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Ce matin à la place de la Nation : Hommage aux martyrs des 30 et 31 octobre 2014

| 02.12.2014
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Ce matin à la place de la Nation : Hommage aux martyrs des 30 et 31 octobre 2014
© DR / Autre Presse
Ce matin à la place de la Nation : Hommage aux martyrs des 30 et 31 octobre 2014
Aujourd'hui à la place des Nations, pardon de la Révolution, et au cimetière de Gounghin, l'émotion sera au rendez-vous (voir programme des obsèques en page...). C'est en ces lieux que seront conduites sept victimes tombées sur «le champ de bataille » suite aux manifestations du 30 et 31 octobre qui ont abouti à la chute du régime de Blaise Compaoré. La levée des corps aura lieu ce matin en principe à 8 heures. La première halte sera marquée à la place de la Révolution, où il est prévu une prière œcuménique. Ensuite, suivra l'enterrement collectif au cimetière de Gounghin. Selon un bilan officiel, au total dix-neuf personnes ont trouvé la mort lors de l'insurrection populaire, et la mémoire de tous ces martyrs sera saluée à travers une journée d'hommage. Dans la seule capitale, Ouagadougou, ce bilan macabre s'établit à douze victimes dont cinq ont déjà été enterrées par leurs familles. Aujourd'hui, c'est au tour des sept autres d'être inhumées au cimetière de Gounghin. Dans cette nécropole, ils reposeront aux côtés d'illustres personnalités, parmi lesquelles le journaliste Norbert Zongo.


En attendant d'avoir les noms définitifs de tous les martyrs des 30 et 31 octobre 2014, une liste établie par le Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo circule pour ce qui concerne la capitale. Elle comprend selon l'ordre alphabétique : Aoueri Ouébidoua, Béré Inoussa, Ilboudo Ablassé, Kabré Amidou (décédé le 30 octobre et enterré le 31 octobre 2014 à Sondogo) ; Kalmogo Albert, Kambiné Joséphine (décédée le 4 novembre et enterrée le 4 novembre 2014 à Sondogo), Karambiri Gaston, Nayeté Mariam (décédée le 30 octobre et enterrée le 31 octobre 2014 à Kamboissin), Ouoba Fabrice, Patient X, Sama Issa, Wango Issouf Kibsa (décédé le 30 octobre 2014 et enterré le 1er novembre 2014 à Tabtenga).

Même si le prix humain de nos «Quatre Glorieuses» aurait été autrement plus élevé si les forces de l'ordre et de sécurité ne s'étaient pas abstenues de tirer dans le tas, on ne peut que regretter un tel dénouement, surtout que les victimes étaient toutes des jeunes à la fleur de l'âge.

Des manifestations politiques au Burkina, il y en a eu à la pelle. Et les échauffourées avec les services d'ordre ont été souvent au rendez-vous. Mais de mémoire de Burkinabè, jamais mouvement de protestation n'avait pas provoqué autant de morts. Pour la petite histoire, les manifestations du 3 janvier 1966, qui ont emporté le régime de Maurice Yaméogo, n'ont fait aucun mort.

Certes ce jour-là, les lacry ont empesté la ville, les matraques atterri sur des têtes et des crosses de fusil endolori des flancs, mais aucun coup de fusil n'a été tiré. Si bien que le mouvement s'est soldé par quelques blessés légers enregistrés au niveau de la Radio nationale. Mais revenons à nos martyrs pour déplorer cette indécente guerre de paternité des victimes. En effet, tenez-vous bien, certaines chapelles politiques n'ont pas hésité à revendiquer tel ou tel nombre de militants tombés sous les balles. Histoire de tenir la couverture de l'héroïsme. Qu'on se le dise : les vrais auteurs de cette révolution ne sont ni les regroupements politiques ni les organisations de la société civile même s'il faut saluer le formidable travail de sensibilisation, de mobilisation et d'organisations qu'ils ont abattu. Les vrais héros de cette histoire, ce sont ceux qui ont payé de leur vie pour la bonne cause. L'honneur fait à eux et à leurs familles ce matin n'est donc que mérité.

Issa K. Barr

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