
Ces jours des 30 et 31 octobre 2014-là, tout Bobo était dans la consternation contre l’opiniâtreté du régime Compaoré, et n’avait en face qu’un bataillon de gendarmes et policiers qui n’arrêtaient pas de charger les manifestants. La cité de Sya donc, mélangée aux miasmes de gaz lacrymogène de CRS et gendarmes et les malodorants des édifices publics/privés, ainsi que des domiciles des bourreaux passés en fumées, était simplement invivable. Bobo porte encore les stigmates de cette insurrection.
Ce 31 octobre 2015, soit un an après, avec des codons de sécurité, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et le Président du CNT, Moumina Chérrif Sy en tête, les Bobolais ont arpenté le même itinéraire que la dernière marche d’avertissement, c’est-à-dire, de la place Tiéfo Amoro au Boulevard de l’Indépendance et de la révolution, avant d’arpenter d’autres rues pour se retrouver devant la Place de la mairie centrale. La seule exception, plus de pancarte hostile à Blaise Compaoré. Plus de cri du genre « Hey ». On ne demandait plus le départ de personne.
A la Place de la mairie centrale, rebaptisée « Place des martyrs », le Premier ministre a livré un message plein d’émotions à l’endroit de la population bobolaise. Il a en outre abordé les évènements qui avaient perturbé la marche de la transition, et a appelé les uns et les autres à l’unité pour la construction du Faso.
La joie des OSC...
Le baptême de la Place de mairie qui porte désormais le nom des martyrs, a été salué à juste titre par les Organisations de la société civile (OSC), par la voix du président du mois, Joseph Bado.
En effet, en mai 2014, lorsque des OSC, notamment le mouvement Balai citoyen, qui n’était encore pas en scission à Bobo, avait demandé cette place pour manifester contre la mauvaise gestion de la cité. Le maire Salia Sanou avait alors refusé l’accord de cette place de la mairie centrale en son temps, et a même ordonné de mater ces jeunes. A coup de matraques et de gaz lacrymogène, les manifestants avaient été dispersés, blessés, avec des arrestations orchestrées. D’où toute la joie des OSC de Bobo de voir cette place porter le nom des personnes tombées sur le champ de bataille contre le régime autoritaire de Blaise Compaoré et sa clique.
Hermann BAKOUAN